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Fernand Lamy (1881-1966) compositeur et chef d’orchestre, directeur du festival Grieg :
«
J’ai déjeuné chez les Lamy lundi. Je suis passée ensuite embrasser Darius qui, de retour, m’avait
téléphoné, il était rayonnant et n’avait pas tellement mauvaise mine – très pâle mais moins
soufflé, vraiment beau et gentil. Le soir je suis allée (?) au concert de Frantz André
[1893-1975,
violoniste et chef d’orchestre belge] –
une indigestion de musique belge - et le concerto pour piano
d’Hindemith auquel je ne pige pas grand chose.
[…]
Une bonne nouvelle pour Lamy, son Platée
marche à Bruxelles. J’ai promis de m’y rendre à cette occasion.
[…]
j’ai emprunté 30.000 balles
à Lamy
». (Mercredi 13 janvier [19]48).
«
Hier au soir c’était Lohengrin ça bardait. J’ai mis du coton dans mes oreilles et me suis réfugiée
dans ma chambre – désespoir de Fernand
[Lamy]
qui n’aime pas être seul même pour écouter
Wagner à plein seaux
». (Sans date, « Jouy, 22 août »).
Léonide Massine et Igor Markevitch :
«
Igor travaille, il finit le ballet n° I. En fin de compte la musique qu’il a écrit pour le petit ballet
de Massine n’a pas été employée malgré l’enregistrement. Tout le monde l’a trouvée horrible et on
a supprimé ballet et musique. On en fera sans doute un disque. C’est une grande preuve de confiance
de la part d’Igor de m’avoir raconté la chose dans toute sa vérité et il faut garder le secret car il ne
présente pas les choses tout à fait ainsi aux « petits camarades » pour qu’ils n’aient pas à se réjouir
d’un échec et le proclamer partout.
[…]
Il ressort que Massine et Igor on travaillé sans s’inquiéter
le moins du monde de l’ensemble dans lequel devait s’insérer leur ballet et que vraiment ça ne collait
pas. Igor le reconnaît
. » (Petit Port, mardi 15 sept.
[1932]).
La Guerre :
«
Il est passé ici énormément d’infirmiers j’en ai interrogé quelques uns. En général ils sont
affirmatifs pour dire que tous les hôpitaux de Paris sont évacués, mais l’un d’eux dit d’un ton très
certain que le Val de Grâce avait été évacué samedi. Je n’ose plus croire les autres et mon angoisse
ne se dissipe pas. Nous n’avons ici qu’une très mauvaise radio a part les communiqués officiels
nous ne savons absolument rien de certain
[…].
Il y a Gide à Vichy qui se promène en lisant
les conversations de Goethe et d’Eckermann. C’est une vieille dame de ses amies que Rickel connait
par Janin qui a raconté cela
[…]
des bruits de capitulation circulaient et circulent encore.
[…]
Hier au soir sont arrivés dans un gros camion découverts et trempés de pluie Alfred, Magna
et Zizi – ils avaient réussis à aller la chercher à Joigny – qu’ils ont quitté presque avant l’arrivée
des Allemands. Cinq jours de route dans des conditions épouvantables
». (Cusset, Dimanche soir
17 juin et 18 juin
[1940]).
L’Amour :
«
Une autre fois, quand vous vous séparerez de moi pour courir le monde vous me ferez un plan
approximatif de votre voyage et je parsèmerai la région de petites lettres poste restante ce qui fait
qu’ à votre gré vous pourrez aller les chercher si le cœur vous en dit. Je vous aime aussi beaucoup
beaucoup, naturellement notre vie serait autrement agréable s’il n’y avait pas cette terrible raison
que j’ai de vous porter sur le système (pour parler grossièrement) mais j’espère toujours que vous
finirez pas vous arranger une petite vie de ce côté quoique ce ne soit guère facile trop attachés
l’un à l’autre pour pouvoir profiter vraiment de la liberté que nous nous accordons. Pour moi,
je suis presque une vieille dame et j’ai renoncé à tout.
[…]
J’ai ma sale gueule que je vois chaque
matin dans la glace et qui est un bon frein aux débordements de l’imagination
. » (Petit Port,
22 septembre [19]32).
Quelques lettres incomplètes ; rares déchirures.
3 000 / 4 000
€