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La guerre ayant été déclarée à l’Empereur, les choses changent : « les François sans discipline sans officiers sans généraux ne pouvoient
qu’être battus partout où ils se présenteroient ils le furent en effet et le g
al
Beaulieu gagna à Quevrain une bataille complette et par son
talent sauva le Brabant Brabant d’une invasion », mais il n’avait pas assez de troupes pour pénétrer en France et exploiter ses succès. Puis
la mort de Léopold II et celle du roi de Suède causent de nouveaux retards. Le nouvel Empereur se ligue alors au roi de Prusse : « Les
trouppes marchèrent, et le seul objet annoncé fut de remettre Louis XVI sur son throne. Le roi de Prusse marcha en personne à la tête de
56000 hommes ». Les souverains se retrouvent à Mayence ; le roi de Prusse ayant établi son quartier général à Coblence, Condé s’installe
avec ses troupes à Kreuznach : « Il avoit été décidé que les émigrés seroient divisés en trois corps. Le premier aux ordres des princes
frères du roi, et sous eux les maréchaux de Broglie et de Castres. Ce corps devoit marcher et servir avec l’armée prussienne. Le second,
aux ordres de mon grand père devoit marcher sur Spire gagner le Brisgau et se réunir sur les bords du Rhin à l’armée autrichienne
commandée par M. le P
ce
d’Hesterasi. Le troisième étoit composé d’une partie des cantonnements d’Ath, Tournai, Liège, Stavelot, et de
tous les émigrés réunis dans le Brabant et la Flandre autrichienne. Ce troisième corps devoit être commandé par mon père, et sous lui M
r
le c
te
d’Egmont lieut
ant
g
al
. Je fus destiné à accompagner mon père. Ce corps devoit se rassembler dans les environs de Liège et marcher de
concert avec l’armée autrichienne commandée par le g
al
Clairfait. L’armée des princes étoit forte d’environ 10 à 12000 hommes, celle de
Condé de 4500 à 5000, celle de Bourbon de 4000 au plus. On peut regarder comme un grand malheur pour notre cause cette dispersion
des émigrés, on les divisoit […] Une autre cause des malheurs de la campagne est la facilité extreme que nous croyons trouver pour entrer
et pénétrer en France » ; enfin le « plan détestable » adopté par le roi de Prusse.
Le 1
er
août, pendant que Condé part pour le Brisgau, Enghien et son père embarquent à Bingen et descendent le Rhin jusqu’à Cologne ;
puis ils gagnent Liège, et établissent leur quartier général à Huy, manquant de moyens et perdant un mois en préparatifs indispensables.
Après l’annonce de la prise de Longwy et de la marche des Prussiens sur Verdun, ils lèvent le camp le 11 septembre, marchant et
campant à Marche-en-Famenne dans la pluie et la boue, qui empêchent les vivres d’arriver ; le 24, ils marchent sur Namur, et établissent
leur quartier à l’abbaye de Géronsart, où ils restent « dans la plus parfaite inaction » jusqu’au 2 novembre, où ils rejoignent les princes
qui se retirent sur Liège, après la défaite de Valmy et la retraite précipitée des Prussiens, et l’évacuation de Verdun et Longwy. Enghien
s’interroge sur les raisons de cette retraite des Prussiens et du duc de Brunswick, qu’il juge « louche ». Le général Clairfayt, sous les
ordres du duc Albert de Saxe-Teschen, doit s’opposer à la marche de Dumouriez, qui menace d’envahir le Brabant, et se préparer à une
guerre défensive en avant de Mons. « M. le duc Albert nous envoya ordre de changer de position, de passer la Meuse et de venir prendre
poste en avant de Namur le long des rives de la Sambre. […] Ce fut le 2 novembre que nous partimes de Géronsart pour Fleurus; mais
le moment fatal était arrivé; les malheurs de la fin de cette campagne approchoient ». C’est alors une chronique de la défaite devant
Dumouriez, de la retraite et des « nouveaux malheurs », par Jemmapes, Bruxelles, Tirlemont, Liège… Le texte imprimé par Choulot a
