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« J’
ENTENDAIS
...
ÉLARGIR
JUSQU
’
À UNE MESURE
VRAIMENT HUMAINE MON HORIZON
»
110. LEIRIS
(Michel).
L’Afrique fantôme.
Paris, Librairie Gallimard (Nrf, «Les documents bleus »,
in-octavo, «Notre temps », n°12), 1934. In-8, 525-(4) pp., bradel de toile grège avec pièce de titre
rouge au dos, couvertures, dos et bandeau conservés, étui-boîte de maroquin noir avec plats de
papier marbré.
20 000 / 25 000
É
DITION
PARUE
LA MÊME ANNÉE QUE
L
’
ORIGINALE
.
32 planches hors texte dont une carte et 31 photographies.
E
NVOI AUTOGRAPHE
SIGNÉ
: «
À
MA
CHÈRE MAMAN
, bien tendrement. Michel
».
M
ICHEL
L
EIRIS
,
HISTORIOGRAPHE
DE
LA
MISSION
D
AKAR
-D
JIBOUTI
.
Son ami l’ethnologue Marcel Griaule, qui
devait diriger une expédition scienti que à travers l’Afrique, lui proposa de l’accompagner pour s’initier
à l’ethnographie et, comme écrivain, pour rédiger un récit de voyage. Leiris, rejoignant les conceptions
de Marcel Mauss et in uencé par le
Voyage au Congo
de Gide, choisit plutôt de tenir un carnet de route,
mais, en accord avec sa propre sensibilité littéraire, donna à son travail la forme d’un journal intime. Il put
ainsi enrichir ses observations de ré exions transversales précieuses sur les plans scienti que, littéraire
et humain : «Un seul homme peut prétendre avoir quelque connaissance de la vie dans ce qui fait sa
substance, le poète ; parce qu’il se tient au cœur du drame qui se joue entre ces deux pôles : objectivité
– subjectivité ; parce qu’il les exprime à sa manière qui est le
déchirement
... » (p. 250).
U
N
SURRÉALISTE
EN
QUÊTE
DE
DÉLIVRANCE
:
outre une plongée dans les sociétés africaines et leurs croyances,
L’Afrique fantôme
exprime la déception du jeune Leiris de ne trouver dans son voyage qu’un enrichissement
et non une trans guration : «Le voyage ne nous change que par moments. La plupart du temps vous restez
tristement pareil à ce que vous aviez toujours été » (p. 181).
E
XEMPLAIRE
ENRICHI DE
7
PIÈCES
:
– D
ACTYLOGRAPHIE
AVEC
NOMBREUX
AJOUTS
ET
CORRECTIONS
AUTOGRAPHES
DE
P
IERRE
L
EIRIS
(5 pp. 1/4 in-folio,
dont 3 au verso d’une dactylographie concernant les Antilles).
L’
IMPORTANTE
PRÉFACE
AJOUTÉE
À
LA
RÉÉDITION
DE
L’A
FRIQUE
FANTÔME
en 1951 chez Gallimard : «
C’est un livre
bien dépassé par la situation – et pour moi bien vieilli – que cette Afrique fantôme réimprimée aujourd’hui quelques
années après la mise au pilon, durant l’occupation allemande, de tout ce qui restait de sa première édition...
L’Afrique que j’ai parcourue dans la période d’entre les deux guerres n’était déjà plus l’Afrique héroïque des pionniers,
ni même celle d’où Joseph Conrad a tiré son magni que
Heart of darkness
, mais elle était également bien différente du
continent qu’on voit aujourd’hui sortir d’un long sommeil et, par des mouvements populaires tels que le Rassemblement
démocratique africain, travailler à son émancipation. De ce côté – je serais tenté de le croire – doit être cherchée la
raison pour laquelle je n’y trouvai qu’un fantôme...
Passant d’une activité presque exclusivement littéraire à la pratique de l’ethnographie, j’entendais rompre avec les
habitudes intellectuelles qui avaient été les miennes jusqu’alors et, au contact d’hommes d’autres cultures que moi
et d’autre race, abattre des cloisons entre lesquelles j’étouffais et élargir jusqu’à une mesure vraiment humaine
mon horizon. Ainsi conçue, l’ethnographie ne pouvait que me décevoir : une science humaine reste une science et
l’observation détachée ne saurait, à elle seule, amener le contact... Il me fallut un nouveau voyage en Afrique... puis,
en 1948, un voyage aux Antilles (où j’ai fait, comme trouvaille de loin la plus précieuse, celle de l’amitié des Martiniquais
qui, sous l’impulsion d’Aimé Césaire, revendiquent aujourd’hui une vie conforme à leur dignité d’hommes), il me
fallut ces deux autres voyages en pays coloniaux ou semi-coloniaux... pour découvrir qu’il n’y a pas d’ethnographie ni
d’exotisme qui tienne devant la gravité des questions posées, sur le plan social, par l’aménagement du monde moderne
et que, si le contact entre hommes nés sous des climats très différents n’est pas un mythe, c’est dans l’exacte mesure
où il peut se réaliser par le travail en commun contre ceux qui, dans la société capitaliste de notre XX
e
siècle, sont les
représentants de l’ancien esclavagisme..
. »
–
3
MANUSCRITS
AUTOGRAPHES
DE
P
IERRE
L
EIRIS
,
corrections et ajouts à l’édition originale de 1934 destinés à
l’imprimeur de l’édition de 1951 (10 pp. in-folio, 3 pp. in-folio , 1 p. in-folio) :
I
LS COMPRENNENT
PRINCIPALEMENT DES NOTES
EXPLICATIVES
ET CORRECTIVES
INSÉRÉES DANS
L
’
ÉDITION DE
1951
: