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les collections aristophil

1117

BOULEZ PIERRE (1925-2016).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signé,

Deuxième

Sonate

pour piano

(1948) ; 1 feuillet de titre et 23 pages

in-fol.

30 000 / 40 000 €

Précieux manucrit de la

Deuxième Sonate pour piano

, œuvre

majeure de la production du premier Boulez et du répertoire

pianistique du vingtième siècle

.

Composée d’octobre 1947 à mai 1948, elle fut créée par Yvette Gri-

maud à l’École Normale de Musique, au Concert des éditeurs, le 29

avril 1950, et publiée la même année chez Heugel.

Le manuscrit est tracé avec précision à l’encre noire sur papier à 26

lignes Il est signé et daté en fin : « mai 48 / octobre-novembre 47

février 48 ». Il porte cette note en tête : « Remarque générale : Pour

l’interprétation des nuances, éviter absolument, surtout dans les tempos

lents, ce que l’on convient d’appeler les “nuances expressives” ».

La

Sonate

est divisée en quatre mouvements :

I.

Extrêmement rapide

;

II.

Lent

;

III.

Modéré, presque vif

(page 15 : 22 mesures biffées et insertion d’un

feuillet avec 9 mesures nouvelles) ;

IV.

Très librement, avec de brusques oppositions de mouvement et

de nuance

.

Citons le beau commentaire de cette

Deuxième Sonate

par André

Boucourechliev : « Dans cette œuvre, le système dodécaphonique

se transforme en une conception sérielle – beaucoup plus élargie

– du langage musical, qui régit non plus les sons mais les rapports

sonores, et fait entrer le rythme, sous une forme extrêmement déve-

loppée et une organisation autonome, dans ses nouvelles structures.

Boulez procède ici par cellules rythmiques brèves, constituées en

véritables thèmes rythmiques indépendants, et développées selon

des principes mis en valeur et enseignés par Messiaen : rythmes

non rétrogradables, canons rythmiques, transformations, augmen-

tation et diminutions proportionnelles des valeurs, etc. L’autonomie

rythmique des contrepoints dans la Sonate de Boulez (où, comme

l’indique le compositeur, toutes les voix sont également importantes),

l’abolition totale de toute pulsation régulière (la barre de mesure n’est

plus qu’un repère visuel pour l’exécutant), créent un temps musical

nouveau, d’une totale discontinuité, qui exige de la part de l’auditeur

une écoute nouvelle car, évidemment, c’est tout le contraire d’une

évasion que nous propose l’œuvre de Boulez ; elle fait appel à notre

participation, à notre propre inquiétude : alors seulement – et bien

plus vite qu’il ne semble au premier abord – elle se révèle, avec ses

violences rythmiques discontinues et imprévisibles, étonnamment

proche de nous, de notre sensibilité d’hommes modernes ».

On a joint les épreuves corrigées

(Heugel 1950) tirées en bleu par

le graveur Buchardt (48 pages chaque) : la première épreuve (8

décembre 1949) est

surchargée de corrections autographes

; la 2

e

épreuve porte la commande du tirage (datée 21-2-50).

Plus une L.A.S. de Pierre Boulez

(1 p. in-8), avec une page in-4 de

corrections autographes pour l’Errata ; plus le feuillet d’épreuve de

l’Errata.

Bibliographie

: Dominique Jameux,

Pierre Boulez

(Fayard 1984), p.

298-315 (analyse détaillée de la

Deuxième Sonate

).

Discographie

: Maurizio Pollini (Deutsche Grammophon, enr. 1976).