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les collections aristophil
691
SAND GEORGE (1804-1876)
Cora,
manuscrit autographe signé
[1833]. Complet, 44 feuillets in-8 écrits à l’encre au recto.
Numérotation autographe. 280 corrections de la main
de l’auteur. Plein maroquin rouge janséniste. Initiales
entrelacées « AF » mosaïquées de maroquin noir, bordées
d’un filet doré au centre du premier plat, dos à 5 petits nefs,
auteur et mention « manuscrit » dorés au dos. Doublures
mosaïquées de maroquin noir, avec un décor en double
filet doré orné de feuilles de lierre et fleurons aux angles
dans un encadrement de doubles filets et pointillés dorés,
dentelle en encadrement. Gardes de papier toilé moiré rose
et gris, décoré de motifs floraux imprimés blancs. Doubles
gardes au peigne (Paul-Romain Raparlier). Feuillet de
dédicace autographe signé de Lina Sand à « Mr Ferrand »
relié en tête. Exemplaire truffé de 2 lettres autographes
signées de Lina Sand-Calamatta, en tout 4 pages in-8 dont
2 pages sur un double feuillet de papier de deuil.
10 000 / 12 000 €
Beau manuscrit autographe complet d’un des premiers romans
de George Sand.
Georges Sand venait de rompre avec Jules Sandeau lorsqu’elle écrivit
ce bref roman contemporain de
Lélia
, paru pour la première fois, avec
le titre
L’hôte Cora
sous la signature « Georges (et non George) Sand »,
le 9 février 1833, dans le tome V de l’ouvrage collectif
Le Salmigondis
(Hippolyte Fournier, Paris). Il parut pour la seconde fois, en 1845 dans
le quotidien La Presse, puis, réuni à Teverino, chez Desessart, en 1846.
Cora
, récit à la première personne, commence ainsi : « A mon retour
de l’île Bourbon (je me trouvais dans une situation assez précaire), je
sollicitai et j’obtins un mince emploi dans l’administration des postes.
Je fus envoyé au fond de la province, dans une petite ville dont je
tairai le nom pour des motifs que vous concevrez facilement. » Le
héros et narrateur, qui se prénomme Georges, comme l’auteur, est
animé de l’esprit romantique et se trouve confronté aux préjugés
de la province. Il s’éprend d’une jeune fille qu’il ne parviendra pas à
séduire et qui lui préférera l’apprenti pharmacien Gibonneau.
« Le principal caractère de sa tête régulièrement dessinée, c’était
quelque chose d’indéfinissable, de surhumain, qu’il faut avoir vu
pour le comprendre ; […] surtout un air de dignité calme et inflexible
qui aurait été sublime sous la couronne de diamants d’une reine
espagnole, et qui, chez cette pauvre fille, semblait être le sceau du
malheur, l’indice d’une organisation exceptionnelle. Car c’était la fille...
le dirai-je ? il le faut bien : Cora était la fille d’un épicier. O sainte
poésie, pardonne-moi d’avoir tracé ce mot ! »
Le manuscrit, qui comporte 280 corrections de la main de George
Sand est très proche de la version publiée avec sa conclusion cruelle
et cocasse à la fois : « J’ai traversé cette ville l’année dernière pour
aller en Limousin. J’ai aperçu Cora à sa fenêtre. Il y avait trois beaux
enfants autour d’elle et un superbe pot de giroflée rouge. Cora avait
le nez allongé, les lèvres amincies, les yeux un peu rougis, les joues
creusées et quelques dents de moins ».