66
146. [
Joris-Karl HUYSMANS
].
Octave LACROIX
(1827-1901) littérateur. L.A.S., Versailles 29 septembre 1874, à son
confrère et ancien ami Théodore de
B
anville
; 1 page in-8 (petite tache dans un coin).
200/250
Les années s’amassent, mais de loin comme de près, il ne perd jamais du cœur ni de l’esprit les sentiments d’autrefois, et aujourd’hui
il vient présenter « M.
H
uÿsmans
, qui vous a lu, qui vous aime, qui vous admire, et pour lequel vous n’avez pas écrit en vain. M.
Huÿsmans est le dernier descendant d’une illustre famille de peintres hollandais, représentés dans tous les beaux musées et au Louvre.
Lui, il se sert de la plume comme ses aïeux se servaient du pinceau. Veuillez, sur ma présentation, l’accueillir comme je suis sûr que
vous m’accueilleriez moi-même en semblable rencontre, – si j’étais jeune encore et si j’avais, avec l’espoir de mériter votre attention,
composé un charmant petit livre.
Le Drageoir à épices
vous plaira sans doute. Lisez-le. Puis, quand vous l’aurez lu, soyez assez bon pour
ne pas garder pour vous vos opinions et vos impressions. Un mot signé de votre nom est déjà un glorieux passeport »...
147. [
Joris-Karl HUYSMANS
].
Gustave BOUCHER
(1863-1932) homme de lettres et ethnographe. L.A.S., Ligugé
12 décembre 1898, [à son ami Joris-Karl
H
uysmans
] ; 2 pages in-8.
200/250
À
propos
de
l
’
abbaye
bénédictine
S
aint
-M
artin
de
L
igugé
, où Huysmans deviendra oblat en 1901
.
Il l’entretient de démarches
faites depuis la dernière lettre de Mme
L
eclaire
, et transmet une lettre qui éclaire sur une goujaterie, aussi bien que sur une phrase
énigmatique de Mme Leclaire. Puis il parle du Père
B
esse
, qui veut connaître les œuvres sociales de Ligugé : « chacun de nous a sa
marotte, et le mieux est encore que nous n’ayons pas tous la même. Le principal c’est de rapporter toutes ses actions à la gloire de Dieu
et de ses saints »... Il a vu le chanoine
P
errot
: « il s’est montré tout à fait rassuré sur la question de l’Index et m’a dit attendre deux
exemplaires d’une lettre de vous qu’il ferait parvenir à Rome et dans laquelle vous demanderiez à être renseigné sur les passages de vos
derniers livres qui devraient être modifiés. Le bon abbé tient beaucoup à une lettre de vous au titre du livre de l’abbé
M
ugnier
dont il a
hâte de voir la publication aboutir. Dom
B
ourrigaud
est dans les mêmes idées. Je ne sais si c’est un gros sacrifice que l’on vous demande
là, mais je crois que ç’aurait un excellent effet. Le
B
elleville
m’a envoyé sa carte en accusé de réception de la plaquette de bénédiction. Il
a fait suivre son nom de cette mention manuscrite : “auteur de
La Conversion de M. Huysmans
”
?
Le point d’interrogation est de lui »...
148.
Max JACOB
(1876-1944). 2
dessins
originaux signés avec envois autographes, et L.A.S., 1926 et s.d. ; 17,5 x 17 cm et
19,5 x 16,5 cm à la plume et lavis d’encre brune (traces de collage), et 1 page oblong in-8, sous un même cadre. 500/600
Dessins faits sur papier à en-tête (bords découpés) d’un restaurant de Bordeaux. Portrait d’homme en buste de profil, avec envoi : « à
Monsieur Gérard qui m’a tellement intéressé Max Jacob 1926 ». Tête d’homme de face, légèrement tourné, avec envoi : « P.P.C. Max
Jacob, étant obligé de renoncer à la ressemblance de Monsieur Gérard, quitte Bordeaux. Max Jacob ».
L.A.S. au dos d’une carte postale, 23 février : « Aujourd’hui la S
t
Gérard. Je demande à St Gérard qu’il fasse un saint de Gérard. Max
Jacob. La seule solution possible ».
149.
Max JACOB
. L.A.S., Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) 18 avril 1927, [à son ami Adolphe
A
ynaud
, à Lille] ; 2 pages petit
in-4.
400/500
«
L
ettre
d
’
affaires
»
au
collectionneur
lillois
à
qui
J
acob
vend
des
gouaches
et
donne
des
conseils
[Aynaud fut aussi client du
céramiste Giovanni Leonardi (1876-1957), ami de Jacob]. Il le prie d’excuser son silence, dû à une mauvaise santé, aux voyages, au travail
et à mille devoirs, « tonneau des Danaïdes ! ». Puis il annonce la publication chez Crès d’« un beau livre de moi : la réédition d’un petit
bouquin de 1911 :
La Côte
qui était un recueil de censés poèmes bretons anciens avec fausse érudition, fausse préface, le tout assez
bien venu pour qu’on s’en soit souvenu quinze ans après. J’avais fait pour cette édition quinze gouaches qui ont été minutieusement
reproduites. Or j’ai de ce volume un exemplaire sur Japon Impérial qui vaut 1500
f
en librairie aujourd’hui et qui en vaudra bien
davantage bientôt. Mon exemplaire porte le n° 1 imprimé spécialement avec mon nom. J’y ai mis un poème inédit en prose genre Haïkaï ;
j’y mettrai une dédicace de ma main avec ma signature. Il vaudra plus encore et je ne vous le vendrai pourtant que 1500
f
, si vous en avez
envie. Il est présenté dans un cartonnage commode et joli »... Mais il ne faut avoir aucun scrupule à refuser son offre car il ne gardera
pas longtemps ce bel exemplaire. « Donnez-moi aussi des nouvelles de
L
éonardi
, l’ingrat qui ne m’écrit plus »...
150.
Max JACOB
. L.A.S., Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) 14 septembre 1928, [à son ami le collectionneur Adolphe
A
ynaud
, à
Lille] ; 2 pages in-4.
400/500
Il a tant couru depuis deux ans qu’il ne se conçoit plus « qu’en pantoufles », mais il acceptera son hospitalité avec joie, lorsque la
démangeaison de partir le prendra : « J’irai vous voir et point ne sera besoin de dom
C
hauvin
ni d’aucune conférence pour cela. [...] Vous
êtes de ceux à qui l’on pense et à qui on n’a pas l’idée d’écrire parce qu’ils sont présents à la pensée :
P
icasso
et moi qui ne nous sommes
pas quittés pendant vingt années
ne nous écrivons
jamais
, pas même au jour de l’an. J’ignorais d’ailleurs la conférence de dom Chauvin,
et j’entends si souvent parler de S
t
Benoît et même par dom Chauvin que je ne me serais pas dérangé pour cela. [...] Vous me parlez du
Tableau de la Bourgeoisie
. J’en ai fait cet été 9 illustrations. Le tout est aux mains terribles de Gallimard. J’aurais dû aussi commencer
un roman. La première ligne est encore dans l’encrier. J’espère seulement la parution d’un petit volume de vers. – Les gouaches roulent
toujours : il paraît que
B
ernheim
en a acheté une deux mille huit cent francs »... Il le charge, en terminant, de dire à
L
eonardi
que « mon
pauvre vieux cœur est toujours près de lui »...