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HUGO (Victor).

Lettres adressées à Valérie de Gasparin.

Guernesey, Hauteville House, 6 janvier

[1866] &

5 avril

[1869]

.

2 lettres autographes signées “Victor Hugo” ; 2 pages et 1 page in-8.

Deux charmantes lettres du poète en exil à la comtesse de Gasparin, femme de lettres genevoise,

dont une inédite.

Auteur d’une trentaine d’ouvrages salués par les écrivains du temps pour leur qualité littéraire, Valérie de

Gasparin (1813-1894) fut également une polémiste et mécène : avec son mari, elle fonda en 1859 la première

école laïque d’infirmières à Lausanne. Victor Hugo ne partageait pas, loin s’en faut, toutes les idées rigoristes de

Mme de Gasparin, mais il la lisait avec plaisir.

En 1865, Valérie de Gasparin publia chez Michel Lévy à Paris

Les Prouesses de la bande du Jura,

dont elle adressa

un exemplaire au poète en exil : ce dernier fut atteint d’ophtalmie en décembre et la nouvelle de sa maladie

s’étant répandue, plusieurs journaux l’annoncèrent aveugle – ce dont il se gausse à plusieurs reprises dans ses

lettres du début de 1866, comme ici, auprès de sa correspondante :

Les journaux ayant été jusqu’ à me faire aveugle, vous avez peut-être su, Madame, que j’avais eu mal aux yeux. Ceci

vous a expliqué comment il se faisait qu’après votre charmante lettre et votre charmant livre je gardais le silence. Hélas !

tout était noir autour de moi ; il n’y avait de sérénité et de clarté que dans mon esprit.

[…]

Aujourd’ hui je vais bien,

je lis, et je vous lis ; j’écris, et je vous écris. On voudrait bien être de votre bande du Jura. Quelle bonne compagnie !

[…]

Vous racontez, vous enseignez, vous méditez, vous charmez. Je n’ai pas toutes vos idées, vous le savez, Madame,

mais j’ai presque la vanité de croire que j’ai tous vos goûts, à commencer par votre livre.

[…]”

En post-scriptum, il dit n’avoir pas reçu sa lettre d’Espagne.

Or, en 1869, parut précisément

À travers les Espagne

:

Catalogne, Valence, Alicante, Murcie et Castille,

récit du

voyage de Mme de Gasparin. Victor Hugo remercie l’auteur de lui avoir adressé un exemplaire dans des termes

très émouvants.

Enfant, j’ai vu l’Espagne, j’étais avec ma mère, guide et lumière ; vieux, je la revois, et je suis avec vous, madame,

qui, par l’ âge, seriez ma fille, mais qui, par l’esprit, êtes aussi une lumière et un guide. Vous avez l’art profond et

charmant de mêler les deux voyages, le voyage dans le pays et le voyage dans l’idée ; vous faites penser en même temps

que vous faites voir. Je vous remercie des belles heures que m’a données votre livre excellent, tendre et fort, et je mets

à vos pieds mes respects.

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