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d’oiseau pour flûte seule, beaucoup plus réaliste que tout ce que Messiaen avait pu concevoir jusqu’alors. La seconde est une
mélodie lente ; il ne s’agit pas d’un chant d’oiseau […] elle provient du “Jardin du sommeil d’amour” de
Turangalîla
et pourrait
donc évoquer l’habitat de l’oiseau. Elle pourrait aussi représenter l’émotion produite par le souvenir des chants d’oiseaux »
(Peter Hill, Nigel Simeone). À la suite du
Merle noir
, Messiaen composera les « Chants d’oiseaux » de son
Livre d’orgue
, et le
monumental
Catalogue d’oiseaux
pour piano.
Citons encore le beau commentaire d’Yvonne Loriod-Messiaen : « cette pièce est à la gloire de la fantaisie, de la virtuosité
et du génie du Merle noir. Après une cadence de la flûte solo, un motif rêveur, exposé d’abord au piano, est repris ensuite avec
la flûte. (On retrouve ce même contour mélodique dans les
Cinq Rechants
). Deuxième cadence de la flûte. Puis le motif rêveur
dialogue en canon aux deux instruments, avec des rythmes irrationnels. Le final éclate dans une folle gaieté et dans un
tempo
très vif : la flûte orne ses rapides doubles croches de petites notes et anacrouses, tandis que le piano diamante sa joie par des
cloches de cristal,
forte
, toutes les notes résonnant dans la pédale, comme des pierres colorées s’entrechoquant ».
La page de titre porte la mention : « écrit pour le concours de flûte 1952 du Conservatoire de Paris ».
L’œuvre commence
Modéré
, par un bref trait de piano suivi d’une cadence de la flûte seule
Un peu vif, avec fantaisie
; puis
c’est un dialogue du piano avec la flûte
Presque lent, tendre
; nouvelle cadence, et nouveau dialogue des deux instruments, avant
le final
Un peu vif
.
Le manuscrit est très soigneusement mis au net, en grosses notes à l’encre noire, sur papier Durand à 16 lignes (4 systèmes
de 4) ; il a servi pour la gravure de l’édition chez Alphonse Leduc en 1952.
La première audition eut lieu lors des concours en juin 1952, Noël Lee accompagnant tous les candidats
Discographie : Christian Lardé, Yvonne Loriod-Messiaen (Jade, 1999).
254.
Olivier MESSIAEN
(1908-1992). Copie avec additions et annotations autographes,
Sept Haïkaï
, esquisses
japonaises pour Piano solo, xylophone, marimba, et petit orchestre
, [1963] ; fort cahier grand in-fol. de 78 feuillets,
couvertures de carton rouge, reliure spirale métallique.
1 000/1 500
Précieux exemplaire de la partition d’orchestre des
s
ePt
h
aÏKaÏ
corrigé et annoté par Messiaen.
Reproduction photographique du manuscrit, portant sur le faux-titre cette note autographe : « partition corrigée et prête
pour la gravure », et au verso le plan autographe au crayon noir de la « disposition de l’orchestre ». Au bas de la page de titre,
Messiaen a également noté : « (durée totale : 18 min. 40) ». Outre des corrections ou suppressions de notes, et des modifications
d’indication d’interprétation ou de tempo au crayon noir, Messiaen a ajouté de sa main d’intéressants commentaires et des
recommandations. Ainsi, sous le titre du I
Introduction
, il inscrit ces deux notes : « Cette pièce est ouvragée et grimaçante,
comme les démons qui gardent l’entrée des Temples Bouddhiques. Il n’y a pas de mélodie principale. Les violons sont peu
importants – ils expriment un sentiment figé, sans plus – et sont un chant parmi d’autres choses. On entendra surtout le
xylo
, le
marimba
, le
piano
, et
les bois
: mais on doit aussi percevoir le reste, et
tout compte
. » ; « Pour tous les instruments :
bien observer
toutes les nuances
. C’est indispensable à la clarté de la pièce ». Dans presque chaque morceau, il indique quels
instruments doivent dominer. Il ajoute également de précieuses indications sur le jeu de certains instruments ; ainsi pour
IV
Gagaku
, cinq notes apportent des précisions : « Caractère général de la pièce : hiératique, statique – à la fois religieux et
nostalgique – mouvement lent implacable » ; ou : « Les violons essaieront de retrouver le timbre du Shô, par un jeu aigre et
acide. Toutes les notes des accords des violons doivent sortir, en conservant un certain charme irritant, qui appuiera l’effet
produit par les différentes races de couleurs harmoniques »... Citons encore la longue note en cinq points pour V
Miyajima et
le torii dans la mer
: « Dans cette pièce : le chef d’orchestre doit porter toute son attention sur l’équilibre des plans sonores. […]
L’ensemble doit sonner comme une riche, violente, et complexe superposition de couleurs »… Etc.