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les collections aristophil
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COCTEAU JEAN 1889 1963
L’AURIGE. Manuscrit autographe signé, (1953). 5 pages in-4.
2 000 / 3 000 €
Important manuscrit de la préface à l’ouvrage de Doré Ogrizec,
véritable chant d’amour à la Grèce.
La Grèce antique influence toute l’œuvre de Jean Cocteau de la
Machine infernale à Orphée, d’Antigone à Œdipe-roi.
En 1952, à bord de l’Orphée II, le Yacht de Francine Weisweiller,
il eectue un périple en Grèce qui ravive sa passion pour ce pays.
La préface du livre richement illustrée de Doré Ogrizec s’ouvre par une
évocation de la statue en bronze de l’Aurige de Delphes, chef d’œuvre
de l’âge classique qui avait été découverte à la fin du siècle dernier.
Il associe ce conducteur de char qui semble avancer à l’aveugle à
la figure d’Œdipe.
… « J’ai toujours considéré l’Aurige de Delphes comme un aveugle en
marche immobile, un signe du temps qui nous dupe, d’une colonne
votive aux yeux d’émail et aux cils de bronze, une continuité de cette
Grèce dont je n’ai pas qualité pour dire le rôle qu’elle joue dans le
désordre du monde, mais à qui, en vertu du pouvoir conféré aux
poètes, je décerne l’ordre du mythe, ordre invisible et souverain… ».
« Pauvre petit Aurige ! Amputé, privé de son attelage, il ne s’arrête pas.
Il ne fait pas le geste du stop. Il s’acharne calmement sur un socle » …
… « Ayant consulté cet oracle je visitais la Grèce en y cherchant autre
chose que les traces de légendes et de Dieux que les Grecs créèrent
à leur image. On habitait le même immeuble, en quelque sorte. On
se croisait, mortels et immortels dans l’escalier ».
… « La généalogie des mythologues est moins suspectes que celle
des historiens ».
Toute l’esthétique de Cocteau est résumée dans ce principe.