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POUCHKINE, Alexandre Serguéiévitch.

Boris Godounov

[en russe].

Saint-Pétersbourg, Imprimerie du département de l'éducation populaire, 1831.

In-8 de (3) ff., 142 pp., (1) f. blanc : veau glacé fauve, dos lisse orné, beau décor romantique doré et à

froid sur les plats combinant un filet et une roulette dorés, un triple encadrement de filets noirs avec

pastilles dorées dans les angles, une plaque centrale rectangulaire à froid et une frise d'encadrement,

également à froid, roulette à froid sur les coupes, tranches mouchetées

(reliure de l'époque).

Précieuse et rare édition originale.

Cette tragédie d'influence shakespearienne, en vers et en prose, a été écrite de novembre 1824 à

novembre 1825 pendant la résidence forcée de l'auteur à Mikhaïlovskoié, accusé d'athéisme.

L'écrivain a sans doute puisé son sujet – le règne de Boris Godounov de 1598 à 1605 – dans

L'Histoire

de l'État russe

de Nicolas Karamzine dont il reçut les volumes à Odessa en mars 1824. “Pour peindre

l'intérieur d'un souverain dont un crime inexpiable a fondé le pouvoir, Shakespeare offre à

Pouchkine le modèle de ses tragédies bien connues,

Richard III, Macbeth, Hamlet

:

Boris Godounov

s'inscrit

dans la lignée des grands réprouvés, de ceux qui ont osé forcer la barrière du sang, mais dont le règne

n'est plus désormais qu'un cauchemar” (Wladimir Troubetzkoy).

Gracié en 1826, Pouchkine donne des lectures publiques de sa pièce, qui rencontrent le succès.

Dénoncée par un agent de la police, la tragédie tombe dans les mains de Nicolas I

er

qui, influencé

par son informateur, la juge plus ratée que nocive et il invite son auteur à la récrire. Le refus de

Pouchkine compromet la publication, dont seules trois scènes verront le jour entre 1827 et 1830.

“Un an plus tard, ayant besoin d'argent à l'occasion de son mariage avec Nathalie Gontcharova,

Pouchkine demande l'autorisation de publier sa pièce, ce qui, de manière inattendue, lui est accordé.

Persuadé que sa ‘comédie’ est injouable, il l'adapte pour la lecture :

Boris Godounov

, dans sa version

publiée, relève de ce que l'on appelle ‘spectacle dans un fauteuil’ et ne sera de fait pas mis en scène du

vivant de son auteur” (Wladimir Troubetzkoy).

L'ouvrage ne rencontra aucun succès et il fallut attendre 1874 et l'adaptation de

Boris Godounov

à l'opéra

par Moussorgski pour que l'ouvrage obtienne, enfin, la reconnaissance.

Quant à la pièce, les représentations restèrent interdites longtemps après la mort du poète en 1837,

et ce n'est qu'en 1907 que l'on monta la première version intégrale, qui fut de nouveau interdite à

l'époque soviétique.

Exemplaire exceptionnel, grand de marges et conservé dans une superbe reliure décorée

strictement contemporaine.

Condition d'exception pour cette édition originale : les quelques exemplaires surgis au cours des

trente dernières années étaient tous en mauvais état. La reliure de cet exemplaire a vraisemblablement

été réalisée en Russie.

Quelques rousseurs ; déchirure restaurée page 99. Les coins ont été habilement repris.

Pouchkine,

Boris Godounov

, Garnier-Flammarion, p. 16 et suivantes : notes de Wladimir Troubetzkoy. - Binyon,

Pushkin. A Biography

, New

York, 2003, p. 228 et suivantes.- Houghton Library,

Pushkin and his Friends

, 1987, nº 42 et p. 50 : “A hundred and fifty years of reading,

research, and interpretation have still not exhausted the depths and implications of Pushkin's own favorite text.”

80 000 / 120 000 €