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127. BERLIOZ (Hector). L

ETTRE AUTOGRAPHE

SIGNÉE

À

SON

ONCLE

F

ÉLIX

M

ARMION

, datée

Berlin 30 mars

[1843],

4 pages in-8 (216 x 139 mm) sous chemise demi-maroquin rouge.

1 500 / 2 000 €

P

REMIER

SÉJOUR

EN

A

LLEMAGNE

ET

PREMIERS

SUCCÈS À

L

ÉTRANGER

.

Berlioz, tout juste arrivé à Berlin, confie à son oncle, grand amateur de musique, de nombreux détails sur sa tournée de concerts en

Allemagne où son nom résonnait déjà. En 1834, Liszt avait en effet transcrit pour piano la

Symphonie fantastique

et Robert Schumann

faisait son éloge

dans la revue

Neue Zeitschrift für Musik.

Ce “voyage musical” (décembre 1842-mai 1843), dont il rêvait depuis

longtemps, verra ses premiers triomphes à l’étranger.

J’ai reçu à Stuttgard votre lettre et vos lettres pour Munich ; malheureusement je n’ai pu profiter des entrées qu’elles me donnaient

[…]

des

impossibilités matérielles sont survenues à cette époque

[…]

décampé au plus vite vers le nord de l’Allemagne, sans visiter la capitale

de la Bavière et de la bierre

[sic]

plus j’avance et plus je suis festoyé, choyé, adoré et payé

. […]

Vous avez dû lire dans les journeaux

[sic]

de toutes les couleurs mes bulletins de la grande armée ; le Frrrançais se couvre de lauriers sur toute la ligne, on est content de

moi ! Vous avez vu à Dresde les sérénades, à Brunswick les couronnades, les soupers, les vers, les toasts ! à Hambourg d’où j’arrive ils

m’ont rappelé deux fois après le concert

[…]

Je gagnerais assez d’argent si je n’en dépensais pas si horriblement mais

[…]

le transport

de ma musique qui pèse 500 livres (vous voyez que ce n’est pas de la musique légère)

[…]

je suis

abymé par cette vie de répétitions

continuelles, qui comporte néanmoins des satisfactions : A propos de chanteurs j’en ai trouvé deux qui ont tout à fait remué le cœur des

Saxons et des Hambourgeois avec ma cantate sur la mort de l’Empereur

[Le Cinq Mai ou la Mort de Napoléon, composée en 1835 sur

un poème de Béranger]

traduite en allemand

[…]

J’aurai ces jours-ci une audience du roi de Prusse

[Frédéric-Guillaume IV]

à qui je

vais dédier mon Traité d’instrumentation qu’on publie en ce moment à Paris. Tout le monde, Meyerbeer en tête, m’a fait l’accueil le plus

empressé et le plus amical ; mais je vois devant moi deux cents sauvages à civiliser, c’est-à-dire deux cents musiciens nouveaux à instruire

et j’en sue d’avance

[…]

Il n’y a rien en Allemagne d’aussi complètement bien qu’au conservatoire de Paris, mais il y a partout de

l’excellent. Je dois même dire qu’en raison de la soumission des musiciens et leur discipline aux répétitions, j’ai obtenu des résultats

supérieurs

[…]

à ceux de Paris. Ainsi à Brunswick et à Hambourg et à Leipzig, j’ai été exécuté d’une manière irréprochable

[…]

Les chœurs sont en revanche très faibles, il y a un préjugé français en leur faveur dont il nous faut décidément revenir. Les chanteurs

ténors et les femmes sont d’une médiocrité insolente ; on ne chante pas plus sottement.

(Berlioz écrira cependant le contraire dans ses

Mémoires

) […]

Après mes concerts d’ici, peut-être irai-je à Breslaw

[…] ;

sinon je retournerai à petites journées à Paris le centrum

gravitatis du monde musical et de tous les mondes possibles.

Berlioz,

Correspondance générale,

éd. P. Citron, t. VIII, n° 823 ter.

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