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Littérature

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LAMARTINE Alphonse de

(1790-1869).

L.A.S. « Lamartine », Paris 18 juin 1862,

[à Madame Victor HUGO] ; 3 pages

in-8.

400 / 500 €

À propos des

Misérables

.

[Lamartine voulait consacrer aux

Misérables

des « Entretiens » de son

Cours familier de

littérature

, et avait demandé l’avis de Victor

Hugo, qui lui donnera carte blanche le 24

juin.]

« Madame et illustre amie J’attendrai la

réponse d’Hugo avant de payer mon tribut

rapide à son étonnant ouvrage et de faire ma

critique sur la

critique radicale

de la société

qui n’est pas mon système. Je ne voudrais

pas même en qualité de fidèle ami avant

tout système écrire un mot contre quelques-

unes de ses idées. Dites-lui bien de ne pas

me considérer dans sa réponse. Quant aux

vers pour la charmante composition hélas !

je crains de ne pas trouver la minute et non

l’inspiration au milieu de la crise effroyable de

banqueroute contre laquelle je lutte en vain

dans les derniers paroxismes des difficultés

mortelles. Comment chanter sous la roue ?

Cependant je tente encore une dernière

aventure dans une loterie à 25 centimes et

si je réussis j’aurai un moment de repos et

mes premiers vers seront pour la fille de

mon ami »…

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LAMARTINE Alphonse de

(1790-1869).

L.A.S. « Lamartine », Paris 7 juillet

1862, à Victor HUGO ; 2 pages in-8.

500 / 700 €

Belle lettre sur

Les Misérables

.

« Je n’ai cessé de crier

avez-vous lu Baruch ?

L’idylle de la rue Plumet efface le siècle !

J’ai

été ravi. Là point de critique mais adoration

et larmes. Je ne réponds pas à votre lettre si

ce n’est par l’éternelle et organique pensée

de la séparation de l’idéal et du fait — loi de

Dieu autre que simple

force des choses

. Or

c’est Dieu qui a raison. Mais il ne s’agit pas de

cela il s’agit d’enthousiasme pour l’écrivain.

Ces quatre derniers volumes sont un chef-

d’œuvre à mes yeux. Si je reconquiers un

instant de loisir et de paix d’esprit je le dirai.

Comme vous dites nous avons quarante ans

de loyale amitié, jamais nous ne marcherons

dessus. Mille amitiés encore d’autant plus

fidèles qu’elles ont vieilli sans se corrompre !

L’amertume est une maladie des mauvais

vins »...

Hugo a inscrit en tête un « R », montrant

qu’il a répondu.

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LAMENNAIS Félicité de

(1782-1854).

L.A.S. « F. de la Mennais », La Chenaie

16 mai 1834, à Franz liszt à Paris ;

1 page et demie petit in-4, adresse

(fente au f. d’adresse).

600 / 800 €

Très belle lettre répondant aux transports

de Liszt, lecteur des

Paroles d’un croyant

.

« Que votre lettre, mon cher enfant, m’a

été douce et qu’elle m’a fait du bien ! Mon

cœur a tant besoin de s’appuier sur d’autres

cœurs, sur des cœurs qui le comprennent

et le sentent ! Aimer n’est pas seulement le

parfum de la vie, mais la vie même. Aimons-

nous donc sur cette pauvre terre, aimons-

nous jusqu’à la fin, pour nous aimer encore

après dans la vie véritable, là où rien ne finit

plus »… Il se réjouit d’avance de sa visite

avec Joseph d’Ortigue et Sainte-Beuve,

et voudrait que Montalembert, dont l’âme

est triste, pût se joindre à eux... « Qui ne

souffre point dans ces temps de bassesse

et de lâchetés ? Je serais bien heureux,

mon enfant, si les

Paroles

qui vous ont ému

pouvaient aussi en émouvoir d’autres, si

Dieu leur donnait puissance pour réveiller

les âmes assoupies, pour remuer au fond

des entrailles du peuple quelques sentimens

généreux, des résolutions grandes et fermes

et de salutaires espérances d’avenir. Quoi

qu’il arrive, j’ai foi au triomphe de l’humanité.

Le mauvais passé, le passé aride, ténébreux,

haineux, oppresseur, aura beau se débattre

contre sa destinée, il sera vaincu sans retour.

Le christianisme affranchi tuera tout ce qui

a déshonoré le christianisme, tout ce qui a

foulé, broyé et fait gémir la terre en son nom.

Sa tâche n’est point accomplie encore, il ne

fait que de naître, et, dans les secrets divins

qu’il renferme, sont cachés pour l’homme des

trésors d’amour, de lumière et de bienfaits

que le temps ouvrira. Croyons, travaillons,

combattons, sans jamais nous lasser, sans

nous décourager jamais, et si notre carrière

de soldat est rude, il y aura pour nous un

repos glorieux et de grandes joies dans la

tombe »…