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Histoire
devant notre culte sacré, qui est devenu notre vie »... À minuit ¾.
« Revenu du spectacle français à minuit, j’ai du encore achever des
paperasses […] ton mari se sent tout imprégné de notre délicieuse
soirée et de nos bingerles, qui nous ont fait jouir de nouveau jusqu’au
délire. Oh ! que
c’
était bon ! [...] Je suis persuadé que mon adorable
petite femme éprouve la même chose et que tous les détails de ces
chers moments la hantent comme moi. Je te vois encore couchée
dans ma chemise et promenant ensuite en écossais par en bas et
en hussard par en haut, et dansant ensemble la mazourka, comme
des fous que nous sommes »...
Catherine Dolgorouki
3-4/15-16 novembre 1871
, n° 293. « Je me sens toute triste de ne pas
te voir de toute la journée [...] je ne puis plus vivre loin de toi, c’est un
besoin de mon existence de me retrouver dans tes bras, mon ange
délirant, ma seule consolation. […] je t’aime à la folie, tu es mon mari
adoré qui forme mon bonheur, aussi rien ne peut être comparé au
sentiment de s’adorer comme nous et jouir du délire de n’appartenir
que l’un à l’autre devant Dieu et notre conscience pour toujours, ce
qui nous relève à nos propres yeux et nous soutient aussi [...] Je
comprends que tu es hanté par nos bons moments passés ensemble,
oh ! que j’aime à te carresser car tu es si appétissant et délirant [...]
je sens que nous sommes plus fous amoureux que jamais l’un de
l’autre et que cela déborde terriblement »…
4-5/16-17 novembre 1871
, n° 294. « J’ai des douleurs au bas-ventre
depuis cette nuit [Katia est enceinte pour la première fois], cela
m’agasse affreusement. Ta bonne lettre que je viens de recevoir
m’a remplit de soleil et est le reflet de ce cœur qui ne vit que par toi
mon ange adoré, ma vie, ma seule et unique consolation. Je t’aime
à la folie et suis heureuse de t’adorer et me dire que tu n’appartiens
qu’à moi seule devant Dieu et ta conscience pour toujours, ce qui
nous relève à nos propres yeux et nous soutient en tout, aussi il faut
avouer que rien ne peut être comparé au bonheur d’avoir un trésor
sacré en soi et ne former qu’un de corps, d’âme et de cœur. [...]
nous ne pouveons plus vivre sans penser l’un à l’autre, cette absor-
bation est un vrai bonheur que nous sommes les seuls à connaître.
Je sens aussi que nous éprouveons la même impatience de nous
retrouver ensemble dans notre cher nid et cela déborde en nous
plus que jamais »...
17-18/29-30 novembre 1871
, n° 307. « Je savais bien que notre bonne
journée d’hier nous laisserait la même délicieuse impression, et
j’adores comme toi à nous reposer et jouir comme des fous que
nous sommes. Je suis contente pour toi de mon appetit qui certes
ne peut me faire que du bien dans mon état [elle est enceinte]. Par-
donnes-moi d’avoir pleuré hier, mais que veux-tu c’est parce que je
t’aimes et que je penses à toi, que je ne voudrais pas mourir sachant
combien le sentiment de se voir d’un coup ainsi dire plongé pour
toujours dans un abîme de tristesse et de tout ce qu’il y a au monde
de plus triste et se dire que notre vie c’est en allé avec l’être adoré, est
affreuse et peut nous rendre fou. Mais ce qui au moins est consolant
c’est la persuasion que j’aurais emporté, que tu n’aimeras personne
et que tu te conserveras pour moi, et que rien ne te ferais oublier
les devoirs que tu remplirerais pendant ma vie. Tu n’es pas capable
de te consoler après ma mort et ta conscience ne te permettera
.../...