1032
1034
122
les collections aristophil
1032
MAUROIS André
(1885-1967) [AF
1938, 26
e
f].
MANUSCRIT autographe signé
« André Maurois »,
Saint-Ex
, [1944] ;
1 page et demie in-4 sur 2 feuillets
lignés perforés, nombreuses ratures
et corrections.
400 / 500 €
Bel hommage à son ami SAINT-EXUPÉRY
lors de sa disparition
.
Il raconte son dernier dîner entre amis avec
Saint-Ex, en Algérie, au bord de la Méditer-
ranée : « il avait été très gai, avec des alter-
nances d’enfantillage et de génie, faisant un
tour de cartes, chantant une chanson, puis
décrivant, en technicien du langage de la
machine, un nouvel avion américain. Tous
l’avaient écouté avec un mélange […] d’émo-
tion et d’affection. Quiconque le rencontrait
l’aimait ». Il peint ensuite un admirable portrait
de son ami : « Il y avait, dans la lourdeur des
traits, un solide bon sens très français, et dans
la lumière des yeux une poésie rayonnante.
Le soir il était heureux parce qu’il venait
d’obtenir, malgré son âge, d’être autorisé
à voler encore. J’étais bien loin de penser
que je ne le reverrais plus. […] J’aimais cette
vigueur, cette sagesse, cette fantaisie. J’avais
confiance. Tous avaient confiance. C’était
trop beau pour durer »… Maurois donne le
témoignage d’un homme qui était en esca-
drille en Corse et en Italie avec lui, et qui
raconte le récit de sa disparition en mer,
l’attente terrible de ses camarades : « C’était
comme un roman de Saint-Ex parce que le
grand sentiment était présent, sans emphase
aucune, parce que Saint-Ex, par une naturelle
destinée, était devenu l’un de ses propres
héros »… On se prend à espérer de le voir
réapparaitre : « La France a si grand besoin de
vous, Saint-Ex, vous n’allez pas nous lâcher
au moment où l’on arrive au but. [..] ce sont
des hommes comme vous […] qui peuvent
faire l’union des Français. Vous n’allez pas
nous lâcher, Saint-Ex. Et d’ailleurs comment
serait-ce possible ? nous avons vos livres,
vos lettres, votre souvenir […] nous entendons
cette voix qui, d’un ton fraternel, et si simple,
nous dictait, et nous dictera, notre devoir ».
On joint
2 L.A.S. et 1 L.S. à Jean de Pierrefeu
(1923), Jacques Le Pesqueur (1938), etc.
1033
MAUROIS André
(1885-1967) [AF
1938, 26
e
f].
MANUSCRIT autographe signé
« André Maurois »,
Anatole France
,
[1954] ; 2 pages et demie in-4 remplies
de sa petite écriture, avec ratures et
corrections.
350 / 400 €
Bel éloge d’Anatole France pour le tren-
tième anniversaire de sa mort (1954)
.
Maurois se réjouit de voir l’œuvre d’Anatole
FRANCE quitter enfin le purgatoire où elle
était confinée. Il explique que dès l’adoles-
cence, il a aimé « son humanisme, sa pro-
fonde connaissance des anciens auteurs, son
ironie et sa pitié », et s’il préférait le style de
BARRÈS, « l’intelligence de France me sem-
blait plus rigoureuse ». Son scepticisme et
son humour masquaient un cœur passionné
et un militantisme efficace. Maurois évoque
ensuite les deux livres les plus importants de
l’écrivain,
L’Île des Pingouins
et
Les Dieux ont
soif
qu’il considère comme un chef-d’œuvre,
et invite à relire Anatole France...
On joint
le tapuscrit corrigé.
1034
MAUROIS André
(1885-1967) [AF
1938, 26
e
f].
MANUSCRIT autographe signé
« André Maurois », À
quoi sert
l’Académie Française ?
, 1959 ;
2 pages in-4, sur papier ligné avec
ratures et corrections.
400 / 500 €
Répond à une enquête de la revue
Arts
. Pour
lui, cette institution tricentenaire « établit un
lien ininterrompu avec les gloires passées
de la nation. Que Victor Hugo ait occupé le
fauteuil de Corneille est un symbole.
Il serait
aussi sot de détruire l’Académie Française
que de détruire le Louvre
». Son travail est
de maintenir et défendre la langue, et son
dictionnaire « reste l’arbitre des grammai-
riens », mais elle a aussi une valeur morale
et sociale, au travers des fondations qu’elle
administre. Elle donne à ses écrivains et
savants une place éminente dans l’État,
même si elle n’a pas toujours su choisir
les meilleurs. Maurois aimerait y voir un
entrer « un cinéaste comme René Clair, des
hommes d’action comme Louis Armand ou
Baumgartner, un grand politique, un homme
d’église qui serait aussi un homme de lettres,
des savants, peut-être un musicien comme
Auric, Poulenc ou Milhaud ». Il conclut en
disant son plaisir d’appartenir à cette com-
pagnie et « à retrouver chaque jeudi nos
amis en des lieux vénérables, dans le plus
beau décor du monde et au bord d’un fleuve
chargé d’histoire. Et à
travailler
surtout ».