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120

115. [PROUST].

– DAUDET (Léon).

Les Œuvres dans les hommes.

Paris, Nouvelle librairie nationale,

1922. In-16, 292-(4) pp., dos lisse à mors apparents, deux pièces de cuir à motifs imprimés de

faux tressé, l’une grise, l’autre verte, couvrant le dos et les bordures aux mors, la pièce de tête en

pointe coupant triangulairement les plats de médium verni satiné brun, petits cabochons noir,

doublures de nubuck gris, couvertures et dos conservés, chemise à dos de box marron doublé de

nubuck ébène, étui (

J. de Gonet 2005

).

12 000 / 15 000

É

DITION ORIGINALE

de ce recueil d’essais consacrés à Jean-Martin C , Édouard D , Edmond de

G

, Victor H , Frédéric M , Émile Z .

E

NVOI AUTOGRAPHE

SIGNÉ

«

À

M

ARCEL

P

ROUST

son admirateur et ami Léon Daudet

».

L

ÉON

D

AUDET

,

DÉDICATAIRE

DU

C

ÔTÉ

DE

G

UERMANTES

.

Très lié à la famille Daudet à partir de 1895, Proust fut

l’ami des ls d’Alphonse, c’est-à-dire du réservé Lucien et de son opposé le tonitruant Léon. Si ses liens furent

très affectifs avec le premier, ils furent littéraires avec le second. Écrivain ample et fécond, romancier, critique,

journaliste, essayiste et philosophe, Léon Daudet fut considéré en son temps comme un maître de la prose

française. Son nom devint encore plus fameux lorsqu’il fonda avec Charles Maurras le journal nationaliste

L’Action Française

dans lequel il exerça sa plume féroce de pamphlétaire antirépublicain. Malgré des opinions

personnelles très éloignées, Proust tenait à la lecture de

L’Action française

, tant le style et la liberté de ton y était

incomparables – il y publia par ailleurs en février 1921 un extrait du

Côté de Guermantes II

, «Un Baiser».

Proust utilisait Léon Daudet dans sa stratégie littéraire, lui envoyait régulièrement ses livres et t aussi imprimer

en tête du

Côté de Guermantes

cette dédicace élogieuse : «à l’auteur du

Voyage de Shakespeare

, du

Partage de l’enfant

,

de

L’Astre noir

, de

Fantômes et vivants

, du

Monde des images

, de tant de chefs-d’œuvre, à l’incomparable ami, en

témoignage de reconnaissance et d’admiration».

Léon Daudet, bien que férocement antisémite et antidreyfusard, fut subjugué par la personnalité de Marcel

Proust qu’il rencontra dès 1894 chez son père Alphonse Daudet, et sut comprendre son génie littéraire : il le

défendit contre son frère aîné Robert Proust, et vota en faveur des

Jeunes lles

pour le prix Goncourt 1919.

116. [PROUST].

– DAUDET (Lucien).

Calendrier

. Paris, aux éditions de La Sirène, 1922. In-16, 82 [dont

la première blanche]-(6 dont la dernière blanche) pp., dos lisse à mors apparents, deux pièces

de cuir à motifs imprimés de faux tressé, l’une brun roux, l’autre grise, couvrant le dos et les

bordures aux mors, la pièce de tête en pointe coupant triangulairement les plats de médium verni

satiné, petits cabochons noir, doublures de nubuck gris, couvertures et dos conservés, chemise à

dos de box beige brun doublé de nubuck beige brun, étui (

J. de Gonet 2005

).

15 000 / 20 000

É

DITION ORIGINALE

de ce recueil de poèmes en prose (Fouché,

La Sirène

, n° 130).

E

NVOI AUTOGRAPHE

SIGNÉ

«

À

M

ARCEL

P

ROUST

,

À

TOI MON CHER PETIT

,

avec mon admiration profonde et ma tendresse,

Lucien

». Proust dut en faire une critique avantageuse, d’après les remerciements que Lucien Daudet lui

adressa le 3 juillet 1922 : «Cela compte si peu le jugement des autres [...]. Tu penses, au contraire, combien

venant de toi, ce que tu me dis sur

Calendrier

a pu me combler. »

Exemplaire enrichi d’une lettre autographe signée de Lucien Daudet à son «

cher ami

» (Balmoral Palace,

Monte-Carlo, «

mercredi

», jointe) : «

Je suis bien en retard pour vous remercier de vos bons vœux dont j’ai été bien

touché. Trouvez ici tous les miens, je vous en prie, avec tous mes affectueux souvenirs... Je ne sais rien de Reynaldo

[Hahn] depuis bien longtemps.

»

L

E

«

CHER

PETIT

» L

UCIEN

D

AUDET

.

Très différent de son frère Léon, Lucien Daudet était timide, nerveux,

sensible, un peu efféminé, ce qui le rapprochait de Marcel Proust. Il rencontra celui-ci chez son père

Alphonse Daudet en 1894, et devint son ami en 1895 : ils partageaient le même esprit moqueur, faisant

la chasse aux clichés mondains et littéraires ou brocardant ensemble des personnalités comme le comte

de Montesquiou. D’amis, en 1895, ils devinrent amants, et leur liaison dura environ dix-huit mois : en

1897, Proust dut se battre en duel contre Jean Lorrain qui avait fait des insinuations dans la presse à ce

sujet. Après leur rupture, leur relation s’établit sur la base d’une amitié désabusée prompte à se rendre des

services réciproques, Proust faisant par exemple en 1910 dans

L’Intransigeant

la critique du

Prince des cravates

de Lucien Daudet. Celui-ci demeura néanmoins comme un véritable petit frère pour Marcel Proust, et fut

une des premières personnes prévenues par Reynaldo Hahn de la mort de l’écrivain en novembre 1922.

Provenance : Julien Bogousslavsky (vignette ex-libris).