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207

britannica - americana

des arrangements spéciaux entre Canada

et U.S.A. » ; et il cite « le cas de cet idiot de

Charles BOYER », qui s’est fait pincer de

la même façon, et en téléphonant à Mme

Roosevelt, a pu passer la frontière « dans des

conditions parfaitement illégales »…

Il a été pris de panique et s’est senti

désespéré : « Je ne pouvais pas ignorer que

ce retour en cinq jours était humainement

impossible (et quand quinze jours plus tard

Elisabeth m’a appris que les difficultés étaient

dues à ce que je faisais la même demande de

visa que celle que j’eusse fait de France, j’ai

souri dans ma barbe avec mélancolie. J’avais

tellement essayé, précisément, d’expliquer

ça ! Et de l’expliquer comme une trahison

(car si même mon visa eut été mille fois plus

en règle il eut été perdu. C’est la loi. Et la

demande d’un visa neuf exige légalement six

mois.) En contrepoids du drame qui pouvait

très bien engager ma vie j’avais pour toute

consolation : un reproche d’ingratitude envers

mon bienfaiteur Chapdelaine ; un reproche

de légèreté stupide ; un reproche d’interview

monstrueux ; un reproche d’injustice à votre

égard ; un reproche de manque de confiance

dans un retour immédiat ; l’assurance que

la légation du Canada refusait d’assumer

ses responsabilités d’État et se changeait en

“aimable recommandation” d’un fonctionnaire

de troisième classe ; et, pour clore le tout

et m’encourager, l’assurance que le State

Departement avait bien autre chose à faire

qu’à s’occuper de moi »… Etc.

Au verso du f. 7, Saint Exupéry a

dessiné

au

crayon noir une grande croix fichée en terre

accompagnée de la mention : « j’ai bien mal

quand même vois-tu ! ».

SAINT-EXUPÉRY ANTOINE DE

(1900-1944). French writer, journalist

and aviator.

Signed autograph letter, signed

« Antoine » (minute), [Canada, May

1942], to Curtice HITCHCOCK;

10 pages in-4 format, written on recto

of leaves in black ink, leaves mounted

on tabs and bound in a green half-

calf binding, smooth spine, gilt

vertical lettering on spine

(Montecot

S

r

Lavaux).

4 000 / 5 000 €

Rough draft of a very long letter by Saint-

Exupéry to his New York publisher Curtice

Hitchcock (1892-1946).

Saint-Exupéry travelled to Canada to hold

Détail du lot 169

several conferences at the request of the

publisher Bernard Valiquette. He could

not return to the United States because

of a problem of exit visa. However, Saint-

Exupéry had formulated remarks and

opinions that could be perceived as being

in favour of Pétain and it is believed that

he was denounced to the US authorities

by supporters of De Gaulle in Washington,

as traveling with a visa issued by the Vichy

regime. This episode, which deeply marked

Saint-Exupéry, remains one of the most

mysterious of his stay in America. The letter

to Hitchcock provides the circumstances of

his “forced stay” and his frustration with the

authorities, both Canadian and American.

On the verso of fol. 7, Saint-Exupéry has

drawn a large cross, planted in the earth

with the inscription: « j’ai bien mal quand

même vois-tu ! » [I am suffering nonetheless

as you can see].