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RARETÉ :
1. Édition originale, pemière émission : un seul exemplaire aujourd’hui connu, celui-ci. Elle est homogène
2. Édition originale, seconde émission : USTC 15490 -- Longeon 251 : un seul exemplaire connu, BnF digitalisé sur Gallica :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k713234/f61.item.zoom. Elle est homogène mais sans Platon, car avec Marot, et donc sans deux
textes de Dolet
3. Édition originale, troisième émission : USTC 35668 -- Longeon 252 : 2 exemplaires connus BM Versailles (Fonds Goujet) et Aix
Méjanes. Elle est hétérogène car elle annonce Marot dans l’avis
Au lecteur
et présente Platon. Elle est aussi, comme la précédente, sans
deux textes de Dolet
4. Édition dite “lyonnaise” : USTC 15489 -- Longeon 250 : 4 exemplaires connus : Chantilly, Mazarine (Rés. 21994), Göttingen,
Bibliothèque Nationale de Vienne (digitalisé :
http://digital.onb.ac.at/OnbViewer/viewer.faces?doc=ABO_%2BZ155606807). Elle est
mal imprimée et n’a pu recevoir l’assentiment de Dolet. Nombreuses fautes
Ce livre a obtenu son certificat d’exportation
Exemplaire un peu court de marges
L’apparition sur le marché de cet exemplaire
Aimé Martin-marquis de Ganay
, jusqu’alors confiné dans le secret
des collections privées, permet de faire le point sur l’édition originale de ce texte, l’un des plus importants du
XVI
e
, et de rétablir une hiérarchie jusqu’ici peu lisible. Une édition, pour être originale, doit présenter deux
caractéristiques : être publiée du vivant de l’auteur et être reconnue par lui, c’est ce qu’on appelle l’aveu de l’auteur.
Le 6 janvier 1544, Dolet est arrêté chez lui à Lyon au milieu de sa famille tandis qu’il fête les Rois, après la découverte
de deux ballots de livres étiquetés à son nom contenant l’un des livres jugés hérétiques imprimés à Genève, l’autre
de livres imprimés par lui. Il fausse compagnie à ses geôliers dans des circonstances rocambolesques le 8 janvier
lorsque le “messager” en charge de son transport à Paris, Jacques de Veaux, accepte sa demande de repasser par son
domicile. Dolet s’enfuit alors au Piémont et devient une nouvelle fois tricard. Il connaît son destin et son risque. Dans
l’épître “Au Roi
”
publié dans ce
Second Enfer
, il ne veut pas se voir condamné à l’errance et “enrollé au renc des
scandaleux, / Des pertinax, obstinés, et mauldicts, / Qui vont semant des Livres interdicts”
Nombre de ses livres sont brûlés devant Notre-Dame de Paris le 14 février 1544. Depuis les montagnes du
Piémont où il s’est retiré, Dolet “prépare une série de poèmes sur son emprisonnement auxquels il donna le
nom de
Second Enfer
” (Copley Christie, p. 428). Ces épîtres sont au nombre de huit, encadrées par deux poèmes
“à ses amys”. Les dates imprimées ou évoquées, les événements du temps permettent d’établir la chronologie
suivante. L’épître “Au Roy” (
Ep. I
) est sans doute achevée dès janvier 1544. Dolet demande à François I
er
“d’évoquer” son affaire devant le Grand Conseil, c’est-à-dire de la soustraire au Parlement et à Mathieu Ory
(qui le condamnera) pour la présenter devant les Gens du Roi, au Grand Conseil, qui très certainement
l’absoudera comme il avait déjà absous certains protestants. Sinon, il se résout à implorer un nouveau pardon
royal qui nécessitera au préalable la reconnaissance de sa culpabilité, lui qui se sait innocent. Pour finir, il offre
son travail à venir au Roi “Vivre je veulx pour l’honneur de la France (...) / Et que je veulx mettre en degré
extreme, / Par mes labeurs, soit comme traducteur, / Ou comme d’œuvre (à moi propre) inventeur”
Dolet mentionne ici son travail de traducteur : “À la veille de son ultime procès, il avait traduit et imprimé les
Epistres Familiaires
(1542) et les
Questions Tusculanes
(1543) de Cicéron, ainsi que l’
Axiochus
et l’
Hipparche
attribués à Platon (1544)” (Longeon,
Second Enfer
, p. 86). Son projet d’une grande traduction de Platon est
donc ici évoqué devant François Ier. Dolet tente alors de faire parvenir son épître au Roi grâce à plusieurs
intermédiaires, celui de son troisième fils le duc d’Orléans, fils préféré de François I
er
: “Le père au filz rien ne
refuse” (
Ep. II)
, celui de Jean de Guise, cardinal de Lorraine, ami des artistes et des poètes puisque proche de
Baïf, Marot et Dorat (
Ep. III
), ou enfin par Anne de Pisseleu, duchesse d’Estampes et maîtresse du Roi depuis
1526 (
Ep. IV ;
le v. 6 évoque une date de janvier ou février 1544). Dolet, sans doute éperdu et à cours
d’argument, peut-être aussi devant le silence de ses démarches, sollicite alors la clémence du Parlement de
Paris (
Ep. V
) puis celle de la Sénéchaussée de Lyon (
Ep. VI
).