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britannica - americana
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NEWTON ISAAC
(1642-1727).
MANUSCRIT autographe ; 2 pages et quart in-4, au verso
et en partie au recto d’une L.A.S. « C. Barton » de sa nièce
Catherine BARTON à lui adressée (1 page in-4) avec adresse,
et restes de cachet de cire rouge (quelques petites fentes) ;
en anglais.
20 000 / 25 000 €
Important témoignage des recherches théologiques de Newton sur
la Gnose et les Gnostiques.
Le manuscrit, écrit à même la lettre reçue de sa nièce, présente des
ratures et corrections, ainsi que de nombreux calculs : le mathématicien
et le théologien se trouvent ici réunis.
Catherine BARTON (1679-1739) écrit à son oncle à propos de
Mrs Kennedy, qui a baptisé son fils, et qui recherche une maison…
Newton propose ici une synthèse des principaux points de la doctrine
gnostique relatifs à la pluralité en Dieu. La Gnose est une doctrine
qui s’était développée dans les deux premiers siècles, sur la base
du christianisme mais sous l’influence de la philosophie grecque et
d’autres mouvements religieux hermétiques. Elle se fondait sur l’idée
d’une accession à la connaissance des mystères divins – menant au
salut – par une révélation intérieure réservée aux seuls initiés. Pour
établir ce résumé, Newton s’est appuyé essentiellement sur le
De
Salutari adventu Jesu Christi
d’ATHANASIUS ou Athanase d’Alexandrie
(295-373, grand adversaire de l’arianisme), dont il possédait les
Opera
[Harrison 95 et 96], et surtout sur l’
Adversus Valentini, & similium
Gnosticorum haereses
d’IRENÆUS ou Irénée de Lyon (seconde moitié
du II
e
siècle) [Harrison 839 ; Trinity College, Cambridge ; NQ.18.10],
réfutation de la Gnose et principale source sur celle-ci.
Le fils serait une partie du père agissant par la vie et la volonté du
père… Et Irénée rapporte que Cerinthus [auteur gnostique, vers l’an
100] et longtemps avant lui les Nicolaïtes (qu’il nomme une secte
des Gnostiques) disaient que le créateur du ciel et de la terre était
un, le père de notre Seigneur un autre et Jésus fils du charpentier un
troisième, et Christ qui descendait sur Jésus et restait impassible et
retournait à sa Pleroma [terme grec pour « Plénitude »] un quatrième,
et qu’en opposition à ces hérétiques Jean a écrit dans son Évangile
qu’il y a un Dieu omnipotent qui a fait toutes choses par son Verbe
qui était avec Lui dès le commencement, et ce Verbe s’est fait chair.
Mais selon ces hérétiques, le Verbe et Christ n’était pas incarné et
n’a pas souffert mais est descendu sous la forme d’une colombe sur
Jésus (à son baptême) et est retourné à sa Pleroma (à la passion),
et Jésus seul fut incarné et a souffert. La descente du Christ sur
Jésus sous la forme d’une colombe aurait eu lieu lors du baptême,
et son ascension hors de lui juste avant la passion lorsqu’il s’écrie :
Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ?... Ils disent que le Christ
a revêtu forme humaine. Certains (que Théodoret [première moitié
du Ve siècle, qui défendit l’hérétique Nestorius dans la querelle sur
la double nature du Christ] appelle Sethiens et Ophites, une branche
des Nicolaïtes) disent que le Christ a revêtu forme humaine avec sa
sœur Sophie, et que Jésus étant né d’une Vierge par l’opération de
Dieu était plus sage, plus saint et plus juste que tous les hommes,
et le Christ embrassé par Sophia est descendu sur lui et ainsi a
été fait Jésus Christ, et quand Christ est descendu sur lui, alors il
a commencé à faire des miracles et des guérisons, et à révéler le
père inconnu, et quand il a été conduit à Pilate, Christ avec Sophia
est parti de lui dans l’incorruptible Æon [Éternité en grec, dans la
Gnose néoplatonicienne une puissance spirituelle émanant d’un
principe suprême et rendant possible son action sur les choses],
et Jésus fut crucifié, et ressuscité par une vertu que Christ envoya d’en
haut, et à partir des opinions de ces hommes se forma un monstre à
plusieurs têtes issu de l’école de Valentin [gnostique grec du milieu
du IIe siècle], et certains dirent que Sophie devint Serpent… Etc.
Newton a également rempli de sa main une demi-page de calculs
algébriques et géométriques, et d’équations, dans le cadre de ses
recherches scientifiques personnelles, ou de ses travaux officiels à la
Monnaie royale (
Royal Mint
).
NEWTON ISAAC
(1642-1727).
Autograph MANUSCRIPT; 2 pages and a quarter, in-4
format, on the verso and partially on the recto of a signed
autograph letter, signed « C. Barton », Newton’s niece
Catherine BARTON, addressed to him (1 page in-4 format),
with address and remnants of a red wax seal (slitting to a
few folds); in English.
20 000 / 25 000 €
Important testimony on Newton’s theological studies on Gnosis
and the ancient Gnostics...
The manuscript is written directly on a letter received by Newton
from his niece Catherine BARTON (1679-1739): there are a number of
erasures and corrections, as well as calculations. In this manuscript,
one finds two facets of Newton: the theologian and the mathematician.
Catherine Barton writes to her uncle about a Mrs Kennedy who has
baptized her son and is looking for lodging.
Newton offers here a summary of the main points of Gnostic doctrine
concerning God’s plurality. Gnosis is a doctrine that developed in the
first two centuries, on the basis of Christianity but under the influence
of Greek philosophy and other hermetic religious movements. It
promoted access to the knowledge of the divine mysteries - leading
to salvation - through an inner revelation reserved for the initiated
alone. To establish his study, Newton relied mainly on the
De Salutari
adventu Jesu Christi
of ATHANASIUS (295-373, great opponent of
Arianism), of which he owned the
Opera
[Harrison 95 and 96], and
also especially on the
Adversus Valentini, & similium Gnosticorum
haereses
of IRENÆUS (second half of the second century) [Harrison
839; Trinity College, Cambridge; NQ.18.10], respectively a refutation
of Gnosis and the main source of Gnosticism.
The son would be a part of the father acting through the life and the
will of the father ... And Irenaeus reports that Cerinthus [Gnostic author,
around the year 100] and long before him the Nicolaitans (whom he
calls a sect of the Gnostics) said that the creator of heaven and earth
was one, the father of our Lord another and Jesus the carpenter’s son
a third, and Christ descended on Jesus and remained impassive and
returned to his Pleroma [Greek term for «Plenitude»] a fourth and that
in opposition to these heretics John wrote in his Gospel that there is
an omnipotent God who did all things through his Word who was with
him from the beginning, and this Word became flesh. But according
to these heretics, the Word and Christ was not incarnate and did not
suffer but descended in the form of a dove on Jesus (at his baptism)
and returned to his Pleroma (to passion), and Jesus alone was
incarnate and suffered. The descent of Christ on Jesus in the form of
a dove would have taken place during the Baptism, and his Ascension
out of him just before the Passion when he cries: “My God why did
you abandon me?” ... They say that Christ has put on human form.