N° 21 – Catalogue de vente du 2 avril 2020
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Léon de Jouvenel et quelque autres. Il est illustré de 6 aquarelles plutôt
naïves, dont 2 représentent des personnages en costumes des alentours
de La Rochelle, d’un dessin, de 3 lavis, et d’une gouache montrant
l’irruption du Vésuve en 1805, par Mlle de Chastellux.
La reliure de l’album, finement réalisée, est à attribuer à l’atelier de
Joseph Thouvenin, et témoigne d’une manière d’escroquerie dont se
rendit coupable le papetier parisien Alphonse Giroux. Thouvenin avait
accepté par contrat de réaliser des reliures pour le compte de Giroux,
en y faisant apparaître non pas sa propre signature, mais celle du com-
manditaire. La supercherie fut dévoilée mais la pratique perdura même
après la mort de Thouvenin, les reliures étant ensuite réalisées par Bau-
zonnet dans les mêmes conditions (Cf. Fléty, p. 82).
Voir les reproductions.
1000 / 1500 €
218.
[Album amicorum romantique]
.
[Paris, 1832-1837]
.
In-12
oblong (13×21 cm), basane bleu nuit, dos à 4 nerfs, ornements à froid et
dorés, plats décorés d’une plaque centrale à froid, à motif floral, et bordés
de plusieurs filets avec fleurons angulaires, le tout doré, triple filet doré bor-
dant les contreplats, tranches dorées [Alph. Giroux] (avec un étui marbré
fendu et incomplet).
Charmant album amicorum romantique comportant
3 pièces auto-
graphes signées de Victor Hugo, Alfred de Vigny, Alexandre Dumas.
Il appartenait à André-Clément-Victorin Bressier (Aix, 1766 – Dijon,
1849), avocat sous l’Ancien régime, qui fit carrière dans l’administra-
tion des domaines, en Italie dès 1808, puis à Dijon à partir de 1821.
Très jeune, Bressier fut proche du poète François d’Arnaud, homme
politique, diplomate et député, auprès duquel il développa son goût
pour les belles-lettres. Il écrira plusieurs fables et poésies et publiera un
recueil intitulé Fables nouvelles (Dijon, 1824). L’historien Roux Al-
phéran dira de lui : « il est de ceux qui ont le plus approché l’inimitable
La Fontaine ». Il collabora également à la revue La Ruche provençale.
On trouve dans ce recueil les morceaux suivants :
D’Alfred de Vigny, 28 vers extraits de Héléna, datés « 1832 », soit les
vers n° 177 à 188, puis 349 à 364. L’édition originale d’Heléna a paru
en 1822.
De Victor Hugo, 6 vers extraits de Le Roi s’amuse, acte V, scène V
(l’E.O. a paru en 1832 ; un jugement rendu le 2 janvier 1833 par
le Tribunal de Commerce de la Seine, interdit la représentation du
drame « Le Roi s’amuse » à la Comédie-Française).
D’Alexandre Dumas, 22 vers extraits de «A toi », élégie à une dame
composée le 15 septembre 1831, et parue dans Nouveau keepsake
français, Paris, Janet, s.d. (1831 ou 32).
Le volume renferme en outre des pièces autographes signées de Del-
phine Gay de Girardin, A. Brizeux, G. de Pons, Paul Foucher, Vittoria
Petrucci de La Barre, Sainte-Beuve, Auguste Barbier, Frédéric Portalis,
De Constantin Ypsilántis, il est dit qu’il reçut une éducation digne
de son rang et de celui de son père, avant de se tourner vers la seule
vraie sagesse, c’est-à-dire la sainte Écriture. Mais tout en se montrant
sensible à cette « source des biens qui conduit à l’immortalité », indis-
pensable « à qui veut gouverner les hommes » et que « beaucoup de nos
contemporains ignorent en pensant qu’il s’agit de mythes terrestres »,
il n’a pas dédaigné la philosophie. Sa culture classique est d’ailleurs
évoquée tout au long du discours. L’auteur lui attribue la connaissance
du latin, de l’italien, du français, du perse et de l’arabe, ainsi que la
rédaction de deux livres dans lesquels il mêle « la langue des Arabes
de Perse à celle des Français, ce qui montre la valeur et le savoir de
l’homme ». Mais il n’a pas seulement connu le monde à travers sa fonc-
tion diplomatique et en temps de paix : il est signalé au lecteur qu’il
prit part « au tumulte et au fer », en sa propre personne, « de la grande
et très destructrice Révolution qui a eu lieu en France » (p. 8).
