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les collections aristophil
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LOUŸS Pierre (1870-1925).
L.A.S. « Pierre », Montigny s/Loing 31
mai-1
er
juin 1896, à son frère Georges
LOUIS ; 8 pages in-8 (traces de rouille
à la 1
ère
page, fente au pli intérieur).
400 / 500 €
Après la publication d’
Aphrodite
, Pierre
Louÿs se détend à la campagne
.
Il évoque le séjour de son frère au Caire,
et donne des nouvelles familiales. Il écrit
« sous un treillage très “environs de Paris”,
à Montigny, près de Marlotte. Je suis là
avec André
LEBEY
, Jean de
TINAN
et
quelques jeunes filles sans mœurs. Tout le
pays est plein de littérateurs idéalistes et de
peintres quattrocentristes qui sont un peu
rasants ; mais on les évite. J’ai été ce matin
à Fontainebleau à bicyclette à travers toute
la forêt pour acheter des cigarettes, et en
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LOUŸS Pierre (1870-1925).
L.A.S. « P », [14 octobre 1898], à
Claude
DEBUSSY
; 3 pages in-8 à
l’encre violette, enveloppe (timbre
découpé).
1 000 / 1 500 €
À propos d’une conférence sur les
Chansons de Bilitis
qui devrait être
accompagnée par les mélodies de Debussy
.
passant devant une grande librairie religieuse,
j’ai vu ce symptôme curieux :
Rome
exclu de
la devanture (sans doute parce que
ZOLA
est
à l’index), mais au centre des deux vitrines et
sur les deux seuls chevalets spéciaux :
Une
Idylle Tragique
et
Aphrodite
. – Est-ce assez
précieux de n’être connu qu’à moitié ! »
Le succès d’
Aphrodite
a entraîné des
propositions mirifiques. Pierre Louÿs est
stupéfait que toutes ses conditions soient
acceptées par Xau, le directeur du
Journal
:
un article de tête tous les 15 jours, grassement
payé. En outre, la Collection Guillaume
illustrée souhaiterait publier un de ses contes,
sa traduction de Lucien, ainsi qu’
Aphrodite
tirée à 10 000 exemplaires. L’argent afflue
tout d’un coup : « Je suis surpris, et un peu
dégoûté de voir qu’on traite des affaires de
littérature comme on vendrait du ciment
ou du corned-beef ; mais je ne suis pas
en situation de dédaigner tout cela […] On a
vendu jusqu’ici 10 500 exempl. d’
Aphrodite
(19 éditions de 550). Les revendeurs sont
convaincus qu’on doublera le chiffre avant la
fin de l’année ». On a publié un article sur leur
famille. « Dans la
Frankfürter Zeitung
, longue
étude de deux feuillets sur
Bilitis
; avec 20
chansons traduites. – Au fond, excellent »…
Il est content d’être à la campagne : « la
terrasse de bois d’où je t’écris domine le
Loing à hauteur d’homme ; l’eau est très
claire et cependant verte, pleine de mousse,
d’iris jaunes et de reflets d’arbres. – Le temps
est admirable et doux ; je n’ai sur le corps
qu’un maillot blanc de cycliste et une culotte
idem, sans linge. Il y a eu toute la journée
dans l’air, des cloches, des chants d’oiseaux
et un bêlement de chèvre attachée »… La
lettre se conclut sur une phrase désabusée,
où Pierre Louÿs exprime la distance qui le
sépare de cette agitation provoquée par le
succès littéraire : « Je ne peux jamais être
heureux huit jours de suite, sinon seul ».
Mille lettres inédites de Pierre Louÿs à
Georges Louis
, p. 209 (n° 116).
Catalogue
Pierre Louÿs
(Librairie Jean-
Claude Vrain, 2009, n° 194).
[C’est en 1897 que Debussy avait composé
ses trois mélodies pour voix et piano à partir
des
Chansons de Bilitis
, premier grand
succès littéraire de Louÿs.]
Après une amusante citation en exergue
d’Alphonse Allais, Louÿs parle d’Achille
SEGARD, « qui va conférencier sur Bilitis
dans huit jours », et qui « demande 1° si
tu consentiras à accompagner toi-même
la célèbre cantatrice. 2° Qui elle est, cette
célèbre cantatrice. – C’est
très pressé
. […]
il préfèrerait que tu la prisses à l’Opéra-
Comique où tes puissantes relations mettent
vingt femmes sous tes sandales. Car – il
paraît que le public est exclusivement attiré
par le nom des interprètes et que la salle
changera du tout au tout selon qu’on lui
offrira M
elle
Marie Michu ou M
elle
Calvé. Je
le crois aussi. Legard insiste dans le sens
de Georgette
LEBLANC
. Je lui ai dit que
ce n’était “pas ça du tout”. […] Connais-tu
une autre illustrissime serinette et veux-tu
la séduire par quelques paroles ailées ? »
En post-scriptum, il ajoute : « Adresse de
q.q. jolies cantatrices : 12 rue Chabanais ».
Claude Debussy,
Correspondance
(éd. F.
Lesure & D. Herlin), p. 423 (1898-46).
Catalogue
Pierre Louÿs
(Librairie Jean-
Claude Vrain, 2009, n° 454).