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littérature
694
SAND GEORGE
(1804-1876)
Les courses de Mézières-en-Brenne,
manuscrit
autographe signé
[1846]. 20 pages et demie in-8 à l’encre brune, reliure
cartonnage de papier vert avec pièces de titre.
5 000 / 6 000 €
Beau manuscrit sur le Berry, l’élevage des chevaux et les courses
hippiques de Mézières-en-Brenne, organisées par le comte de
Lancosme-Brèves. Cet article paraîtra presque simultanément dans
L’Éclaireur de l’Indre
du 4 juillet et
Le Constitutionnel
(sous la rubrique
« Journal d’agriculture ») du 6 juillet 1846, avec des variantes, sous le
titre
Le Cercle hippique de Mézières-en-Brenne
par un habitant de
la Vallée Noire ; il sera recueilli dans les Œuvres complètes illustrées
(1851-1856) à la suite de
Consuelo
, puis en 1861 à la suite d’
Isidora
chez Michel Lévy frères. Le manuscrit, présente de nombreuses
ratures et corrections. Sand commence par une belle évocation
géographique de son Berry : « Le voyageur qui, venant d’Orléans, a
traversé les plaines stériles de la Sologne, le pays plat de Vatan et
enfin la brande d’Ardentes, s’arrête ravi à l’entrée de la Vallée Noire.
Soit qu’il embrasse, des hauteurs de Corlay, ou de celles de Vilchère,
l’immensité de cet abîme de sombre verdure relevé à l’horizon par
les montagnes bleues de la Marche, il croit entrer dans le paradis
terrestre ». Entre les belles vallées de l’Indre et de la Creuse, « s’étend
un plateau uni, triste, malsain et pauvre, c’est la Brenne », contrée
sauvage de bruyères et d’étangs, mais qui ne manque pas de charme,
comme on peut le voir du haut du château du Bouchet. « Pour la vie
de château, la Brenne est aussi une terre promise. Il y a là de riches
manoirs, de vastes espaces à parcourir pour la chasse, ou à fertiliser
par la culture en grand, du gibier en abondance, de gros revenus ».
Avec l’engrais et l’irrigation, le sol devient « fertile et généreux », et
les pauvres pourraient profiter de cette richesse.
« Ce qui caractérise le Berry autant que la libéralité de sa noblesse
en général, c’est l’indépendance et la générosité d’une notable
partie de sa bourgeoisie démocratique ». Et elle cite l’exemple d’une
« association de charité » dans sa ville de La Châtre. Ainsi les parti-
culiers peuvent apporter bien des améliorations… Ainsi l’institution
du Cercle hippique de Mézières. Comme cette initiative du comte
de Lancosme-Brèves, passionné de chevaux, en demandant « la
création d’une école nationale d’agriculture et de haras » qui serait
si utile pour « le salut de l’industrie chevaline en France », et pour la
Brenne notamment, et pallierait l’incurie de l’État en ce domaine. Le
comte a créé le Cercle hippique de la Brenne, « secondé par tous
les habitans du pays, par les riches, par les nobles et par ceux qui
ne sont riches que de dévouement et nobles que par le cœur ».
« L’élevage du cheval a été et doit être la principale ressource de
la Brenne », pour « alléger la misère du petit cultivateur et créer
une occupation fructueuse au prolétaire », en créant « une richesse
agricole immédiate » par « l’élevage et l’amélioration de la race che-
valine ». Reprenant les études de Lancosme-Brèves, Sand juge que
la Brenne est le pays idéal à cet effet : « Ce n’est qu’en Brenne que
nous pouvons espérer de nous remonter, en achetant des juments
déjà croisées, et conservant encore dans leur sang le principe de
cette forte race brandine qui s’allie si bien au sang arabe et encore
mieux, pour l’usage, au percheron ».
provenance
Alde, 28/04/2014