Plusieurs notes en français laissent entrevoir un contexte lettré et une
audience probablement familière des instances diplomatiques euro-
péennes. L’une d’elles (p. 15) se réfère à l’édition parisienne de 1802
de L’Esprit des Lois : l’Esprit de l’histoire de Montesquieu, et fournit
ainsi un premier indice de l’époque d’écriture du volume. On y trouve
encore des références à l’Histoire universelle (traduite de l’anglais), à
l’Émile de Rousseau, à Dion Cassius, à la vie de l’empereur Claude par
Suétone, aux écrits de Tacite et de Sénèque.
Enfin, l’auteur ne mentionne ni les événements de la guerre russo-
turque, ni la tentative de libérer les Balkans menée par Constantin
Ypsilántis lors du siège de Bucarest en 1806, ni sa mort en 1816. Il est
donc probable que ce panégyrique ait été composé de son vivant, dans
la première décennie du XIX
e
siècle. Makarios Kavadias semble en
tout cas avoir appelé ardemment de ses vœux la restauration de l’unité
nationale grecque et la libération du joug ottoman initiée par Ypsilán-
tis, si l’on en juge par l’éloquent explicit qui achève son discours :
«
Ô, toi qui es au-dessus de tous les princes et roi de tout, Christ notre Dieu,
/ à notre légitime, très pieux et très serein prince, /donne les insignes royaux
pour de longues années.
»
Analyse détaillée du manuscrit sur demande. Nous remercions mon-
sieur Georges Kiourtzian pour sa traduction et son aide à l’identifica-
tion de ce manuscrit, apportées gracieusement.
Voir les reproductions.
500 / 600 €
217.
[
Manuscrit
]. Panégyrique en grec, vers 1810. [
KAVADIAS
(Makarios)]. [Panégyrique à la gloire de Constantin Ypsilántis (1760-
1816)].
Petit in-4, [1] f., 34 p. Encre noire sur papier. Basane rouge
époque, dos lisse, large bordure et fleurons angulaires aux petits fers ornant
chaque plat, avec au centre dans un médaillon doré, une Crucifixion au
plat sup. et une Vierge à l’Enfant au plat inf., tranches dorées (coins et
plats frottés, quelques mouillures).
Ce panégyrique, très vraisemblablement demeuré inédit, loue les
mérites de Constantin Ypsilántis (1760-1816), Grand Drogman
(interprète) de la Sublime Porte de 1796 à 1799, hospodar (souve-
rain) de Moldavie de 1799 à 1801 puis de Valachie de 1802 à 1806,
père d’Alexandre Ypsilántis (1792-1828), fer de lance de l’insurrection
grecque contre l’Empire ottoman.
L’introduction consiste en un poème intitulé « Prologue des louanges
à Constantin, le très légitime prince. » Écrit dans une langue très sou-
tenue aux tournures sophistiquées, comme l’ensemble du discours qui
suit, il est l’œuvre d’un religieux grec qui signe de son nom la dédicace
du texte, p. 1 : «
Au très pieux, très grand et très serein / le très grand
prince, auparavant de Moldavie, et à présent de toute la Hongro-Valachie
/ le seigneur Constantin Ypsilántis / un texte en son honneur composé par
l’archimandrite Makarios / dont le nom civil est Kavadias, originaire de
Céphalonie.
»
Makarios Kavadias, mort en 1824, enseigna à l’Académie du Patriarcat
de Constantinople. L’on n’a de lui qu’un seul ouvrage, publié à Venise
en 1802, où il est question des Livres bibliques, mais également de
Voltaire.
Le texte se présente sous la forme d’un discours panégyrique à la gloire
de Constantin Ypsilántis et une défense de son œuvre diplomatique
en faveur de l’indépendance grecque face à l’Empire ottoman. Dès
les premières pages, l’auteur expose les raisons qui le poussent à faire
l’éloge de cet homme insigne. Ses origines constantinopolitaines lui
sont l’occasion de rappeler (p. 3) que la capitale de l’ancien Empire by-
zantin fut non seulement « la patrie de [cet] homme » mais également
« celle qui dans les temps anciens fut, de terre et de mer, ville reine,
Constantinople, assise entre l’Asie et l’Europe, mère et nourricière des
temps des héros, lumière de l’hellénisme. »
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