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les collections aristophil
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BEETHOVEN LUDWIG VAN
(1770-1827).
L.A.S., [Baden fin juillet début août
1825], à l’ARCHIDUC RODOLPHE ; 3
pages in-4 (encre un peu pâle, fentes
aux plis très bien réparées).
100 000 / 120 000 €
Très belle et exceptionnelle lettre à l’Archi-
duc Rodolphe, une des très rares (peut-être
la seule) de cette correspondance encore
dans une collection privée
.
Dans cette lettre, le compositeur exprime sa
joie de savoir l’Archiduc de retour à Vienne.
Puis, il l’informe de son état de santé : une
inflammation de l’intestin a failli lui être fatale,
et s’il va mieux maintenant, il n’est pas com-
plètement rétabli pour autant. Pour terminer,
il se met à la disposition de Son Altesse
pour venir jouer de la musique avec lui dans
quelques jours.
L’Archiduc RODOLPHE d’Autriche (1788-1831),
fils cadet de l’empereur Leopold II d’Autriche,
prince-archevêque et cardinal, fut l’élève,
l’ami et le bienfaiteur de Beethoven, qui
lui a dédié quatorze de ses œuvres, dont
la sonate
Les Adieux
, le
Trio à l’Archiduc
,
le
5
e
Concerto “l’Empereur”
, la
Sonate
Hammerklavier
, et la
Missa solemnis
. La
majeure partie des lettres de Beethoven à
l’Archiduc est conservée à la Gesellschaft
der Musikfreunde de Vienne, et quelques
autres à la Nationalbibliothek de Vienne, la
Deutsche Staatsbibliothek de Berlin, et la
Beethovenhaus à Bonn.
Aussitôt qu’il a lu dans le journal l’annonce
du retour à Vienne de l’Archiduc, il a voulu
lui écrire pour lui exprimer sa joie ; il l’a fait
mille fois en pensée, mais il ne tient pas à
confier à la poste ses lettres pour la Burg,
puisqu’à plusieurs reprises les siennes ne
sont pas arrivées ; il a préféré attendre le
retour de l’un de ses amis à Vienne pour
savoir sa lettre en mains sûres. Il apprend
avec tristesse que l’Archiduc a été indisposé,
et espère une prompte guérison, même s’il
doute que l’air de Vienne puisse convenir
à son état. S’il avait encore un logement en
ville, il serait rentré plus tôt pour venir voir
l’Archiduc ; mais sa santé vient d’être fort
ébranlée par une
inflammation intestinale
qui l’a mis presque aux portes de la mort,
et s’il va mieux maintenant, il n’est pas com-
plètement rétabli pour autant. C’est pitié que
l’homme doive payer encore son tribut à la
faiblese de la Nature. Il termine en se mettant
à la disposition de Son Altesse pour venir
passer avec lui quelques heures de musique
s’il le souhaite…
« Ihre Kaiserliche Hoheit! Gleich ihre Ankunft
in Wien hatte ich in der Zeitung gelesen u.
wollte gleich schreiben, um I.K.H, meine
Freude darüber auszudrücken, dies ist denn
in Gedanken tausendmahl geschehen, der
Post vertraue ich nicht gern Briefe in die Burg,
da ich schon mehrmahlen erlebt habe, daß
selbe gar nicht angekommen sind, ich wartete
daher auf die Ankunft von einem meiner
Freunde hier, um meinen Brief sicher ann-
kommen zu wissen in Wien – mit Betrübniß
u. großter Theilnahme erfahre ich von I.K.H
ihr übelbefinden, hoffententlich wir es wohl
bald vorübrgehen, ob aber
jetzt
die
Luft
in
Wien den Zustand der Gesundheit I.K.H
verbeßern
wird, daran zweifle ich; – hätte
ich eine wohnung in der Stadt, so hätte ich
mich früher sogleich in die Stadt begeben
um I.K.H. meine geziemende Aufwartung
zu machen – meine Gesundheit hat leider
früher einen starken Stoß erhalten durch eine
Gedärm Entzündung
, wobey ich am den
Pforten des Todes mich beynahe befand,
doch geht es
jezt beßer
; obschon noch nicht
ganz hergestellt – traurig daß eine grewiße
Bildung der Menschen auch ihren tribut
der schwäche der Natur bezahlen muß ; –
ich werde morgen oder übermorgen noch
nachschreiben u. mir die Freyheit nehmen,
I.K.H zu sagen was das beste wäre, wenn
Höchstdie selben wünschten wieder enige
Stunden Musikal. zuzubringen mit mir.
Alles, was nur der Himmel gedeihliches
herabschickt, gedeihe für I.K.H. I.K.H mit
inningster Theilnahme gehorsammst treuster
Diener. Beethoven. »
Beethoven Briefwechsel
(Brandenburg n°
2021). [Ex Anderson n° 493 (mal daté)].