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175

littérature

649.

MÉRIMÉE PROSPER (1803-1870)

Lettre autographe signée

au docteur LECOURT

Paris, 31 mai 1868, 4 pages in-8,

à l’encre noire sur un double feuillet

de papier vergé bleu

800 / 1 000 €

« Mon cher ami, J’ai quitté Montpellier en

assez bon état, j’ai bien supporté le voyage,

et malgré la chaleur, malgré les colères

rentrées que m’ont causées nos seigneurs

les cardinaux, je me trouve assez bien ici,

c’est-à-dire mieux que je n’ai été depuis deux

ans. Je sens que je respire, je pourrais dire

que je le vois, car en arrivant à Montpellier,

ma poitrine était immobile et ne se rele-

vait pas. Huit bains d’air ont rendu quelque

élasticité à mes poumons, et après 28 bains,

mon médecin d’ici ne m’a pas reconnu, et

m’a déclaré que M. Bertin m’avait changé

mes poumons, et qu’il n’y trouvait plus trace

d’emphysème. Cela ne veut pas dire que je

sois parfaitement bien, mais le mammifère

est vieux et a bien mérité par sa conduite de

n’être plus aussi ingambe où nous dînions

chez Couviere et allions après autre part. En

résumé, mon cher ami, je vous ai une bien

grande obligation de m’avoir fait connaître

le Dr Bertin et l’air comprimé. […] Si mon

été ne se passe pas comme il faut, j’irai à

Montpellier cet automne. A-t-on trouvé le

meurtrier de ce Mr dont vous m’avez parlé ?

France-il parent d’un Aymès qui vendait de

l’huile à Paris, et qui envoyait des aumônes

religieuses avec des réclames pour son huile.

Dans la rue du Bac où était son magasin, il

avait fait peindre sur ses volets qu’il fermait

sa boutique les dimanches. Vous savez que

quelquefois la religion n’exclue pas la pédé-

rastie, et Méry m’a-t-on dit avait à cette

occasion proposé cette énigme : quelle

est la différence entre un séminariste et un

pont ? Rep. Qu’on n’a jamais vu de pont

sans culée, tandis que […] Proposez donc

à votre ami cette leçon qui ne se trouve

dans aucun manuscrit : superbe au lieu de

superne, alors la négation ne s’appliquerait

qu’au premier verbe et le verbe devrait être

ainsi ponctué : Non habitus mutatue loco,

peccatque superbe Vous me répondrez que

les grandes dames déposent leur superbe en

levant leurs jupons. Trois belles dames d’un

très bon monde, sur lesquelles on n’a rien

dit, sont venues il y a 8 jours chez un de mes

amis qui a une belle collection d’antiquaille-

ries. Après avoir tout examiné, elles lui ont

demandé s’il n’avait pas par hasard quelques

gaillardises. Il en avait, et après s’être fait tirer

l’oreille a exhibé la plus montrable. Elles ont

exigé quelque chose de plus fort et il a fini

par leur mettre entre les mains des photo-

graphies et des lithographies abominables.

Après avoir tout vu et s’être bien assuré

qu’il n’y avait plus rien, elles sont parties

demandant de revenir avec une quatrième

amie aussi désireuse de s’instruire. Voilà le

progrès des mœurs. Adieu mon cher ami,

mes compliments à votre fils, encore une fois

bien des remerciements et amitiés Pr. M. ».

Étonnante et lettre gaillarde de Prosper

Mérimée.

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MÉRIMÉE PROSPER (1803-1870)

Lettre autographe adressée

à Sophie DUVAUCEL

S.l.n.d., « Mercredi matin », 1 page

in-8 à l’encre. (Trace de pliure).

100 / 150 €

Mérimée répond à la lettre de Sophie

Duvaucel en déclinant très poliment son

invitation car il s’est engagé chez une autre

personne. Cependant, il ne souhaite pas lui

faire ses adieux par écrit. Il essaiera donc de

passer la voir à un autre moment.

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