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moments où je ne puis réaliser cette horrible

chose. Moi, qui ne vivais pas avec eux, il

me semble que je dois les revoir chaque

semaine. Et pourtant !... Je suis allée deux fois

faire ce triste pèlerinage d’Oradour, coquet

petit bourg sur les bords de la Glane ; il ne

reste pas une maison debout... Derrière les

murs calcinés, il semble que doit apparaître

à chaque instant un visage connu et aimé,

mais hélas, personne pour vous dire quelle

mort affreuse ils ont eue ! Le mystère de cet

effroyable drame reste encore entier. Rien

n’ose justifier le crime commis contre les

habitants de ce calme Oradour. On reste

confondu devant une telle monstruosité

où tous et toutes, depuis le bébé d’un jour

jusqu’au vieillard de 90 ans ont subi le même

sort ! »

On joint

3 documents relatifs à Mme Simone

Lefèvre : une attestation d’employeur en 1941,

une attestation de scolarité à l’école pratique

de Service social en 1942 et une demande

d’inscription aux restaurants communautaires

à Saint-Mandé en février 1943.

1404

PERGAUD Louis

(1882-1915) écrivain.

L.A.S. « Louis Pergaud », Verdun

22 mars 1915, à Lucien DESCAVES ;

1 page in-12, adresse au dos avec

cachets postaux.

800 / 1 000 €

Émouvante lettre du front, écrite quelques

jours avant sa mort

(dans la nuit du 7 au

8 avril).

Sous-lieutenant au 116

e

régiment d’infanterie

près de Verdun, il écrit à son « Maître et

ami » : « Je viens de vivre quelques journées

inoubliables. Le 19 on nous a lancés à l’assaut

de tranchées boches formidablement

retranchées sur lesquelles l’artillerie, malgré

une “bouzillade” furieuse, n’avait eu aucun

effet et j’ai vu tomber à mes côtés quantité

de braves dont le sacrifice héroïque méritait

mieux que ça. Au demeurant c’était une

opération stupide [...] mais il fallait sans doute

une 3

e

étoile au con sinistre qui commande la

division de marche et qui a nom Boucher de

Morlaincourt ». Le régiment a obéi, « se faisant

hacher par la mitrailleuse et les marmites.

Comment ai-je pu passer au travers ? Je

l’ignore ; mais je n’oublierai jamais ce champ

de bataille tragique, les morts, les blessés,

les mares de sang, les caillots de cervelle, les

plaintes, la nuit lugubrement noire illuminée

de fusées ennemies, et le 75 achevant nos

blessés suspendus entre les réseaux de fil de

fer qui nous séparent des lignes ennemies.

Ça va recommencer demain peut-être [...]

mais on ne passera que sur nos cadavres »...

1405

ROUGET DE LISLE Claude-Joseph

(1760-1836) officier et compositeur,

l’auteur de

la Marseillaise

.

L.A.S. « Rouget de Lisle », 14 juin [1827],

à Alexandre DUVAL ; 1 page in-8.

700 / 800 €

Recommandation de

La Femme, ou les

Six Amours

, d’Élise VOÏART

[ce recueil de

nouvelles fut primé par l’Académie française

en 1827, comme « utile aux mœurs » (Prix

Monthyon)].

« Madame Voyard, mon cher ami, ma charge

de vous transmettre ses

Six amours

. Cela

sera plus de la competence de nos dames

que de la vôtre. En tout état de cause il est

bon que directement ou indirectement vous

connaissiez un ouvrage que vous devez

juger. Je vous l’aurais porté moi-même ce

matin, si je n’étais malade comme une bête.

Depuis hier j’éprouve des symptômes bien

extraordinaires »…

1403