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JACOB (Max).

Des péchés.

Sans lieu ni date

[vers 1910]

.

Manuscrit autographe ; 1 page in-folio.

Longue méditation sur les péchés, apparemment inédite.

Que Dieu m’ouvre les entrailles !

[…]

Aujourd’ hui je veux méditer sur mes péchés

.

O graines qui ont poussé si haut

que l’ombre de la plante obscurcit la plante. Maintenant la fréquence de mes fautes m’en ôte l’ horreur et il est si

naturel que je pèche que j’ai fini par pécher sans le noter. O triste état ! Je me vante, je me plains, je juge et j’oublie.

Or depuis combien de temps est-ce ainsi ? Quand je ne m’en apercevais

[pas]

cela existait déjà, quand je n’étais pas

chrétien cela existait davantage puisque je faisais à peine la différence du bien du mal. Il y a eu la grande crise de

conversion, il y a eu le baptême, il y a le sacrement de pénitence. Le baptême efface en entier, le sacrement de pénitence

n’efface qu’autant que la contrition est plus ou moins forte, je pense.

[…]

Cependant la multitude de mes péchés est

telle, telle qu’on en est couvert comme d’une lèpre : contre Dieu par le manque de confiance, le manque d’application

et les exercices quotidiens, contre moi-même en abîmant mon âme par des amitiés déréglées et sensuelles, par l’orgueil

qui gonfle l’ âme à vide par tout ce qui sort l’ âme du ric-rac de son entier limité, contre le prochain par les convoitises

luxurieuses, le manque de charité en tous les aspects ; lutte par l’argent, par la prééminence, jugements, rapports,

médisances, mépris, plainte. Multiplicité.

[…]

Dieu donne, tu prends, tu ne remercies pas, ta bouche dit : Je dois tout à Dieu, ta conduite n’a rien pour lui plaire. Il

y a plus, tu déclares ta foi absolue et tu ne mens pas, tu crois ! mais ta conduite ne suit en rien tes principes et croyant

tu vis comme si tu ne croyais pas. Peau lépreuse ! corps déformé par le vice ! Es-tu un homme vivant non ! Tu ne l'es en

rien et Dieu aime l' homme vivant : que fera-t-il de l'animal informe, que sera ton âme à ta mort ?

[…].”

Depuis sa conversion en 1909, Max Jacob s’astreignait à écrire chaque matin une méditation, tout en appliquant

la leçon de l’

Introduction à la vie dévote

de Saint François de Sales.

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