401
400
90
les collections aristophil
400
ANDERSEN Hans Christian (1805-1875).
L.A.S. « H.C. Andersen », Oldenburg 1
er
octobre 1846, à
Carle Olivier von BEAULIEU-MARCONNAY à Weimar ; 2
pages in-4, adresse (le feuillet d’adresse a été séparé de la
lettre, fentes aux plis un peu réparées) ; en allemand.
2 000 / 2 500 €
Longue et intéressante lettre littéraire
.
[Karl Olivier von BEAULIEU-MARCONNAY (1811-1889), diplomate,
administrateur et littérateur allemand, dans le grand-duché de Saxe-
Weimar, était en relations avec de nombreux et écrivains européens ;
dans l’été 1844, il avait reçu Andersen chez lui à Weimar.]
Il pense souvent à lui, qui est devenu comme un frère pour lui, et
espère le retrouver content et heureux quand ils se reverront. Il prend
sincèrement part à son bonheur, et espère bien pouvoir une fois aller
à Weimar saluer Mme Beaulieu et lui raconter les Petites Histoires !
(« die Kleinen Geschichten erzählen ! »)… Il a reçu à Leipzig la lettre en
provenance d’Angleterre qui était bien, comme Beaulieu le pensait,
de Mary
HOWITT (1799-1888)
, pour savoir s’il accepterait d’écrire
quelque chose sur son propre livre
Ahasverus
(drame philosophique)
pour le journal de son mari : Mme Howitt lui explique à quel point ses
écrits sont appréciés en Angleterre, et elle aimerait qu’il vienne pour y
rencontrer ses lecteurs (« sie machte mir ein Anbietung, wenn ich etwas
von meiner Buch Ahasverus für den Journal Ihres Mannes schreiben
sollte, aber das geht nicht, der sonst will so was nicht erlauben. Die
Howitt erzählt, mich wie beliebt meine Schriften sind in England und
will, daß ich dahin kommen sollte, alle meinen Freunden kennen zu
lernen ») ; mais il s’apprête à partir pour le Danemark, partant dès le
lendemain, en passant par Brême et Hambourg. Son Roi se montre
très clément envers lui ; il a reçu une lettre de Collin contenant le
ruban de l’Ordre du Dannebrog, le Roi l’ayant nommé Chevalier de
l’Ordre du Dannebrog. Comme il aime beaucoup son Roi, ce geste
de bonté l’a profondément réjoui (« Mein König ist mir sehr gnädig
gewesen, gestern bekam ich Brief von Collin und im Brief lag das
Dannebrogs Band, der König hat mich, ich glaube sein Geburtstag, zu
Danebrogs Ritter ernannt, jetzt feßlen mir je Deutschen Hand, dänisch
“Hände” ; Wie Sie wissen, ich habe persöhnlich mein König sehr lieb
und Sie verstehen, denn das dieses Zeichen seiner Güte machte mir
Freude. »)… Il a appris par les journaux que l’assemblée des écrivains
(« die Schriftsteller Versammlung ») avait été annulée. LAUBE a selon
lui manigancé tout cela ; cela l’exaspère, car il trouvait bien que cette
réunion se déroulât à Weimar… à Oldenburg tout va bien, bien que
sa santé pâtisse de l’air trop lourd. Il a tenté une randonnée jusqu’à
Jerndorff, mais la distance est trop grande. Le voyage en train de
Leipzig à Braunschweig était également trop loin : il doit correctement
geler en hiver pour devenir plus fort (« ich muß ordenlich einfrieren
imWinter um startk zu werden »). Il a été très bien accueilli un soir au
bureau de poste d’Oldenburg par Eisendecher et par le bon et cher
Alexandre, qui est extrêmement cordial et amical et qui rit de si bon
cœur, qu’Andersen, en tant qu’auteur de comédie, voudrait l’avoir
au théâtre à chaque fois qu’on joue une de ses pièces (« er seht ganz
blühend aus und lacht so prachtvolll, dass ich als Lustspieldichter ihm
wünschte im Theater immer wann mein Lustspiel gegeben würde ») ;
il parle avec un fidèle attachement de son frère à Weimar... Le théâtre
doit rouvrir dimanche avec le
Faust
de GOETHE, mais Andersen sera
déjà loin, une nouvelle comédienne qui ne s’est encore jamais produite
sur scène joue Gretchen et le célèbre dramaturge
RÖSCHER
, son
professeur, est attendu à cette festivité. Les soldats sont revenus du
camp hier : Edmond est devenu très hagard, mais joliment tanné ;
c’était très aimable, mais il y a une profonde mélancolie dans son
visage, il souffre, et Andersen comprend cette douleur …