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GIONO (Jean).
Lettre adressée à Louis Brun.
Manosque, 8 juillet
[1932].
Lettre autographe signée “Jean Giono”, 4 pages in-folio.
Remarquable lettre d’un romancier courroucé à son éditeur
Louis Brun.
Directeur littéraire de Grasset, Brun entretenait des relations amicales
avec Giono. Ce dernier, lié à Grasset comme à la N.R.F., proteste
de ses bonnes intentions. Il rassure son interlocuteur :
Jean le Bleu
doit bien paraître chez Grasset. Puis il lui relate avec précision les
propos qu’il a tenus à l’alter ego de Brun aux éditions Gallimard,
Louis-Daniel Hirsch : règlement de ses droits, publications à venir,
etc. Conclusion : “Tu peux envisager la parution de
Jean le Bleu
dès le
20 novembre 1932.”
Puis, insistant sur le fait qu’il s’en tient à la lettre des contrats (“Je te
garantis que j’ai assez d’emmerdements dans la vie sans en chercher
d’autres auprès des éditeurs”), il lui annonce, après
Jean le Bleu
,
“un volume d’essais intitulé
L’Eau vive
qui comprend
Manosque des
Plateaux
,
Présentation de Pan, l’Eau vive
et le texte de ma conférence
d’Allemagne. [...] Je te donnerai au printemps prochain un volume
de Théâtre [et] la suite de
Jean le Bleu
; soit : “
Icare, le visage du mur,
l’ herbier d’algues.
”
Ayant protesté de sa fidélité, Jean Giono en profite pour demander que
ses livres fussent mieux traités :
“
Maintenant, mon vieux Brun, si vraiment tu veux me faire plaisir, il ne
suffira pas cette fois de me dire que ce que j’ai écrit est mon chef d’œuvre,
mais, avec cette habileté qui a rendu célèbre ta maison, fais sur moi un
effort de lancement et de publicité. Je ne me plains pas. Le public est venu
et vient de plus en plus et viendra de plus en plus car, malgré ma naïveté,
ma solitude et mon éloignement je sais ce que je vaux et je sais ce que je
peux produire. La source n’est pas prêt d’être tarie. Mais, il faut vous
rendre compte, (je ne parle pas de toi) vous Grasset et nrf réunis que ça
n’a pas été grâce à vous si le public a suivi, mais grâce à moi. Vous qui
avez réussi à vendre les conneries de Desbordes et de Marcel Aymé, il y
a ici quelqu’un qui reçoit un courrier de tous les méridiens. Depuis les
îles Maurice à l’extrême pointe du Dakota.
Ç
a a été fait sans vous. Tout
simplement parce que ça vaut peut-être quelque chose au point de vue
humain. Ça a été fait sans vous mais, vous rendez vous compte de ce qui
aurait pu être fait avec vous. Puisque tu soulignes l’intérêt, mon vieux,
je ressouligne
[sic]
.
Dans tout ce que je te dis là, vieux copain, il n’est pas question de toi.
L’affection, le dévouement dont tu parles je l’ai trouvée
[sic]
dans toi.
C’est pour toi que je suis chez Grasset. C’est pour toi qu’au moment où
je serai libre de contrat je ressignerai
[sic]
chez Grasset. Mais, je t’en
prie n’aie pas de doute sur moi. Réfléchis à ce que je te dis plus haut et si
vraiment tu me dis ton opinion sur mon livre, prouve le, montre le par
le lancement.
”
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