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Exemplaire enrichi de 3 photographies de Gustave Le Gray
dont un autoportrait dédicacé
Plusieurs des albums connus ont été enrichis de photographies et pièces ajoutées, et c'est le cas de celui-ci qui en
comprend
6
:
2
photographies montées dans le corps du recueil,
3
photographies montées sur un feuillet liminaire, et
une photographie jointe sur un feuillet volant.
Le Gray
(Gustave).
Autoportrait
(f.
16
r°),
263
x
205
mm, sans timbre humide, traces de colle sur le support.
Envoi
autographe signé de Gustave Le Gray
à l'encre sous le tirage, «
au général de Wimpffen...
» (
Gustave Le Gray,
n°
161
, reproduction n°
98
p.
86
). —
Le Gray
(Gustave).
Léon Maufras
(f.
17
r°),
324
x
251
mm, sans timbre humide,
infimes traces d'encre sur le tirage, traces de colle sur le support.
Envoi autographe signé de Léon Maufras
à l'encre
sous le tirage, «
au général de Wimpffen...
». Ami et premier biographe de Gustave Le Gray, qui prit plusieurs portraits
de lui, l'avocat Léon Maufras le conseilla dans ses affaires, écrivit un article en sa faveur dans le premier numéro du
Monte-Cristo
d'Alexandre Dumas, et lui servit de procureur en France quand il quitta le pays (
1860
). Léon Maufras
mourut prématurément en décembre
1861
. —
Le Gray
(Gustave).
Balthasar Alban Gabriel de Polhes
(tirage sur
papier ovale),
249
x
183
mm, timbre humide en majuscules romaines au nom de Gustave Le Gray encré rouge, montage
sur bristol volant de format plus réduit que les feuillets de l'album. Futur général, Balthasar Alban Gabriel de Bonnet
Maurelhan de Polhès était alors colonel commandant le régiment des zouaves de la Garde impériale.
Les
3
autres photographies ajoutées, d'auteurs différents, sont toutes montées en tête sur le f.
3
r° : Le Prince Impérial enfant sur
cheval de bois,
145
x
104
mm sur feuillet de format
207
x
135
mm, retouches à l'encre noire. Signature à l'encre sur le tirage :
«
Mayer f
[rè]
res, s
[uccesseu]
r Pierson
».—L'impératrice Eugénie,
168
x
111
mm. Signature à l'encre sur le tirage «
Mayer f
[rè]
res, s
[uccesseu]
r Pierson
».—Le Prince Impérial nourrisson, d'après un dessin, tirage sur papier ovale,
193
x
150
mm.
Gustave Le Gray, un des acteurs majeurs de la seconde naissance de la photographie.
Une des particularités
de Gustave le Gray (
1820
-
1884
) est qu'ayant reçu une formation artistique – il fut l'élève du peintre Paul Delaroche –, il
chercha d'abord à s'imposer à la fois comme peintre et comme photographe, entre
1847
-
1853
environ, et qu'il produisit
aussi une œuvre personnelle qui le distingue des photographes commerciaux des boulevards. Il utilisa le daguerréotype,
le calotype, la photographie sur papier, mais fut aussi l'auteur d'inventions personnelles importantes : le négatif sur
papier ciré sec, ou surtout, conjointement avec Frederick Scott Archer, le collodion sur négatif verre qui offrit une
seconde naissance à la photographie en ouvrant des perspectives commerciales nouvelles. Il mena aussi une activité
de pédagogue, publiant des manuels et ouvrant un cours où fréquentèrent Léon de Laborde, Maxime Du Camp (qui
confierait à Le Gray la réalisation du tirage de ses photographies de voyage en Égypte), Henri Le Secq ou Charles Nègre.
Gustave Le Gray connut avec son atelier un
succès croissant : il fut choisi pour participer
à la mission héliographique lancée par la
Commission des Monuments historiques
(
1851
), reçut la commande de reproductions
d'œuvres d'artistes tels qu'Ingres ou Gérôme,
des vues des Salons (
1851
-
1853
), et des images
de propagande bonapartiste : un portrait du
Prince-Président (
1852
) et des reportages sur
des événements officiels comme l'inauguration
du camp de Châlons (
1857
).
Il déménagea en
1855
boulevard des Capucines
où, grâce au financement d'une société en
commandite, il installa un nouvel et luxueux
atelier afin de développer une activité de
portraitiste du beau monde. Il n'en poursuivit
pas moins son activité personnelle, des vues de
forêts, des vues de Paris, mais aussi des marines
rendues possibles par l'adoption du négatif
verre au collodion humide – ces dernières
rencontrèrent un immense succès en France et
enAngleterre.
Cependant, se consacrant plus à cette œuvre personnelle qu'à l'activité rentable de son atelier de portraits, peu régulier dans
sa gestion, incapable en outre de mettre sur mettre sur pied son projet d'imprimerie photographique, qui aurait pu s'avérer
profitable, il connut bientôt de graves difficultés financières : amis et confrères commencèrent à prendre leurs distances, l'affaire
périclita et fut mise en liquidation en février
1860
.
Peut-être par goût ou pour fuir ses créanciers,Gustave Le Gray partit enMéditerranée afin d'accompagnerAlexandre Dumas
et d'illustrer de photographies le récit de voyage que celui-ci projetait. Il passèrent par la Sicile en pleine lutte garibaldienne
mais se séparèrent prématurément à Malte durant l'été
1860
. Gustave Le Gray suivit alors le journaliste Édouard Lockroy,
qui quittait également le groupe d'Alexandre Dumas, pour aller faire un reportage sur l'expédition militaire française en
Syrie. Loin de rentrer en France, il se rendit ensuite en Égypte et s'installa en
1861
dans la ville relativement occidentalisée
d'Alexandrie où il retrouva des relations et portraitura les voyageurs européens comme le comte de Chambord, avant de se
fixer vers
1864
au Caire, ville plus nettement orientale. S'il eut une clientèle de particuliers, notables égyptiens ou membres
de la petite communauté française, il vécut principalement des faveurs d'Ismaïl Pacha : celui-ci lui passa des commandes
de photographies, et le nomma professeur de dessin auprès de ses propres enfants et des officiers des Écoles militaires.
Sa situation financière semble être demeurée néanmoins précaire – il ne régla d'ailleurs pas ses affaires à Paris, ne fit jamais
venir auprès de lui sa première famille et vécut avec une nouvelle compagne dont il eut un enfant.