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L’amitié qui le lie à Zulma est exigeante. Elle réclame bien plus que ces “
deux petites pages maigres”
qu’elle venait
de lui écrire “
en coquette
” :
“
car je vous avouerai qu’il y a pour moi de bien grands charmes dans votre conversation, dans tout ce qui émane de
votre pensée et de votre âme, si nativement grandes, et si largement exaltées – il me semble que j’entre dans la sphère
qui me plaît, et j’y marche avec une certaine émotion toute gracieuse – je m’y repose avec bonheur – aujourd’ hui,
plus que jamais je me refugie dans ces lieux élevés où il n’y a plus rien de physique et de rétréci. L’étude, le silence et
la pensée sont trois grandes sources de plaisirs et je commence à comprendre les chartreux – il fallait être bien puissant
pour aller à la Trappe – Ne croyez pas cependant que je pousse la misanthropie à ce point, avec un ou deux amis et
avec le sentiment que j’ai de la femme, on ne s’enferme pas ainsi...
”
Il n’y a guère de témoignage plus marqué de l’amitié qui liait Balzac et Zulma Carraud.
Zulma Carraud (1796-1889) avait rencontré Balzac pour la première fois à l’âge de 13 ans au collège de Vendôme,
en 1809. Mais ce n’est qu’après son mariage avec un polytechnicien, officier d’artillerie, en 1818, qu’elle noua
des relations amicales avec lui. Sa maison servit régulièrement de refuge à l’écrivain fuyant l’agitation de la
métropole et plusieurs de ses romans furent ainsi composés sous son toit. De conviction républicaine, elle
n’hésita pas à morigéner le légitimiste dans des lettres d’une franchise assez rude. Son jugement littéraire fut
également sans fard, notamment lorsqu’il s’agissait des romans de son confident dont elle fut une lectrice
attentive.
À la mort de Balzac, elle devait s'adonner elle-même à la littérature, dédiée à la jeunesse.
(Balzac,
Correspondance
I, Bibliothèque de la Pléiade, n° 31-1.)
10 000 / 15 000
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