125. [PAGANINI (Niccolò)]. — BERLIOZ (Hector). C
OPIE AUTOGRAPHE
,
EN
ITALIEN
,
DE
LA
LETTRE
QUE
P
AGANINI
LUI
AVAIT ADRESSÉE
le
18 décembre 1838
, 1 page in-8 (212 x 137 mm), sous chemise demi-maroquin rouge moderne.
1 200 / 1 800 €
B
EETHOVEN MORT
,
IL N
’
Y
AVAIT QUE
B
ERLIOZ QUI
PÛT
LE
FAIRE
REVIVRE
.
C
OPIE DE
LA MAIN DE
B
ERLIOZ DE CETTE MAGNIFIQUE
LETTRE RÉVÉLANT TOUTE
L
’
ADMIRATION QUE
P
AGANINI
LUI
PORTE
.
Deux jours après avoir assisté à un des premiers concerts dirigés par Berlioz, Paganini, débordant d’enthousiasme, se jette à genoux
sur la scène, pour lui baiser la main. Le lendemain, il lui fait parvenir un bon de 20 000 frs. Bouleversé, Berlioz lui répond : « Je ne
suis pas riche, mais croyez-moi, le suffrage d’un homme de génie tel que vous me touche mille fois plus que la générosité royale
de votre présent ».
On ignore où est conservé l’original de cette lettre, mais Berlioz, très touché par cet hommage, l’a très vite retranscrite, souhaitant
sans doute dupliquer cette précieuse relique.
Mon cher ami,
Beethoven mort, il n’y avait que Berlioz qui pût le faire revivre ; et moi qui ai goûté vos divines compositions dignes d’un génie tel
que vous, je crois de mon devoir de vous prier de bien vouloir accepter, comme un hommage de ma part, vingt mille francs qui vous
seront remis par M. le baron de Rothschild sur présentation de l’incluse.
Croyez-moi toujours votre très affectionné ami.
Nicoló Paganini.
Paris 18 décembre 1838
La lettre avait été publiée, en fac-similé, dans la
Gazette musicale
du 23 décembre 1838 (n° 51).
Berlioz,
Correspondance générale,
éd. P. Citron, t. II, p. 488. “Berlioz l’a reconstitué de tête, inexactement, au chapitre XLIX de
ses mémoires”.
Papier légèrement froissé et infime déchirure à la pliure centrale.
126. BERLIOZ (Hector). L
ETTRE AUTOGRAPHE
SIGNÉE
,
À
SA SŒUR
N
ANCY
P
AL
, [5 juillet 1842], signée de ses initiales,
3 pages et demie in-8 (214 x 138 mm).
2 000 / 2 500 €
À
PROPOS
DE
LA MUSIQUE
ET DES
ÉCRIVAINS
DE
SON
ÉPOQUE
.
Nancy a raison d’être mécontente, car il a trop tardé à lui écrire. Les rapports de Berlioz avec sa sœur s’étaient refroidis à la suite
de son mariage avec
ce que peut être la musique religieuse que tu as subie dans la cité Phocéenne
[…]
Au reste ton éducation
n’était pas faite et tu ne savais pas encore très probablement, que la musique religieuse classique était pour les esprits incultes
comme les nôtres, tout ce qu’il y a de plus grossièrement antireligieux. Il y a aussi des centaines de morceaux de grands maîtres
qui (même bien exécutés) seraient aussi beaux (ou aussi laids) pour toi et pour moi que la fugue du monsieur de Marseille…
Il
n’a pas obtenu la succession de Wilhem (inspecteur des écoles primaires), malgré le soutien du duc d’Orléans, de Villemain, de
Guizot et de Bertin.
Sur sa
Symphonie funèbre et triomphale
:
« je t’apprends que je l’ai revue, corrigée et aggravée d’un chœur, outre les deux
orchestres, et que nous la donnerons ainsi armée ce mois-ci (vers le 25) à l’Opéra
[…]
Scribe ne me donne pas la suite de la
Nonne, tant il a été absorbé avant, pendant et après son mariage ».
Après avoir évoqué un ténor ami de Camille Pal, il donne des nouvelles de son fils Louis, puis parle littérature : «
La Littérature
haute sommeille un peu depuis quelques temps. Les Romanciers seuls produisent énormément ; Eugène Sue, entre autres,
prodigieusement. Il y a de quoi (de quoi suer)
[…]
Le pauvre Balzac, ce malheureux homme d’esprit, galérien innocent, passe les
nuits à se désespérer en travaillant, il dort à peine quelques heures par jour. Soulié est à peu près dans la même position. Et dire
qu’il y a d’affreux crétins, possesseurs de 60 millions qui ne donnent pas deux sous
[…]
pour tirer d’affaire des gens comme ceux-
là ! Aussi, malgré son amour pour les tableaux, j’avoue que j’ai poussé un fier éclat de rire en apprenant la mort de ce banquier
Aguado !!
[Alexandre Aguado, richissime banquier et collectionneur] […] Berlioz condamne l’avarice de […]
laides vieilles
grenouilles de millionnaires,
et, dans un
post-scriptum
: Rien de nouveau pour l’Institut
. […]
je me présenterai néanmoins. De
Vigny a été écarté une seconde fois à l’Académie
[le 4 mai 1842]
pour un monsieur qui s’appelle Patin et qui est fort connu dans
son quartier ».
Correspondance générale
, éd. de P. Citron, t. II, lettre 771, p. 723.
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