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les collections aristophil

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QUENEAU RAYMOND 1903 1976

Monsieur Ripois et la Némésis.

Manuscrit et tapuscrit corrigé.

Scénario et dialogues de Raymond Queneau,

réalisation de René Clément, 1954.

7 000 / 8 000 €

- Manuscrit autographe (début, scène complète, ébauches, reprises),

49 pages in-4.

- Tapuscrit complet très corrigé recouverts de béquets autographes

de Raymond Queneau, 141 pages in-4.

- Commentaire français (provisoire), 4 pages in-4 dactylographiées

abondamment corrigées par Raymond Queneau.

- 3 pages autographes de notes de Queneau. Corrections apportées

au texte et notes sur le personnage interprété par Valéry Hobson.

- Synopsis en français, 49 pages in-4 dactylographiées.

- Scénario dactylographié en anglais version provisoire, 119 pages.

- Scénario dactylographié en anglais version définitive, 123 pages.

Réalisé par René Clément et sorti en mai 1954, « Monsieur Ripois et

la Némésis » est le film dans lequel Queneau s’est le plus engagé.

Il était lié d’amitié avec René Clément qui venait de réaliser « Jeux

interdits » et avec lequel il avait en 1947 projeté d’adapter « Candide »

pour l’écran, projet qui n’aboutit pas.

Le scénario est l’adaptation du roman de Louis Hémon l’auteur de

« Maria Chapdelaine ». Le livre n’est sorti qu’en 1950, la famille de

l’auteur s’étant longtemps opposée à sa parution pour préserver

l’image de l’écrivain.

Le film raconte les aventures galantes d’André Ripois, un séducteur

assez cynique interprété par Gérard Philipe, vivant à Londres. Après

avoir séduit Anne son chef de service, il la quitte pour Norah, celle-ci

se montre trop possessive à son goût et le séducteur trouve refuge

auprès d’une prostituée avant d’épouser une jeune femme riche et

belle. Celle-ci prenant la mesure de son côté volage ne tarde pas à

vouloir se séparer de lui. Monsieur Ripois jette son dévolu sur l’une

de ses amies et pour la séduire, fait mine de pouvoir se suicider.

Mais il tombe malencontreusement par la fenêtre. Sa femme qui

croit qu’il a vraiment voulu mourir renonce au divorce et devient la

gardienne de son mari paralysé.

Le film reçut le Prix du Jury du Festival de Cannes en 1964 et fut ainsi

salué par le grand critique Georges Sadoul : « Une des meilleures

réussites de René Clément et un des plus parfaites compositions

de Gérard Philipe, incarnant un pitoyable Dom Juan « infirme du

cœur » ». Au risque de heurter le public, René Clément n’hésita pas

à utiliser l’acteur à contre-emploi. Le film vaut aussi par sa description

de Londres (certaines scènes furent tournées en caméra cachée) et

par les dialogues à l’humour cynique de Raymond Queneau.

Le présent manuscrit et le tapuscrit couvert de corrections autographes

témoignent du travail fourni par Queneau. Il commence par rédiger

le long monologue dite « en voix o » par Gérard Philippe, longue

confession amère et cynique… « Décidemment, l’humanité me

dégoûtait. Les hommes ne valaient pas cher, des loups pour les

loups, leur méchanceté m’accablait, me paraissait ignoble et mon

mépris d’abord me fit croire que j’étais supérieur à tous. »

Le tapuscrit constitue également un formidable document, dans la

marge de droite au regard de la description de l’action, l’écrivain a

collé des béquets manuscrits comportant tous les dialogues. Il a

également porté des corrections sur le contenu des scènes apportant

des modifications dans les gestes ou dans les expressions des acteurs.

Raymond Queneau s’est impliqué dans l’écriture de « Monsieur

Ripois », dans la composition même du film, avec son long monologue

très écrit. Le romancier a apporté son humour grinçant, son sens de

l’observation et sa conscience de l’absurdité de l’existence.

Ensemble exceptionnel de l’une des plus importantes contributions

de Queneau au cinéma.