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les collections aristophil

Appréciant peu son apparence, Jean Cocteau ne s’est jamais fait

d’illusions sur son physique, disant de lui dans

La Difficulté d’être

,

en 1947

: «

Je n’ai jamais eu de beau visage. La jeunesse me tenait

lieu de beauté. Mon ossature est bonne. Les chairs s’organisent mal

dessus. En outre, le squelette change à la longue et s’abîme. Mon

nez, que j’avais droit, se busque

»...

Les autoportraits de Jean Cocteau sont souvent des figures stylisées

de lui-même. Ici, c’est l’homme réel qui perce, sans enjolivements

:

Jean Cocteau a déposé le masque et donné à voir sa vraie figure,

d’où se dégage une indéniable virilité.

Une variante de cet autoportrait est imprimée à la fin de

Portraits-

souvenir

(Grasset, 1935).

Exposition

Jean Cocteau, sur le fil du siècle

(Centre Georges

Pompidou, 2003).

Provenance

: collection André BERNARD.

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COCTEAU JEAN

MANUSCRIT autographe signé « Jean Cocteau

»,

Cherchez

la femme

, [1933]

; 4 pages in-4 au crayon avec corrections

et additions à l’encre.

500 / 700 €

Sur Mae West et la féminité

.

Jean Cocteau écrivit ce texte après avoir vu le film de Lowell Sherman,

She done him wrong

(en français,

Lady Lou

), sorti en 1933 et dont le rôle

principal était tenu par l’exubérante Mae WEST. Elle y tient rôle d’une

tenancière de bar qui traite les hommes avec la même désinvolture

qu’Hollywood traite habituellement les acteurs. Cette vision causa

à Cocteau un choc certain

: «

J’y pensais en recevant au cœur, à la

manière d’un coup de

Pancrace

, les images terriblement réalistes

de May West

»... Cette vision d’une actrice pleine de force, de vie, à

la présence charnelle triomphante lui évoque par contraste les deux

stars du cinéma qui en sont l’exact opposé

: Greta GARBO et Marlène

DIETRICH, « beautés fantômes, créées de toutes pièces pour l’image […]

deux grandes statues mystérieuses, pâles comme des mortes, lentes et

violentes comme des héroïnes d’Edgar Poe

». Dans l’esprit de Cocteau,

la femme est soit évanescente, irréelle, soit au contraire d’une vitalité

presque effrayante. Où est la vraie féminité

? Malgré les apparences,

elle n’est peut-être pas du côté de Mae West, qui lui fait plutôt songer

au monde masculin, «

ces hommes protée de foire, dans ces grands

garçons effrayants du bal de Magic-City, dans ces numéros ambigus

de music-Hall qui épanouissaient leur

toupet infernal

, à New York, en

1920. […]

Cherchez la femme

! L’énigme reste à résoudre

»…

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COCTEAU JEAN

La Machine infernale. Pièce en 4 actes

(Paris, Bernard

Grasset, collection « Pour mon plaisir

», 1934)

; in-8, broché,

non coupé, non rogné, couvertures imprimées en noir et

rouge.

500 / 600 €

Édition originale, un des 19 exemplaires de tête sur papier Japon

impérial

(n°

12), avec une suite de 16 dessins de l’auteur reproduits

à pleine page.

66

COCTEAU JEAN

DESSIN original signé,

Autoportrait

, 1935

; encre de Chine,

25,5 x 19,5 cm (encadré).

3 000 / 4 000 €

Bel autoportrait du poète

.

Il est signé et daté en bas à droite « Jean

/ 1

er

Mai

/ 1935

/ Welcome

».

L’artiste s’est représenté de face, un foulard noué autour du cou.

Ce magnifique autoportrait a été réalisé en mai 1935, alors que Jean

Cocteau séjournait seul à l’hôtel Welcome de Villefranche-sur-Mer.

Il avait auparavant passé quelques semaines en compagnie de son

amant Marcel Khill à Antibes. Le poète était alors âgé de 45 ans. Il

avait du mal à se concentrer sur son travail, tâchant de se reposer

entre deux périodes de création intenses, et rejoignit finalement en

juillet Marcel Khill pour une croisière en Méditerranée.