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les collections aristophil
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MONET CLAUDE (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Fécamp 6 août [1868,
à Frédéric BAZILLE] ; 3 pages in-8.
3 000 / 4 000 €
Pressant appel au secours, alors qu’il travaille à Fécamp
.
« Il est décidément dit que je ne puis être à peu près heureux deux
jours de suite, j’étais assez content en partant du Hâvre, je comptais
recevoir de l’argent de vous le 2 ou le 3 comme d’habitude et j’aurais
arrangé ma petite affaire en conséquence mais voilà que maintenant
je me trouve tout à fait dans l’embarras. Je pensais ne rester ici qu’un
jour ou deux à l’hôtel et en voilà déjà 6 que j’y suis de sorte que vos
50
F
m’arriveraient que je n’en aurais pas assez pour payer à l’hôtel, et
plus bête de tout cela c’est que j’ai trouvé ici une petite maisonnette
meublée très bon marché et où je serais déjà sans votre retard. Je
ne sais quoi penser voyant chaque jour passer sans lettre de vous.
Vous devriez pourtant savoir quel tort peut me faire le moindre retard,
ainsi vous m’auriez envoyé cela plus tôt que j’aurais pu m’installer
chez moi et j’aurais encore de l’argent devant moi. Faites donc en
sorte de ne jamais me faire attendre je vous en prie. Outre cela je
suis on ne peu plus tourmenté voilà bébé malade à l’hôtel et sans
le sou […]. Tout cela me fait dépenser un argent fou et n’étant jamais
installé pour travailler je perds tout mon temps. Je vous ai envoyé
une dépêche pour vous dire de m’envoyer 100
f
faites-le je vous en
prie car autrement je ne saurai plus que faire, et pourtant je serais
si comodément ici pour vivre à bon marché et pour travailler […] Il
m’en coûte de toujours vous harceler ainsi mais je vous assure c’est
que j’y suis forcé car je commence à être las de toujours demander
ainsi, mais pensez à ma position un enfant malade et pas la moindre
ressource »…
Sur la 4
e
page, BAZILLE a fait le compte de l’argent envoyé à Monet
de mai à octobre, soit 360 F (dont 100 F en août).
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MONET CLAUDE (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Zaandam 2 juin 1871,
[à Camille PISSARRO à Londres] ; 5 pages et demie in-8.
2 500 / 3 000 €
Belle et longue lettre à Pissarro alors que Monet, ayant quitté
Londres, arrive à Zaandam en Hollande
.
« Nous sommes enfin arrivés au terme de notre voyage après une
assez mauvaise traversée. Nous avons traversé presque toute la
Hollande et […] ce que j’en ai vu m’a paru beaucoup plus beau que
ce que l’on dit. Zandam est particulièrement remarquable et il y a
à peindre pour la vie, nous allons être je crois très bien installé ; les
Hollandais ont l’air très aimable et hospitalier ». Il n’a pu aller serrer la
main de Pissarro avant son départ : « j’ai eu pas mal de courses à faire
à Londres, j’ai même dû laisser mon affaire de cadres en suspends
et j’espère que si cela ne vous dérange pas pas trop vous voudrez
bien encore vous charger d’un petit service pour moi » : il n’a pu faire
affaire « ni avec le doreur de Brompton road, ni avec Legros », mais
il a fini par trouver un doreur, Joseph FLACK, « qui est tout disposé
à acheter mes deux cadres, mais comme il n’a pu venir avec moi à
l’internationale [exposition] voir les susdits cadres avant mon départ
l’affaire en est restée là »; Monet charge Pissarro de faire l’affaire avec
lui, « c’est-à-dire de lui montrer les cadres, et de me transmettre le
prix qu’il offrira (et entre nous vous pouvez accepter séance tenante
son offre si elle n’est pas au dessous de 8 et même 7 livres) mais
attendez son offre. Je lui ai parlé de 10 à 12 livres et il n’a pas paru
trouver cela cher, seulement je lui avais payé mes cadres un peu
plus cher qu’en réalité c’est-à-dire 24 livres »… Suivent les instructions
détaillées pour montrer les cadres qui sont à l’exposition, en allant au
bureau de la commission française ; Filloneau est prévenu… Il envoie
un mot « pour faire enlever mes cadres et les toiles […] Quand aux
toiles faites les porter chez M
r
Théobald j’ai laissé là exprès le bâton
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