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les collections aristophil
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LOUŸS Pierre (1870-1925).
MANUSCRIT autographe, [
Roman
libre
] ; 136 pages in-8 (202 x 130 mm)
écrites au recto, montées sur onglets
et reliées en un volume in-8 demi-
maroquin rouge vif à bandes, filet
doré aux mors, dos lisse, titre doré,
tête dorée, doublures et gardes de
papier moucheté doré, étui bordé
(
Marot-Rodde
).
20 000 / 25 000 €
Important manuscrit d’un roman érotique
inédit inachevé
.
Le manuscrit est écrit à l’encre violette de
la belle calligraphie de Louÿs au recto de
feuillets de papier filigrané
Joyson Superfine
,
comprenant :
Préface
(2 pages chiffrées I-II) ;
Préface
[signée
Les éditeurs
] (1 page non
chiffrée), et 133 pages (chiffrées 1-133) pour le
roman, sans titre et resté inachevé. On relève
une centaine de ratures et corrections, ainsi
que quelques ajouts. La première page est
légèrement salie avec quelques très légères
rousseurs ; le reste est en parfait état.
Le roman, qui fait songer à
Trois filles de
leur mère
, chef-d’œuvre du genre, dont il
est très proche dans l’inspiration et l’écriture,
est précédé de deux préfaces qui ont été
publiées par Jean-Paul Goujon dans
l’Œuvre
érotique
de Pierre Louÿs (« Bouquins »,
Robert Laffont, 2012, p. 321-322) ; il donne
la date « vers 1910 ».
La première préface est celle de l’auteur :
« L’auteur de ce livre ne le publiera que si la
réflexion le lui conseille. En tant que poëte
et romancier il serait fort embarrassé de
juger lui-même quel rang il occupe entre
ses confrères vivants, ayant aussi peu de
goût pour ses propres œuvres que pour
celles de ses voisins et ne sachant aimer
que les livres des morts. Mais il n’ignore pas
que depuis trois siècles – depuis qu’il existe
en France une littérature secrète – un seul
livre de prose a été achevé par un homme
capable de choisir un mot, de former une
phrase et de composer un paragraphe :
les
Tableaux des Mœurs du Temps
, vers 1760. Et
si l’auteur des pages qui suivent ne prétend
à aucune place entre ses contemporains, il
ne se fait pourtant pas l’injure de comparer
ce livre-ci à ceux qui ont été publiés sous
le manteau depuis 1800 ».
La seconde préface, signée « les éditeurs »,
rappelle le ton de son
Manuel de civilité
:
« Il n’est point d’institutrice qui n’ait constaté
ceci : – Une petite fille de dix à quinze ans,
à qui l’on présente une pine ou un con,
rougit par la vulve et non par la joue. Au
lieu de baisser les yeux, elle lève sa jupe ;
et, sitôt qu’elle est pubère, au lieu de verser
des pleurs elle répand du foutre. La nature
est ici contraire à la morale. Les directrices
des maisons d’éducation, qui depuis dix ans
lisent ces contes en classe après avoir dit
sévèrement : “Mesdemoiselles ! vos mains
sur la table !” se sont toujours félicitées de
ce modeste ouvrage. Il ne nous appartient
pas ici de dire pour quelles raisons. »
Le roman est divisé en cinq chapitres. Il
commence ainsi :
« L’année où j’eus vingt quatre ans, l’amiral
d’Olle me nomma professeur de morale
auprès de ses deux filles.
Il ne me connaissait pas. Certaines
recommandations et une brève
correspondance avaient décidé de mon
sort. Le jour où j’arrivai en sa terre de Fagelle,
l’institutrice des jeunes filles, M
lle
[Christine
biffé
] Esther, me reçut à la porte et me fit
entrer aussitôt dans un petit salon fermé.
“Monsieur, me demanda-t-elle, savez-vous
que l’amiral est gâteux ? […] Gâteux, c’est
trop dire. Pas encore. Mais ses facultés
intellectuelles ont beaucoup baissé. Enfin ce
n’est pas un homme comme tout le monde.
Il ne peut pas dire une phrase sans lâcher un
gros mot. […] Mais ses filles se sont amusées
de cette petite manie qui n’était qu’un tic, et
voyant que leur père baissait, qu’il perdait
même le jugement, elles ont imaginé de dire
les mêmes gros mots que leur père et non