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POITIERS (Diane de).

1500-1566. Comtesse de Saint-Vallier,

duchesse de Valentinois, favorite du Roi Henri II.

L.S. avec compliment aut. « vre bone antyere bone alye Dianne

de Poytiers » à Mme de Humières. Joinville, 4 avril (1551).

1 pp.

petit in-folio, adresse au verso « A Madame mon alyée, Madame

de Humyeres », cachet sous papier aux armes. Joint un portrait

gravé de Diane de Poitiers et celui de Henri II.

Magnifique et très rare lettre de Diane de Poitiers à la Gouvernante

des Enfants de France,

Françoise de Contay qui avait épousé en 1507,

Jean de Humières, chambellan du Roi, et qui partageait sa charge de

Gouverneur des enfants royaux. La favorite a bien reçu les lettres de

Mme de Humières et a vu celles écrites au Roi et qu’elle a appréciées.

Elle lui conseille d’être plus autoritaire et de montrer davantage de

confiance dans la charge qui lui a été confiée. Ayant eu écho de la

peste qui sévissait à Blois, résidence de la Cour de France, elle se

préoccupe de sa santé et de celles des enfants royaux, lui suggérant

de s’installer à Cheverny.

(…) Je vous advise que je suys dadvis que

ne soyes plus si timide que aves faict jusques icy, et me semble que

vous debves ung peu myeulx faire craindre que n’avezs faict, affin

que ceux qui veullent faire la compaigne avecques vous ne le fassent

plus et ne pouvé faillir de vous faire obeir aux chouses qui touchent la

charge et pouvoir que le Roy vous a donné. Au reste, on m’a dict que

on se meurt à Bloys ; si cela estoit je vous prye vous y prandre garde,

et faire deslouger Messeigneurs et Mesdames car il y a beaucoup de

beaulx lieux autour dudit Bloys (…).

Si elle pense que Cheverny pourrait

convenir,

vous me feries grand plaisir de le prendre pour les y mener.

Vous regarderes en quoy je me pourray emploier pour vous (…).

De sa

main, elle signe :

« Votre bone amye et bone alyee, Dianne de Poitiers ».

Ancienne collection du baron de Trémont (28 avril 1853 n°316), puis

Collection Robert de Flers.

2 000 / 3 000 €

288

SAINT-EXUPERY (Antoine de).

1900-1944. Aviateur, écrivain.

Manuscrit aut. S.l.n.d.

1 pp. ½ sur 2 ff. in-4, papier pelure jaune.

Très beau texte sous forme de nouvelle, véritable plaidoyer contre la

guerre.

C’était chez un ami. Les cerisiers étaient en fleur. Je descendais

le long des collines, le soir, porté par les vents du sud et je me disais :

me voilà donc chez un ami. Nous nous installons au coin du feu et nous

causons ? Bien sûr, nous faisons peu marcher e monde, mais nous

sommes un peu cette armée en marche sous les étoiles. En marche à

travers le temps. (….) Cette terre en marche vers le printemps et cette

admirable continuité (…) Et cependant ? Et cependant la guerre…

Pour la première fois dans le monde rupture de la continuité (…). Je

me moque bien des mots qui séparent. Puisque j’éprouve le même

mouvement fraternel. Je ne vous opposerai pas les uns aux autres (…).

Petite fille, c’est pour vous que j’écris (…). Vous demandez uniquement

à ne pas mourir. Je vous ai fait illusion (…) Mais je veux prendre votre

chagrin. Et le lier au chagrin de la mère et de l’apôtre et du poète (…).

500 / 700 €

286

PICABIA (Francis).

48 lettres autographes à SUZANNE ROMAIN. 1944-1948.

Environ 80 pages, de format in-4 et in-8, la plupart à l’encre,

quelques unes au crayon.

Nombre d’entre elles sont signées Francis, Francisco ou monogrammées F.

Francis Picabia rencontre Suzanne Romain en décembre 1940.

Piacabia et sa femme Olga fréquenteront Suzanne et son mari Max

Romain.

Suzanne est fascinée par la personnalité de Picabia et celui-ci tombe

amoureux d’elle.

En 1943, débute une liaison qui se terminera en 1948.

Ces lettres de Picabia sont des lettres d’amour

écrites par un homme

de 75 ans qui mêle à sa verve littéraire et poétique des citations de

Nietzsche puisées dans «Le Gai savoir», «Ecce homo», «La Volonté

de puissance».

Dans cette correspondance figurent des aphorismes inspirés de ces

ouvrages et surtout quelques poèmes de grande qualité lyrique, parfois

teintés de désespoir.

«Tu veux

te glisser jusqu’à moi

je t’attends comme un chien

mais rien de vient.

Comment peux tu mentir

ou bien cours-tu après rien ?

D’où te vient ta robe grise ?

Tu as la fièvre ?

Sous ce soleil.

Comme l’attente amoureuse

rend petit et malheureux !

Ainsi pousse dans la nuit

le vilain champignon qui empoisonne.

L’amour ronge,

comme l’eau.

Je n’ai plus envie de vivre

Adieu tout !

La lune est couchée

Mes étoiles sont lasses

Le jour se lève noir.

J’aimerais mourir.

Au verso d’une lettre, figure un dessin original au crayon, rehaussé

de couleur,

superbe autoportrait de Francis Picabia le représentant

nu sexe en érection près d’une femme également nue qui ne peut être

que Suzanne Romain.

L’ensemble de ces 48 lettres ont été publiées en 2010 aux Presses

du réel dans la remarquable étude de Carole Boulbès : «Picabia avec

Nietzsche. Lettres d’amour à Suzanne Romain».

(Légère tâche d’encre et quelques déchirures sans manque de texte

pour certaines lettres).

30 000 / 40 000 €