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de la démocratie – est social[emen]t et politique[men]t – italien »… Il revient sur son texte de la
Revue hebdomadaire
[16 janvier 1926,
« Manifeste de la Jeune Droite »] : « je ne songe certes pas à fonder un parti. Le Grix a publié pendant mon absence une note que je
lui avais remise sans bénéficier de corrections, comme échantillon des idées que je rassemble en ce moment dans
La Confession d’un
Français
»…
52.
Pierre DRIEU LA ROCHELLE
. L.A.S., 13 mai 1929, à Jacques
C
hardonne
; 1 page et demie oblong in-4.
250/300
B
elle
lettre
sur
l
’
œuvre de
C
hardonne
.
Il le remercie pour l’envoi de son roman
Les Varais
, et de sa lettre qui lui avait fait un grand
plaisir parce qu’il avait déjà beaucoup admiré son
Chant du Bienheureux
: « Il y avait là une expérience pénétrante dont l’art n’émoussait
pas la pointe, mais l’avivait au contraire. Enfin, je crois dans votre sincérité : vous avez quelque chose à dire. J’aime moins les
Varais
: je
sens ce lien moins proche de votre source, de votre fontaine amère qui jaillit si directement. […] Enfin ici l’art, dont vous avez eu trop
besoin, ne s’efface pas aussi sobrement devant la vie. On ne sera jamais trop sévère pour l’auteur de
L’Épithalame
; on a le droit d’exiger
de lui qu’il n’écrive que dans l’extrême passion. Je suis content d’avoir votre sympathie, vous avez la mienne »… Il ajoute qu’il aimerait
lui parler longuement de son goût pour ses deux premiers romans ; « Inutile de vous assurer que je mets malgré tout
Les Varais
au-
dessus de la plupart des romans contemporains »…
53.
Pierre DRIEU LA ROCHELLE
. L.A.S. « Pierre », 6 décembre 1939, [à Christiane
R
enault
]
; 2 pages et demie in-4.
800/1 000
T
rès
belle
lettre d
’
amour offrant à
sa maîtresse
son roman
G
illes
. [C’est au tout début de 1935 que Drieu avait rencontré Christiane,
la femme du riche industriel Louis
R
enault
; leur liaison durera dix ans.
Gilles
paraît en décembre 1939 chez Gallimard, dans une
version censurée.]
« Chérie, Voici mon livre. Il devrait t’être dédié en toutes lettres ; en tous cas, il l’est dans mon cœur. Il est tout à toi, il a été
fait, jour à jour en t’attendant. Et il n’aurait pu être fait sans toi. Tu as
parfaitement compris qu’il devait être fait. Tu m’y as aidé,
avec une merveilleuse vertu de discrétion et de
patience. Tu m’y as aidé par ta présence et par ton
absence. […] Ce livre représente trois ans de notre
vie. Merci pour cela que tu m’as donné, avec tant
d’autres choses, avec tout. Il y a eu des moments
d’amertume, il y a eu des moments de joie. Toutes
les convulsions de mon âme inquiète, torturée
par l’angoisse du travail, se sont heureusement
brisées sur ta nature solide et sûre, sur ta santé
passionnée, sur ton sage amour de la vie. Tu m’as
donné la meilleure inspiration, non pas celle des
paroles mièvres d’une femme “cultivée”, mais celle
de ton sang chaud. Tu as été pour moi le modèle de
force selon lequel je pouvais lancer ma construction
simple, hardie et vraie. Maintenant, laissons les gens
bavarder là-dessus et souhaitons que ce lieu ressemble
un peu aux peintres que nous avons aimés ensemble, à
ces forts paysages lyriques, apparemment excessifs, mais
d’abord très vus et bien observés de Van Gogh, avec dans
les coins certaines délicatesses risquées de Manet. Merci,
ma chérie. Voici la cinquième année qui finit. Je t’aime »…
54.
Marie-Noëlle dite Minou DROUET
(née en 1947). L.A.S., 6 novembre 1957, [à l’éditeur Albert
M
ermoud
], et
poème
autographe signé,
Le petit galet
; 1 page et demie et 2 pages in-8.
500/600
L
ettre
et
poème
de
la
jeune
poétesse
prodige
,
âgée
de
dix
ans
. Elle envoie des poèmes qui peuvent s’adapter aux photos de Louis
A
ndrieux
: « lui comme moi, ne désirons pas que texte et image collent trop étroitement […] Vous me feriez plaisir en me disant si mes
poèmes vous plaisent. C’est drôle, j’ai toujours une telle angoisse de décevoir. En couverture on pourrait mettre une photo de moi que
Louis vient de faire. Je n’y suis ni belle ni laide – j’y suis moi, avec ce que ça comporte d’angoisse et de rêve et de lointain, – de détaché,
d’en marche vers autre chose »…–
Le petit galet
, sur un feuillet rose, est composé de 17 vers libres :
« J’ai l’air d’une petite fille,
mais non, je ne suis rien
qu’un petit galet
tout doux, tout rondelet »…
Au verso, Minou Drouet explique au crayon qu’il s’agit du premier poème qu’elle ait écrit, à l’âge de sept ans, et qu’elle aimerait le voir
figurer sur la première page du livre en préparation. Elle ajoute qu’elle voudrait écrire elle-même les quelques lignes la concernant : « Qui
peut mieux exprimer la vérité sur le cœur de l’escargot, que l’escargot lui-même ? ».