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Littérature
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BARBEY D’AUREVILLY Jules
(1808-1889).
MANUSCRIT autographe signé « J.
Barbey d’Aurevilly »,
Bibliographie.
HOFFMANN et ses Contes
Posthumes, par M. CHAMPFLEURY
,
[1856] ; 6 pages in-fol. découpées
pour l’impression et recollées au
recto et verso de 3 feuillets in-fol.
1 500 / 2 000 €
Bel article critique sur E.T.A. HOFFMANN
.
Cette étude, publiée dans
Le Pays
du 2 juillet
1856, a été recueillie dans
Les Œuvres et
les Hommes
, t. XII,
Littérature étrangère
(Lemerre, 1890).
Le manuscrit est écrit alternativement à
l’encre bleue et rouge. Il présente quelques
ratures et corrections. Les feuillets ont été
remontés en désordre, mais le manuscrit
est bien complet.
Après avoir fait l’éloge du travail de
CHAMPFLEURY, Barbey d’Aurevilly déclare :
« À notre sens, M. Champfleury tire de
son travail sur l’honneur d’Hoffmann des
conclusions entièrement contraires à la vérité
de cet homme qui a été exagéré comme
tout ce qui nous est venu d’Allemagne
depuis trente ans et qui passera, quoiqu’il
soit un conteur et un fantastique, tout autant
que s’il était un philosophe. HOFFMANN,
l’engoûment d’une époque qui aime la fumée
de cigarre et qui s’est mise à grignoter du
Hatschisch pour se donner des sensations,
ne durera pas plus que ces fantastiques
d’un autre genre, – Fichte et Hégel ! » Pour
Barbey, Hoffmann est un « malade », un
« ivrogne titubant et mélancolique », dénué de
la « puissance terrible » d’Edgar POE, un fruit
de la « Révolution de la fin du siècle » qui avait
« excité jusqu’à la douleur le système nerveux
de l’Europe ». Barbey juge très sévèrement
les nouveaux contes publiés par Champfleury,
ainsi que le « fantastique » d’Hoffmann qui
« demeure à l’état subjectif et vague »... Et il
conclut : « Hoffmann n’est que la fleur d’un
jour. Venu par la fantaisie, il s’en retournera
par la fantaisie, rien ne pouvant vivre en
dehors des lois arrêtées et inflexibles du
beau et l’art, après tout, n’étant pas si grand.
Hoffmann brumeux et maladif (ce sont ses
titres, selon M. Champfleury au respect des
hommes, moi j’aurais dit à leur pitié) aura
le sort des brumes et des maladies. Ni les
unes ni les autres ne sont faites pour durer
longtemps. La Postérité n’aura pas besoin de
briser de sa main sérieuse le verre vide où
cet agaçant harmonica aura vibré. Il n’y a pas
d’exécution contre les Nuées & les fantômes.
Naturellement et sans qu’on le cherche, on
éprouve quand on a lu ce dormeur éveillé
un effet analogue à l’effet de ces songes qui
sont encore quelque chose au réveil et qui
finissent bientôt par se ronger et n’être plus ! »
Anciennes collections Roger MONMÉLIEN
(cachets encre ; 1974, n° 170) ; puis Daniel
SICKLES (XIII, 5192).
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BARBEY D’AUREVILLY Jules
(1808-1889).
L.A.S. « Jules Barbey d’Aurevilly »,
[1860, à son éditeur Achille
BOURDILLIAT] ; 2 pages in-8 à l’encre
rouge (petite fente réparée).
600 / 800 €
Barbey d’Aurevilly intervient auprès de son
éditeur pour lui recommander chaudement
l’écrivain Prosper VIALON (1817-1873).
« Monsieur et cher Éditeur, J’aurais voulu
donner le bras à Madame Viallon qui
vous portera cette lettre, mais ce que je
dirais devant elle, je veux vous le dire ici
de son mari,
Prosper Viallon
, qui m’a prié
de la mettre en rapport avec vous. Je la
chaperonne donc, et je vous assure que
c’est un faucon de bonne race. Il a écrit au
Pays
et il a écrit partout. Il a le mouvement
dramatique, l’intérêt, la chaleur, ce qui prend
le plus aux cheveux le public, et quelque fois
aux Entrailles. Si j’étais M
r
Bourdillat, moi, je
l’éditerais ! Quand un homme a dit à un autre
homme tout ce qu’il ferait à sa place, il a tout
dit. Mais permettez moi d’ajouter que si vous
faites une affaire avec M. Viallon (et je crois
qu’elle sera bonne pour tous les deux) vous
m’aurez fait un grand plaisir. Adieu, – et Nos
Prophètes
? »… [Il s’agit de la seconde édition
de son livre
Les Prophètes du passé
(parue
en 1860 chez Bourdilliat éditeurs)].