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les collections aristophil
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SAINTE-BEUVE Charles-Augustin
(1804-1869) [AF 1844, 28
e
f].
L.A.S. « Ste Beuve », dimanche
[mars 1844] ; 4 pages in-8 (portrait
lithographié joint).
400 / 500 €
Sur sa candidature à l’Académie française
(il sera élu le 14 mars 1844).
Il remercie son correspondant de sa « bonne
& cordiale parole d’hier », mais réfute l’im-
putation. « Non, je n’ai fait aucune stipula-
tion avec personne. M Campenon mort,
j’ai déclaré que je ne me présentais pas,
parce que, sans des chances prochaines, il
me semblait insupportable de m’établir en
candidature permanente. Si j’avais voulu
arriver à une stipulation, je me serais mis en
campagne, j’aurais formé un noyau plus ou
moins considérable, et je ne me serais désisté
que moyennant arrangement et conditions.
Or j’ai fait tout le contraire : dès le premier
jour j’ai dit
non
et me suis tenu dans ma
chambre ». Saint-Marc Girardin, dont il aurait
pu empêcher l’élection, est venu le remercier
pour ses bons procédés... « Quant à ma
candidature actuelle, je ne m’y suis décidé
que parce qu’il m’importe d’éclairer cette
situation gênante dans laquelle je suis sur le
seuil et presque logé dans le mur de l’Aca-
démie ». Suivent des explications sur les voix
qu’il a recueillies, sans pour cela mettre en
jeu ni sa dignité ni sa fierté...
On joint
une L.A.S., [31 mars 1840], à Mme
Lacroix au sujet d’une loge pour la pièce
de George Sand
Cosima
; et une L.S., 16
décembre 1868, à propos de l’Académie.
Plus un exemplaire des
Discours prononcés
dans la séance publique tenue par l’Aca-
démie Française pour la réception de M.
Sainte-Beuve le 27 février 1845
(Typographie
de Firmin-Didot frères, 1845), rel. demi-ma-
roquin rouge à coins (
ex-libris
Philippe Kah).
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SAINTE-BEUVE Charles-Augustin
(1804-1869) [AF 1844, 28
e
f].
2 L.S. « Ste Beuve » en partie
autographes, 1858-1864, à Adèle
HUGO ; 3 et 2 pages in-8.
500 / 700 €
Deux belles lettres à Madame Victor Hugo
.
28 juillet [1858]
… « Je me rappelle un temps
bien lointain où nous faisions avec lui [HUGO]
le projet presque fabuleux de quitter Paris
et d’aller habiter je ne sais quel domaine
champêtre du côté du Rhin : c’était au temps
des grandes rêveries lyriques et avant qu’il
songeât à la lutte présente du théâtre. Com-
ment, après des années, après trente ans,
cette absence, cette émigration de Paris,
s’est-elle accomplie dans des conditions
et sous des étoiles si différentes ? L’inspira-
tion lyrique, certes, y a gagné, et au point
de vue de l’avenir, le poète (pour ne parler
que de lui) paraîtra s’y être retrempé à des
sources puissantes bien qu’amères. […] j’ai
fait dès longtemps mon deuil de tout vrai
plaisir. Excepté cette grande table, toute
chargée de plusieurs couches de volumes,
je n’ai pas de distractions et n’en veux pas
et n’en conçois plus. […] Quoique les mêmes
pensées de déclin et de terme doivent être
pressenties de tous à de certains âges, elles
sont heureusement corrigées et sauvées
pour ceux qu’entourent à chaque instant
des affections et des liens. C’est ainsi que
les extrêmes fins d’automne peuvent être
riches encore, et qu’on arrive à l’hiver avec
une provision de chaleur et de cordialité qui
chez d’autres est dès longtemps épuisée »...
30 juillet 1864
. La lettre est destinée à ali-
menter la suite de
Victor Hugo raconté par
un témoin de sa vie
. Il fait le portrait de l’aca-
démicien DUPATY : « Cet excellent homme,
à qui Alfred de MUSSET a succédé en 1852,
était légèrement comique. Il était resté tout
à fait de sa date première, le jeune homme
de 1800, passé de la marine où il était aspi-
rant au vaudeville et à l’opéra-comique [...]
Sa prétention, plus tard, a été d’avoir été
persécuté, et il a voulu devenir un homme
sérieux, un citoyen, capitaine de la garde
nationale »... Sous la Restauration il se posait
en Tacite... Sainte-Beuve raconte quelques
petits ridicules de ce poète, en visite chez
Mme RÉCAMIER ou aux séances de l’Aca-
démie, et sa manie de réciter ses propres
vers aux candidats qui allaient lui demander
sa voix...