88
les collections aristophil
116
MONET CLAUDE (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », 26 rue d’Edimbourg [Paris] 8 juillet
1878, à Georges de BELLIO; 3 pages in-8.
2 000 / 2 500 €
Appel au secours à son mécène et collectionneur, pour lui vendre
La Rue Montorgueil à Paris, f
ête du 30 juin 1878.
« Je suis venu hier chez vous sans avoir la chance de vous rencontrer.
Je voulais vous demander un service, et prendre rendez-vous pour
voir quelques toiles nouvelles notamment des vues de Paris puis les
drapeaux du 30 Juin. Si cela vous va faites moi savoir à quelle heure
vous voulez que je vous attende rue Moncey soit mercredi ou jeudi.
Si vous pouviez disposer de deux ou trois louis et que vous vouliez
les remettre au porteur vous m’obligeriez bien, car je suis obligé de
partir travailler laissant ma femme sans un sou pour la maison, et
nous avons un billet de 40
F
à payer aujourd’hui. Connaissant votre
obligeance je suis certain que si cela vous est possible vous ne me
refuserez pas. En tous cas envoyez ce que vous pourrez, et ne man-
quez pas de me donner un rendez-vous car je tiens à ce que vous
soyez le premier à voir ces vues de Paris »…
[Le 11 juillet, Monet montre ses deux vues de Paris pavoisé à Georges
de Bellio, qui achète
La Rue Montorgueil
… (aujourd’hui au Musée
d’Orsay); Monet note dans son carnet de comptes : « vendu à M. de
Bellio pour solde de compte à ce jour – fête du 30 juin »; le même
jour, il vend l’autre vue,
La Rue Saint-Denis, fête du 30 juin 1878
, à
Ernest Hoschedé, qui la cède le 1
er
août à Emmanuel Chabrier (Musée
des Beaux-Arts de Rouen).]
117
MONET CLAUDE (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Vétheuil 30 décembre 1878,
à Georges de BELLIO; 3 pages in-8.
2 000 / 2 500 €
Belle et triste lettre à son mécène et collectionneur, de Vétheuil
où il s’est installé pendant l’
été.
« Puisque nous sommes obligé de rester encore à la campagne
pour un temps plus ou moins long mais que je ne puis préciser, il
ne me sera pas possible de venir vous serrer la main pour le 1
er
de
l’an. Permettez donc que je vous envoie mes meilleurs souhaits et
laissez-moi vous remercier de votre obligeance pour moi car j’en
ai souvent usé peut-être abusé et je vous dois beaucoup croyez
donc à mes remercîments bien sincères et excusez-moi de vous
avoir tourmenté si souvent. Je travaille beaucoup plus que jamais
même car nous ne pouvons rester indéfiniment ici et dans une telle
situation. La nature est toujours belle et c’est seulement dans le travail
qu’il m’est possible d’oublier tous mes soucis car je commence à ne
plus être un débutant et il est triste d’être à mon âge dans une telle
situation, toujours obligé de demander de solliciter les affaires. Je
ressens doublement mon infortune à ce moment de l’année et 79
va commencer comme cette année a fini, bien tristement pour les
miens surtout auxquels je ne puis faire le plus modeste présent »…