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les collections aristophil

66

1403

1402

NÉGRIER François-Oscar de

(1839-1913) général, il s’illustra en

Algérie et au Tonkin.

L.A.S. « Négrier », Manille 21 février

1912, à « Miss Lilia » ; 2 pages in-4,

en-tête

Metropole Hotel

avec vignette.

100 / 150 €

Amusante lettre

.

« Si pour augmenter votre fortune vous

comptez faire un coup de bourse sur les

faux chignons, ne jouez pas à la baisse.

Le cheveu va rester rare. Les Chinois ont

coupé leur queue mais ils ne les ont pas

vendues. Ils les gardent, prêts à les remettre,

si la chance vient à tourner. Rien n’est plus

amusant que de voir ce peuple, accoutré avec

leurs robes, et portant un feutre affreux : le

“Slouch” des cow-boys. Heureusement les

femmes ont gardé leurs jolies coiffures et

leurs robes brodées. Elles passent encore

dans leurs palanquins, portées comme des

idoles dans les processions »… Négrier est

venu à Manille, « berceau des typhons »,

pour une question de météorologie, et

retournera rapidement en Chine, car le pays

est rendu « odieux par les Américains. À

force de vouloir étonner le monde par leurs

procédés “bien Américains” ils tombent dans

le ridicule et le grotesque. Pour débarquer

ici, il faut signer un long interrogatoire. Êtes-

vous anarchiste ? Quoiqu’européen êtes vous

polygamiste ? », etc. Il revient sur la question

de la polygamie : « tous les hommes, sauf

les prêtres, la pratiquent et l’ont pratiquée de

tout temps. L’intervention du maire est une

formalité sans portée pour les hommes. Ils

ont inventé cette fumisterie, pour se donner

le droit d’avoir une femme pour eux seuls,

ce qui est d’un égoïsme féroce et d’une

injustice révoltante. Vive le féminisme, la

liberté de l’oreiller pour la femme, comme

pour l’homme, et le tour pour les enfants.

– Les gens Jaurès et C

o

pourront alors les

élever dans les vrais principes de la vraie

République ! »…

1403

ORADOUR-SUR-GLANE

.

MANUSCRIT autographe avec L.A.S.

d’envoie par Simone LEFÈVRE,

Limoges 3 juillet 1944 ; 4 pages in-4.

1 000 / 1 500 €

Rare et précieux témoignage d’époque sur

le massacre d’Oradour

.

Le manuscrit est intitulé «

Compte rendu des

événements qui se sont déroulés le samedi

10-6-44 à Oradour-sur-Glane

». Simone

Lefèvre, née en 1919, à l’époque assistante

sociale, travaillait à Limoges, et sa famille

habitait Oradour-sur-Glane. Le 10 juin 1944,

elle était restée à Limoges et échappa ainsi

au massacre. C’est ce massacre, perpétré

par une division S.S., qu’elle raconte. « Le

samedi 10-6 le gros bourg d’Oradour s/Glane,

à 21 km N.O. de Limoges a été le théâtre

d’une hallucinante tragédie ! Les Allemands

ont entièrement saccagé et incendié le

village, massacré tous les habitants dans

des conditions que l’imagination a peine

à concevoir. […] Il était 13 h 30 environ. Les

habitants vaquaient paisiblement à leurs

occupations habituelles. […] Soudain plusieurs

voitures blindées et camions allemands

transportant quelques centaines de S.S.

appartenant à la division “du Führer” font

irruption. […] Un officier se présente à la mairie

et intime au maire l’ordre de rassembler

toute la population sur le champ de Foire.

[…] Les hommes furent séparés. On leur fit

vider quatre granges de leur continu. […] De

leur côté, les femmes et les enfants furent

conduits dans l’église où se trouvent déjà un

certain nombre de garçons et de filles. […]

Alors commença l’horrible massacre. Sur un

ordre donné, les S.S. sans un mot se mirent

à tirer des rafales de mitraillettes dans les

granges. Où ils sont parqués, les hommes

s’abattent les uns sur les autres en hurlant.

Dans l’église, deux mitrailleuses braquées

près de l’entrée tirant sur les centaines de

femmes et d’enfants entassés dans l’étroite

enceinte. Le massacre achevé, les S.S.

commencèrent à mettre le feu au village.

Toutes les maisons, tous les bâtiments,

les uns après les autres, furent arrosés de

produits incendiaires, probablement du

phosphore, des grenades, des plaquettes

incendiaires y furent jetées partout. »

À la suite de ce témoignage, elle exprime,

sur la 4

e

page, sa détresse et son drame

personnel : « J’ai perdu tous les miens dans

l’affreux massacre d’Oradour-sur-Glane le

10 juin dernier — tous les miens : mon mari,

mes 2 enfants, ma mère. Ils sont morts dans

un supplice sans nom, morts brûlés vifs.

Quel affreux cauchemar ! Et je vis depuis ce

temps-là ! Et je suis survivante par miracle,

puisque c’était la 1

ère

fois, depuis que j’étais

à Limoges que je ne partais pas. Il y a des