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186.

[

Jean GALTIER-BOISSIÈRE

(1891-1966)]. Environ 40 lettres à lui adressées, la plupart L.A.S. de 1949.

100/150 €

Au fondateur et rédacteur du

Crapouillot

: François Aman-Jean, Francis Ambrière, Michel Auclair, Germaine Béraud, Albert Blaser, Hélène

Bourdan, José Bruyr, Gabriel Chevallier, Jean-Paul Clébert, Paul Colline, James de Coquet, Manuel de Diéguez, Jacques Dumaine, Alfred

Fabre-Luce, Maurice Fombeure, Simon Gantillon, André Gillois, Raymond Guérin, Joseph Jolinon, Pierre Labracherie, Louis Martin-

Chauffier, Georges Neveux, Albert Préjean (plus photo dédicacée), Henri Queffélec, André Rosfelder, David Rousset, Jean Texcier,

Bernard Zimmer, etc.

O

n

joint

un tapuscrit du

Songe d’une nuit d’été

adapté par Georges Neveux, et un ex. de l’éd. orig. dédicacé à l’acteur Muni (plus des

coupures de presse, et le matériel de la musique de G. Auric).

187.

Léon GAMBETTA

(1838-1882) homme politique. L.A.S.,

Paris

22 janvier 1876, à Édouard M

illaud

; 1 page in-8, en-tête

La

République Française

.

200/250 €

Rentré précipitamment à Paris pour les élections sénatoriales, il y sera retenu au moins jusqu’au 1

er

février par les difficultés de sa tâche.

« D’ailleurs il me semble préférable d’attendre la période électorale pour les députés ; peut-être alors l’état de siège qui me traite en

corvéable et taillable à merci, ne me refusera pas à Lyon les facilités dont j’ai été privé dans les Bouches-du-Rhône. Nous pourrons alors

vers le 5 février […] nous expliquer publiquement sur la politique des élections législatives et le rôle de la future Chambre »… O

n

joint

des

copies de 6 lettres de Gambetta (1873-1874, sur papier du même journal).

Ancienne collection Édouard Herriot

(avec chemise autogr.).

188.

Giuseppe GARIBALDI

(1807-1882). P.S. comme Général commandant l’Armée des Vosges, 1

er

décembre 1870 ; contresignée par

le général Philippe B

ordone

, chef d’état-major ; 1 page in-4 en partie impr., en-tête

Commandement général de l’Armée des

Vosges

.

150/200 €

Nomination d’Albert Caire comme « Lieutenant d’Infanterie ».

189.

Paul GAUGUIN

(1848-1903).

M

anuscrit

autographe,

Messieurs les Juges, Messieurs les Jurés,

[1899] ; cahier in-fol. de 7 pages

sous couverture marquée « n° 4 » ; reliure moderne maroquin rouge, cadre de filet doré sur les plats, titre en lettres dorées sur

le plat sup., dos lisse, étui.

15 000/20 000 €

Projet de défense contre le procureur de Papeete.

[Victime d’un vol, Gauguin avait porté plainte, mais le procureur Édouard C

harlier

n’y avait pas donné suite. Furieux, Gauguin avait publié

dans

Les Guêpes

en juin 1899 une lettre ouverte à Charlier, au ton injurieux. S’attendant à être poursuivi (mais Charlier ne portera pas

plainte), Gauguin prépare ici par avance sa défense, dans un manuscrit soigneusement calligraphié ; un passage a été recollé sur une

version raturée].

« Est-il nécessaire de parler ici de délits de presse […] en cette fameuse lettre qui amène ici un honnête homme à la barre du Tribunal

sans autre défenseur que lui-même, tellement dans cette colonie un procureur peut jeter le désarroi et l’effroi autour de lui. [..] cela rend

bien intéressante la situation du pauvre colon, de ce fait livré à la merci de l’arbitraire et de la puissance administrative. Il ne lui reste plus

alors qu’à compter sur lui même, sur l’honorabilité de sa juste cause, puis aussi sur l’impartialité de ceux qui sont là pour le juger. Écrivant

à Monsieur Charlier, Papeete, je me croyais autorisé à lui expliquer mes griefs parce qu’il se disait mon ami ; quelques conversations, non

plus entre Procureur et artiste mais entre amis, m’avaient fait penser qu’il était de mon monde. Or dans mon monde il est établi que tout

homme qui se respecte fait passer, toujours, sa dignité devant ses intérêts. [...] En résumé ma lettre disait. Monsieur, vous me battez et

cela me fait mal, dites-moi donc si c’est dans le but seul d’être méchant à mon égard, je serais alors forcé de vous demander satisfaction

par les armes. Dans mon monde et dans tous les pays du monde, cette façon d’agir passe pour honorable. Et voyez si je faisais à

M

r

Charlier la partie tout belle. D’une part il est jeune et souple, et selon son affirmation possède 10 ans de salle d’armes. D’autre part, je

suis presque vieux, usé par le travail et une maladie de cœur, mes pieds toujours endommagés me supportant à peine, – toutes causes

d’infériorité dans un combat singulier »...

Gauguin n’a pas voulu dénoncer Charlier au ministère, et a gardé « le langage d’un artiste franc et loyal »... Il proteste contre l’absurdité

et l’arbitraire de ce procès. Il rappelle les devoirs du Procureur, et en appelle à la justice... « Mais quand il s’agit de vulgaires bandits

indigènes toujours en récidive révoltés d’hier, et que le plaignant n’a agi que sur les propres conseils du Procureur, le silence devient non

seulement incompréhensible, c.à.d. absurde, mais aussi un encouragement au brigandage : il annihile tout le travail du colon livré ainsi (1

contre 100) à toute une population malfaisante et à peine sortie de la barbarie. Ce n’est pas alors le plaignant qui se révolte mais la morale

et la raison. Le renversement de la Bastille au prix de tant de sang versé ne serait-il donc qu’une simple démolition architecturale, la pierre

venant alors ensevelir la parole ; les Droits de l’Homme de notr

e

siècle un leurre, foulés au pied finalement l’Iniquité élevée au dessus des

citoyens sur la tour des magistrats et des lois. J’ai parlé de sottise et devant cette appréciation qui n’a pas de double sens et qui n’a jamais

constitué une insulte, la montagne se soulève »...

Et Gauguin tire en termes amers la leçon de son éventuelle condamnation : « Ne compte plus désormais récolter le fruit de ton travail ;

tu devras courber l’échine sous les coups de bâton. Parce que c’est le bon vouloir du Procureur et

qu’il en a le pouvoir

. Aiguise tes dents,

dépouille-toi de ton habit d’honnête homme, deviens à ton tour Loup dévorant, et va chercher ta pâture dans le champ de ton voisin,

sûr de l’impunité, car c’est le bon vouloir de M

r

le Procureur.

Il en a le Pouvoir.

Puis finalement si tu es étranger, retourne dans ta patrie

expliquer à tes frères quels sont les pouvoirs d’un Procureur de la République française. »

Provenance

: vente après décès des objets et papiers de Gauguin à Papeete (2-3 septembre 1903) ; acheté par Victor S

egalen

; archives

Annie Joly-Segalen (vente 12 juin 1992, n° 66).

Exposition

De Maillol et Codet à Segalen. Les amitiés du peintre Georges-Daniel de Monfreid et ses reliques de Gauguin

(Galerie Jean

L

oize

, 1951, n° 276).