atténué les vives critiques que le duc d’Enghien confie à son journal contre le duc Albert, refusant le secours de la cavalerie du comte
d’Artois. Les Autrichiens ayant coupé les vivres aux émigrés, le roi de Prusse ordonnant aux princes de licencier leur armée, la situation
était désespérée : « les malheureux gentilshommes, sans argent, sans pain, sans domicile, obligés de fuir devant les patriotes, ne scachant
où ils pourroient s’arreter, quelle position. Ce fut sur ces entrefaites que mon père se décida à rejoindre mon grand-père ». Le 22
novembre 1792, Enghien et son père quittent Liège pour Villingen, où ils arrivent après 33 jours de marche par Aix-la-Chapelle, Juliers,
Düsseldorf, Hamm, Lippstadt, Paderborn, Kassel, Bamberg, Nuremberg, Ulm. Le
Journal
s’achève sur une note d’espoir : l’Empereur,
qui avait ordonné au prince de Condé de licencier son armée, revient sur sa décision et ordonne au général Wurmser, commandant ses
troupes en Brisgau, « de se concerter avec mon grand père, sur les moyens de mettre promptement le corps d’émigrés à ses ordres sur le
pied de guerre et de le refondre de manière à pouvoir servir avec utilité pendant la campagne. Une nouvelle si inatendue ramit la joie et
l’espérance dans nos cœurs, l’espoir de venger notre malheureux monarque Louis XVI péri le 21 janvier sur un échaffaud, de délivrer
notre jeune roi Louis XVII, de plonger nos mains dans le sang des scelerats françois, tout anima notre courage, et à l’abattement le plus
affreux du desespoir, succeda l’ardeur la plus vive et la plus noble ».
263.
Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier
d’ÉON
(1728-1810) agent politique, espion et aventurier, travesti en
femme. Manuscrit avec
note
autographe,
3
e
Mémoire secret sur la Cote occidentale d’Affrique
, [1762 ?] ; cahier de 5 pages
in-fol., liées d’un ruban bleu.
400/500
M
émoire
sur
l
’A
frique
provenant
des
papiers
du
chevalier
d
’É
on
, ministre plénipotentiaire à Londres pour négocier, aux côtés de
l’ambassadeur, le traité qui mettra fin à la Guerre de Sept Ans [les préliminaires furent signés le 3 novembre 1762, le traité définitif le
10 février 1763]. Le chevalier a écrit en haut du document : « Envoyé par le C
te
De Choiseul Ministre des affaires etrangeres au Duc de
Nivernois Amb
eur
du Roi à Londres ». Il s’agit d’instructions pour la négociation des possessions africaines. « Dans la situation facheuse
de perdre le Senegal, il faut au moins se rejetter sur les Iles d’Argüim et la rade foraine de Portendick. [...] cette côte abonde en morue et
en toute sorte de poissons, [...] on établiroit sur ces côtes entre Arguim et Portendick un commerce des plus utiles [...] de la gomme, des
captifs, de l’or, des bœufs, des moutons, beaucoup de morphil, des cuirs verds tannés et colorés, des plumes d’autruche &
a
en echange
des toiles, de petite mercerie, des peignes, de couteaux, de dorure fausse &
a
. [...] en rentrant dans la possession de Gorée les françois
doivent tirer parti du commerce de la riviere de Gambie et de toute la côte jusques a Serre Lionne, on y traitera aussy des captifs en
retablissant tous les comptoirs [...], les anglois font avec les Portugais établis a Cachao sur cette côte près de Gorée un commerce tres
utile, ils en ont tiré jusques a 1500 captifs en une année »...
264.
FÉCAMP
. Environ 65 lettres ou pièces signées, début XIX
e
-début XX
e
siècle.
200/300
Permis d’embarquer (1800). Correspondance du commissaire de police de Fécamp
B
anse
, 1806-1808 (surveillance des côtes, signalements,
pêche, arrivée d’Angleterre de prisonniers). Passeport (1823). Factures. Lettres particulières (Carolus d’Harrans, Ch. Leconte, Pierre
Sardou, Chrales Simon…), administratives ou commerciales...