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LEOPARDI, Giacomo.
Canti.
Firenze, Guglielmo Piatti, 1831.
Relié avec, du même auteur :
Operette morali.
Firenze, Guglielmo Piatti, 1834
.
2 ouvrages en un volume in-12 de 165 et 292 pp. : demi-veau brun, dos à faux nerfs finement
orné or et à froid, non rogné
(reliure légèrement postérieure).
Réunion de deux chefs-d'œuvre de la poésie et de la prose italiennes.
Édition originale des
Canti
.
Deuxième édition corrigée et augmentée des
Operette
. Elle renferme notamment le
Dialogo di un venditore
d'almanacchi e di un passeggere et le Dialogo di Tristano e di un amico
qui paraissent ici en édition originale.
Les vers des
Canti
et les
Operette morali
, suite de pièces en prose, forment le cœur de l'œuvre de
Giacomo Leopardi (1798-1837) et marquent les débuts de la littérature italienne moderne : un
prodige accompli par un jeune érudit atrabilaire et souffreteux, un lecteur infatigable, nourri de
classiques grecs et latins puisés dans la riche bibliothèque paternelle de Recanati, dans la province
de Naples.
Ces deux éditions sont précieuses car le texte en fut établi par l'auteur lui-même lors de son
troisième séjour florentin, avant son retour dans sa ville (ou prison) natale.
Les
Canti
offrent vingt-trois poèmes, quasiment tous des chefs-d'œuvre :
Ultimo canto di Saffo, La sera
del giorno festivo, Alla luna, La quiete dopo la tempesta, Il sabato del villaggio
, et surtout
L'infinito
, qui est à la
poésie italienne ce que
La mort du loup, Booz endormi
ou
Correspondances
sont à la poésie française.
Dans les
Operette morali
, suite de dialogues et pièces en prose, Leopardi exerce son pessimisme et
sa critique désenchantée en s’inspirant de Lucien de Samosate. Les
Operette
contiennent notamment
le
Dialogo di Federico Ruysch e delle sue mummie
, réflexion sur la mort se déroulant dans un cabinet de
curiosités et agrémentée d’un poème – un chœur de trépassés – qui est un des sommets de l'œuvre.
“En lisant ces textes, un autre auteur vient sans cesse à l’esprit : Pascal. Il existe une étrange affinité
entre ces deux écrivains conceptuellement étrangers l’un à l’autre (…). J’ai l’impression que
tous les deux avaient comme thème fondamental le désespoir – d’un côté l’effarant hiatus entre
‘concupiscence et grâce’, de l’autre les ‘illusions’ –, et même quelque chose de plus, quelque chose
d’absurde : l’impossibilité d’être désespérés tout en habitant le cœur du désespoir. Il y a une terrible
ironie dans cette condition, et tous deux furent des maîtres d’ironie” (Giorgio Manganelli).
Les deux ouvrages, publiés à Florence par Guglielmo Piatti dans le format de poche qui était alors
à la mode, sont soigneusement imprimés avec des petits types bodoniens très nets.
L'exemplaire, grand de marges, est plaisant en dépit du dos remonté.
Govi,
I classici che hanno fatto l'Italia
, nº 302, pour l'édition napolitaine de 1835 des
Canti
.
4 000 / 6 000 €