176
les collections aristophil
1113
ROSTAND Maurice
(1891-1968)
poète.
3 L.A.S. « Maurice Rostand », 1920, à
Joseph BÉDIER ; 11 pages in8 à son
chiffre (deuil).
250 /300 €
Belles lettres relatives à
l’élection de Bédier
à l’Académie Française en remplacement
d’Edmond Rostand
.
Il a appris cette nouvelle avec une profonde
douceur : « Le fauteuil où j’avais vu s’asseoir
mon père, par un des plus beaux jours de
mon enfance, allait donc passer à un autre.
Quelle rupture définitive ce pouvait être avec
le passé ? [...] Son âme et sa poésie sont
toujours vivantes puisque c’est vous qui les
continuez. Vous qui avez succédé au Col-
lège de France à notre cher Gaston PARIS,
il me semble providentiel et sacré que vous
succédiez à l’Académie Française à l’écrivain
qui m’est cher entre tous ! [...] Au seuil de
ce grave hémicycle où la Mort protège les
rencontres, le poète de la
Princesse Lointaine
fait à celui du
Roman de Tristan
un geste de
bienvenue et c’est Mélissinde elle-même
qui, de son île lointaine, vient accueillir votre
impérissable Yseult »...
16 octobre 1920
, il
est à Cambo-les-Bains où il a travaillé à un
roman et à une pièce que Sarah BERNHARDT
doit créer cet hiver. Il évoque « celui dont
vous allez bientôt marquer la place dans
cette mystérieuse postérité où s’éprouvent
les vrais génies », et lui propose de venir à
Cambo, « ce farouche et triste pays [...] où
mon père conduisit Gaston Paris [...] cet
Arnaga qui est aussi un des poèmes de mon
père »... Il lui a fait envoyer une copie de
La
Princesse Lointaine
et de
La Dernière Nuit
de Don Juan
... « J’ai exprimé à Madame
Sarah BERNHARDT le désir que j’avais d’une
rencontre entre elle et vous. Il me semble
que vous aimerez l’entendre parler de mon
père [...] elle a connu, mieux que beaucoup,
la grandeur frémissante de cet être, et [...]
elle a comme frôlé, sur la scène, les ailes
de son génie dramatique
»...
On joint
2 L.A.S. de Jean ROSTAND, remer-
ciant Robert de Flers de son article sur
La
Dernière Nuit de Don Juan
, et demandant
la
Théorie mathématique du Bridge
d’Émile
Borel (1940).
1114
ROYER-COLLARD Pierre-Paul
(1763-
1845) homme politique, orateur et
philosophe [AF 1827, 8
e
f].
MANUSCRIT autographe, [1829], et 2
L.A.S. « Royer-Collard », Chateauvieux
(Loir-et-Cher) 1836-1837, au duc
DECAZES ; 1 page in-4 et 4 pages et
demie petit in-8, une adresse.
250 / 300 €
[2 février 1829]
. Discours prononcé au
moment de prendre la présidence de la
Chambre des Députés (annoté par Louis
Aimé-Martin). « Le choix du Roi et vos suf-
frages m’ayant appellé encore une fois à
l’honneur éminent de présider cette chambre,
je dois obéir […]. J’ai trop éprouvé mon
insuffisance pour ne pas me défier de mes
forces »…
21 septembre 1836
. Il approuve le jugement
de Decazes sur le nouveau cabinet ; il sou-
haite voir revenir Montalivet et surtout Thiers,
« l’homme nécessaire de la révolution de
juillet »…
25 juillet 1837
, évoquant un pro-
chain remaniement ministériel. « Il n’est pas
au pouvoir du gouvernement de ranimer
la chambre vieillie […] ; il n’est plus en son
pouvoir d’établir devant elle un ministère qui
dure un mois »…
On joint
une L.S. comme président de la
Commission de l’Instruction publique (1818) ;
et un portrait.
1115
RUEFF Jacques
(1896-1978)
économiste [AF 1964, 31
e
f].
MANUSCRIT autographe signé
« Jacques Rueff » ; 30 pages in-4.
300 / 400 €
Article d’économie publié dans
La Nef
, n° 19,
juin 1953, numéro spécial :
Le Franc, mythe et
réalité
. En exergue figure une citation d’Edgar
Faure. L’introduction se moque doucement
de l’« autorité tutélaire » de ce numéro, pour
lequel ou lui a demandé de présenter « “une
critique systématique, du point de vue de
l’économie libérale, de la théorie du nouveau
contrat social”. C’était présumer que j’étais
à la fois critique, systématique et libéral »…
On joint
une L.S. et 2 cartes a.s. [à François
de Flers], lui donnant ce manuscrit pour sa
collection.
1116
SACHS Maurice
(1906-1945).
L.A.S. « MS », [1936], à son cher
Jacques ; 2 pages in8, en-tête
Librairie Gallimard
.
250 / 300 €
Spirituelle lettre sur l’Académie Française
et Paul Morand
.
« Les 38 académiciens (ou 36 ou 37 comme
les carpes de Fontainebleau, on ne sait jamais
combien ils sont ni quel âge ils ont vraiment)
[...] ont reçu paraît-il récemment un volume
sur l’art égyptien
écrit par un certain Edgar
[...] préface de Paul Morand. Mais la surprise
des académiciens est née (renée comme la
nouvelle) en trouvant dans le dit volume (ah
quelle différence avec l’exquise amabilité
de M. Champollion) des cartes de visite (?)
qui portaient d’étranges suscriptions. L’un
d’eux qui a eu l’honneur d’être l’intime du
cardinal de Richelieu et le plaisir de pousser
la porte de l’Académie (le jour où les peintres
avaient fini les lambris) m’a communiqué ces
cartes étranges. Les 37 autres ont interdit à
leurs gouvernantes de recevoir M. Morand
lorsqu’il viendrait se montrer à l’huis et dire
“voulez vous de moâ”. Encore une belle
carrière qui tourne court ! ». Et Sachs ajoute
que la carrière de Morand est plutôt une
« marnière ».