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183

britannica - americana

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NAPOLÉON I

ER

(1769-1821).

MANUSCRIT autographe,

Notes diverses. Richesse des

nations…

, Valence juillet 1791 ; 13 pages in-fol. d’un cahier de

4 bifeuillets (trace de collage dans la marge de la 1ère page) ;

sous chemise de veau noir et boîte-étui de veau noir.

40 000 / 50 000 €

Précieux manuscrit de jeunesse de Bonaparte lecteur d’Adam

Smith, resté inédit.

Le manuscrit, à l’encre brune, a été préparé en traçant une marge

au crayon rouge. Napoléon a écrit en haut de la première page

« Cayer — », pensant probablement à une numérotation future. Dans

la marge, il a noté : « Notes diverses. Richesse des nations – Smith

traduit par Roucher. Tome 1

er

. Valence juillet 1791 ».

Il était alors en effet en garnison à Valence avec le 4e régiment

d’artillerie, du 16 juin au 31 août 1791.

Le livre d’Adam SMITH,

Recherches sur la nature et les causes de la

richesse des nations

, venait d’être traduit par Jean-Antoine ROUCHER

(Paris, Buisson, 1790).

Bonaparte s’est particulièrement attaché à cinq chapitres du Livre

premier : chapitre premier « De la division du travail », III « De la Division

du Travail, limitée par l’étendue du Marché », IV « De l’Origine et de

l’Usage de la Monnoie », V « Du prix réel et nominal des Marchandises,

ou de leur Valeur en travail et en argent », VIII « Du Salaire du Travail ».

Loin d’être de simples notes de lecture, ces notes sont une élaboration

personnelle de données qui ont frappé Bonaparte. Nous en citons

ci-dessous quelques exemples.

« Une épingle passe par 18 mains differentes cependant ces 18

manipulations sont quelquefois remplies par 10 hommes. Le travail

commun de ces 10 hommes est de 12

ll

par jours. Or la livre contient

4000 épingles. 40.000 épingles étoit donc le produit du travailles

des 10 hommes. Ce qui fait 4800 par homme cela paroit incroyable.

Un forgeron dont le metier est de faire des clou en fait 2300 par jour.

Au commencement des machines à feu l’on avoit continué à y placer

un enfant pour ouvrir la soupape, l’envi de s’amuser fit observer à

l’enfant qu’en liant la soupape à un certain endroit elle s’ouvroit seule.

Il faut d’Edimbourg à Londres six semaines pour qu’un chariot chargé

de 4 tonneaux de marchandises, attelé de 8 chevaux et conduit par

2 hommes retourne à Edimbourg, tandis que par mer dans le même

tems un vaisseau de 200 tonneaux monté par 7 ou 8 hommes va et

revient. Ainsi huit hommes font ce qu’il faudroit 50 chariots, conduits

par 100 hommes et tirés par 400 cheveaux.

L’argent a un prix réel et un prix nomminal [sic] ; celui-ci exprime

la quantité d’argent, et celui la la quantité des nécéssité et des

commodités de la vie, qu’on donne en retour. […]

C’est le besoin de mains d’euvre qui règle le prix du travail et non

pas le prix de la denrée.

Le prix du travaille augmente ou diminue la population parce qu’il

multiplie ou diminue le nombre des mariages annuelles. C’est pour

cela qu’en Amerique la population croit, qu’elle marche lentement

dans certains états d’Europe et qu’elle est stationnaire à la Chine.

L’ouvrage fait par des hommes libres doit enfin coûter moins que

l’ouvrage fait par des esclaves.

L’exemple de Boston, de New-York et de la Philadelphie le prouve.

Le travail des manufactures est plus considerable dans des tems

d’abondance que dans des années de disette »…

Citons encore les toutes dernières lignes :

« La police reglementaire de l’Europe produit une grande inégalité

dans le prix de l’emploie du tems et des fonds. Elle fait naître cette

inégalité par 3 moyens 1° en réduisant dans certaines corporations

le nombre des concurrents. 2° en se portant dans d’autres employes

audessus de ses bornes naturelles 3° en obstruant la libre circulation

des travaux et des fonds.

Le laboureur et le cultivateur est supérieur par l’intelligence à la classe

ordinaire des artisans. »

NAPOLÉON I

ER

(1769-1821).

Autograph MANUSCRIPT,

Notes diverses. Richesse

des nations

…, Valence, July 1791; 13 pages in-fol., quire

composed of 4 bifolia (traces of glue in the margin of the

first page); in a black calf folder, black calf box.

40 000 / 50 000 €

Precious manuscript by the young Bonaparte, avid reader of Adam

Smith. Unpublished.

Manuscript copied in brown ink, margin traced in red crayon. Napoleon

has written at the top of the first page « Cayer — », leaving a space

blank for a projected numbering. In the margin, he has inscribed:

« Notes diverses. Richesse des nations – Smith traduit par Roucher.

Tome 1

er

. Valence juillet 1791 ». Napoleon was indeed in garrison at

Valence with the 4th Artillery Regiment from 16 June to 31 August 1791.

Adam Smith’s

Recherches sur la nature et les causes de la richesse

des nations

had recently been translated by Jean-Antoine ROUCHER

(Paris, Buisson, 1790).

Bonaparte focused in particular on five chapters of Book I: chapter

one, « On the division of labour »; chapter III: « On the division of

labour, limited by the scope of the Market » ; IV « On the origine and

use of currency ; V « On the real and nominal price of merchandises,

or their value in time and money », VIII « On salaries tied to labour ».

The notes are not simply reader’s notes, they are personal reflections

elaborated by Bonaparte who reacts to Smith’s text and formulates

his own economic and theoretical positions.