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0 décembre (p. 495, par. 6). C’est pourtant parce que l’Abyssinie n’était pas “colonie” – et pas seulement, outre que
c’est là le seul endroit où nous ayons un peu longuement séjourné, parce que son christianisme ancien la rend plus
proche culturellement de l’Europe que ne le sont d’autres régions de l’Afrique – que je m’y suis senti, tout compte fait,
plus en contact que dans les autres pays que nous avons visités, pays dont les habitants tendaient à se présenter à moi
comme des ombres plutôt que comme des partenaires consistants. Bons ou mauvais, l’on a des rapports plus sains
avec des gens libres qu’avec des gens sous tutelle, le rapport du maître au serviteur ne pouvant jamais être un rapport
pleinement humain...
[Paragraphe biffé :
] 7 janvier (p. 507, par. 5) Je ne puis me dissimuler qu’en dépit de mon dégoût du fascisme, je me
suis plu beaucoup avec les coloniaux italiens rencontrés en Érythrée et me suis abandonné, sans la moindre réserve,
à leur cordial accueil... Mon attitude était, en l’occurrence, une attitude typiquement “coloniale” ; ce que je subissais
– n’en apercevant pas, alors, le véritable sens – c’était cette solidarité des Occidentaux unis entre eux par le lien que
représentent des niveaux de vie comparable et des habitudes communes...
12 janvier (p. 509, par. 7) Guéri du “mirage exotique” – ce qui, assurément, représentait un pas dans le sens d’une vue
plus réaliste des choses – j’étais encore trop égocentrique pour ne pas céder au dépit. M’en prenant aux “femmes de
couleur” dont j’avais tant rêvé, je les ravalais maintenant par boutade au rang de vulgaires animaux, comme si l’amour
fait avec quelqu’un sans nulle communication possible sur le plan du langage et dans des conditions telles qu’on ne
peut être uni à lui par un minimum d’entente érotique n’avait pas toutes chances, en effet, de ne guère se différencier de
la bestialité...
»
P
LUSIEURS
FEUILLETS
PORTENT
AU
VERSO
D
’
AUTRES
TEXTES
AUTOGRAPHES
ET
DACTYLOGRAPHIÉS
AVEC
CORRECTIONS
AUTOGRAPHES
,
DONT DES
POÈMES DU RECUEIL
H
AUT MAL
(1943).
Ils comprennent un très long extrait de son poème «
L
A
N
ÉRÉIDE
DE
LA
MER
ROUGE
»,
INSPIRÉ
PAR
SA
PARTICIPATION
À
LA
MISSION
D
AKAR
-D
JIBOUTI
, et d’abord publié en revue en 1936 (110 vers autographes et
8 vers dactylographiés, sur 4 pp.) : «
Djibouti / magma solaire / que la mer Rouge ronge comme un acide / tes femmes
y ont l’odeur du lait de chèvre et la saveur du sel / Vorace chienne / mon ombre infatigable m’y conduit aujourd’hui //
Quand je mourrai / à l’hôpital / en paquebot / chez moi / ou bien au cours d’une boucherie militaire / ce ne sera pas ma
tête mais mon corps / qui sera la fourmillière // Nœud gordien de mes entrailles / la douleur te tranchera / et la rouille
des ferrailles / amour te recouvrira...
»
Les autres textes, dactylographiés (4 pp. 1/2), sont le poème «Mano a mano», évocation de la corrida,
d’abord publié en revue en 1938, et des fragments de textes relatifs aux religions africaines.
Un feuillet porte également au verso une note manuscrite adressée à Pierre Leiris par l’imprimeur de
l’édition de 1951 pour lui demander un bon à tirer.
–
Un portrait photographique de Michel Leiris écrivant à la machine sous la tente durant l’expédition
Dakar-Djibouti.
–
Une lettre autographe signée d’Henri Ronse à Roger Borderie concernant la préparation d’un numéro de
la revue
Obliques
consacré à Michel Leiris.
–
Une bande de journal à l’adresse de la cousine de Michel Leiris, avec qui celui-ci fut élevé.
111. MALRAUX
(André).
La Condition humaine.
Paris, Éditions de la Nouvelle revue française, 1933.
In-4, (4 blanches)-404-(6 dont les 5 dernières blanches) pp., broché, chemise et étui illustré, petite
fente à un mors de couverture (
T. Treille
).
15 000 / 20 000
É
DITION ORIGINALE
de ce roman qui remporta le prix Goncourt.
U
N DES
39
EXEMPLAIRES DE
TÊTE NUMÉROTÉS RÉIMPOSÉS AU
FORMAT
IN
-4
SUR VERGÉ
pur l Lafuma-Navarre.