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11

cœur des pivoines blanches de Hasé” »... Il évoque des visites au temple de Jimmô Tennô et à Isé, puis lui confie une lettre débordante

de joie qu’il vient de recevoir de

C

opeau

, qui jouit de l’étonnement de tous les convertis. « Et vous, mon cher ami, quand me donnerez-

vous le même bonheur ? Un an, plus d’un an déjà depuis que nous avons eu notre première conversation. À quoi sert d’attendre et à

ne pas croire votre âme qui meurt de faim et qui a absolument besoin de lumières. Toutes ces objections par lesquelles le diable essaye

de vous retenir, jouez-leur un bon tour en passant à travers sans même essayer d’y répondre. L’important est de vivre et non pas de

philosopher. Qui s’engage dans les chicaneries diaboliques n’en sort jamais »... Il envoie la lettre de Copeau. « Et vous aussi apprenez à

vivre, à respirer, à espérer, à aimer, à croire ! Laissez aller les rêves à votre âme et elle vous conduira où il faut. [...] L’intelligence n’est

qu’un organe de contrôle, mais ce n’est pas elle qui vit, pas plus que ce ne sont les yeux qui mangent »...

O

n

joint

une lettre ronéotypée de Jacques

C

opeau

, Assise samedi saint [3 avril 1926], à Claudel, racontant le bonheur de sentir la

présence de Dieu, puis faisant l’éloge de

Feuilles des saints

, en particulier de

L’Architecte

. « A-t-on jamais dit combien votre poésie est

humaine ? Nul n’a fixé comme vous, du ton de la grande poésie, certaines choses ordinaires d’expérience quotidienne, certains gestes,

certains objets et certaines vérités du cœur »... Il raconte un souvenir émouvant de lecture de

L’Annonce

à ses enfants...

Reproduction page 2

30.

Paul CLAUDEL

. 6 L.A.S., Paris 1919-1946 ; 7 pages la plupart in-8 et demi-page in-12.

300/400

3 mai 1919 (

à en-tête

Ministère des Affaires étrangères. Service de Documentation pour le Congrès de la Paix

), au sujet de sa

Sainte

Geneviève

[que les

Feuillets d’art

vont publier] dont il ne possède pas d’autre exemplaire dactylographié…

Mardi

, pour discuter de

Sainte

Geneviève

.

1938

, à Henri

M

assis

.

30 janvier

, protestant contre l’attribution du Prix Nobel à Roger

M

artin du

G

ard

,

« cet écrivain sans talent qui

a pris à tâche de calomnier et de déshonorer son pays, soit en lui imputant contre toute vérité une part de responsabilité dans la guerre

de 1914, soit en couvrant de boue nos paysans, soit en prenant pour sujet d’une pièce (représentée à Stockholm en soirée de gala !!) les

plus abominables turpitudes. C’est une véritable insulte pour la France et pour les écrivains français dignes de ce nom »…

4 avril

, au

sujet d’un Comité pour la préservation du Saint Sépulcre.

1946

, à Denise

B

arat

.

Brangues 18 janvier

, sur ses conférences. « J’ai l’habitude d’aller à la messe tous les matins. Y aurait-il une église

ou une chapelle pas trop loin, car je suis vieux et un peu poussif »...

Genève 9 février

, il est en Suisse pour quelques conférences, et ira

à Bruxelles pour une reprise de

Jeanne au bûcher

...

O

n

joint

une L.A.S. à Max

F

avalelli

(26 janvier 1945, à propos d’un article pour

Candide

) ; et une carte postale a.s., [Paris 27 décembre

1948], à M. Barat de

Témoignage chrétien

.

31.

Jean COCTEAU

(1889-1963).

M

anuscrit

autographe ; 3 pages in-4 sur papier ligné (arrachées d’un classeur, quelques

petits défauts).

400/500

R

éflexions

sur

la

place

du

poète

en

F

rance

et

sur

J

acques

M

aritain

 ;

brouillon très raturé et corrigé. « « Le drame d’être poète se

décuple de l’être en France. La France […] confond musique et poésie. Or les langues musicales (chantantes) sont les plus mauvais

véhicules de poésie. Les pays qui les parlent sont des pays poétiques sans véritable poésie. Italie – Angleterre, pays poétiques. La

langue française est, de par son algèbre, ses volumes durs, volumes qui s’emboîtent, ses lignes nettes propres à cerner les fantômes,

son aptitude au calembour, ses ressorts de piège, sa couleur abstraite, une admirable idiote de poésie. […] Ce qui est pur ne peut être

combiné. Je m’oppose à toute combinaison. Une belle vie n’est-elle pas la combinaison type ? Je reste pur. D’échec en échec. La

Lettre

à Maritain

était, reste et restera le type d’une lettre d’amour. En ce sens je n’y changerais pas une ligne. Mais cet échec doit servir

à la

longue

. Pour servir tout de suite, pour devenir

efficace

, pour que j’en

profite

, il fallait, par exemple, en face de

J’adore

, lâcher

D

esbordes

qu’on assassinait. […]

M

aritain

est la seule personne dont le cœur pense comme un cerveau sans aucune des maladresses du cœur. Il

ressemble à ces beautés du type mannequin sur qui tout va sans retouche. Cette singularité lui permet de rester pur là où n’importe qui

combinerait pour rester d’accord avec soi et le reste. Me le nier serait fou ! On l’accusa de me prendre au piège. C’était exact. Mais ce

piège m’attirait

dehors

 »...

32.

Jean COCTEAU

.

M

anuscrit

autographe signé,

Ainsi va le Monde

 ; 5 pages in-4 avec ratures et corrections. 500/600

J

olie

chronique

sur

la

mode

pendant

la

G

uerre

. « La mode éclabousse. Elle n’est jamais éclaboussée. Elle est insolente. Elle a

l’insolence de l’extrême jeunesse, car elle meurt vite et donne tout son bouquet d’un coup. [...] L’esprit de contradiction mène le monde.

L’esprit de création est sa forme la plus haute ». Cocteau se remémore le Paris de l’Occupation, et l’influence de notre mode sur les

Allemands : « Rien n’était plus drôle que les petites dames allemandes en uniforme, lesquelles, peu à peu, dans le métro, essayaient

de rendre leur tenue moins morne, frisaient leurs cheveux et juchaient leur bonnet de police ». Il évoque aussi « les gabardines jaunes,

mauves, rouges, vertes, ces étonnantes étoffes qui naquirent de ce qu’on n’en pouvait fabriquer d’autres [...] Ainsi, grâce à l’empêchement

où s’excite tout ce qui invente, l’esprit qui voulait tuer le nôtre nous a ouvert des routes nouvelles »…

33.

Jean COCTEAU

. L.A.S., 11 octobre 1954, [à Aimé

M

ichel

] ; 1 page et quart in-4.

150/200

[Pionnier des études sur les OVNI, Aimé

M

ichel

(919-1992) venait de publier

Lueurs sur les soucoupes volantes

, préfacé par Cocteau.]

« Ne te laisse surtout pas envahir par l’aquabonisme – pire que le fairepartisme que je te conseille d’exciter en toi comme antidote. Il est

vrai que te voilà fébrile et apte à te détacher du sol. Je suis hélas victime de cette imprudence au point de ne plus lire dans un journal

que ce qui concerne les

soucoupes

. Accroche-toi. Je n’arrive plus à rien faire sauf faire de petites entreprises telles que dessins et lettres.

Plon doit te mettre du plomb dans l’aile et c’est à cet usage que j’ai prié qu’on t’y incorpore. J’aime aussi tes rêves de navigateurs »...

Littérature