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DURAND-RUEL PAUL (1831-1922).

28 L.A.S. «DurandRuel», mai-novembre

1884, à Claude MONET;

51 pages in-8 ou in-12

Très intéressante correspondance du

grand marchand de tableaux sur son sou-

tien à Monet malgré ses gros soucis

d’argent, et sur ses projets vers l’Amérique.

4 mai, plaintes contre Georges PETIT «qui ne

se conduit pas bien avec moi. Je n’ai jamais

mieux demandé que de m’entendre avec lui

[...] Malheureusement il est si peu sérieux que

je ne sais que penser de lui. Il est d’ailleurs

plus embarrassé que moi dans ses affaires.

Je ne me démonte pas; je ne vous abandon-

nerai pas. [...] J’ai converti ces jours-ci un

nouvel amateur, GADALA, l’agent de change

qui m’a pris un tableau de vous et un Sisley.

Je vais vendre demain un Pis- sarro à CLE-

MENCEAU. Cela vient peu à peu malgré la

colère et les jalousies des uns et des autres.

S’il n’y avait pas la question d’argent tout irait

pour le mieux»... * 15 mai. «Ne vous tourmen-

tez pas. Nous passerons tous cette crise, [...]

quand on a un but à poursuivre il ne faut ja-

mais se laisser abattre. [...] De votre côté

mettez-vous au travail avec ardeur; terminez

moi le plus vite possible les toiles que vous

avez rapportées. Laissez moi faire avec vos

tableaux. Je veux toujours maintenir les prix,

tout en faisant de temps en temps des conces-

sions à des amis ou à de nouveaux clients

pour les attirer, mais il faut que ce soit fait

presque en secret et comme faveur pour ne

pas nuire à la cote. [...] Aidez moi par votre

talent comme je ferai en sorte de vous aider

par toutes mes ressources». PISSARRO est

parti pour sa campagne d’Éragny. * 16 mai,

avec 300 F. «Regardez le chemin que vous

avez parcouru depuis 2 ans, les dettes sans

nombre que vous avez payées, le progrès

immense de l’opinion des amateurs à votre

égard, la situation incontestée que vous avez

maintenant. Tout cela est énorme et doit vous

faire supporter vaillamment un dernier moment

de gêne. [...] Je viens de voir RENOIR. Il ne

s’abat pas et il a raison. Envoyez moi en pre-

mier les 2 vues de Menton et beaucoup

d’autres si vous pouvez»... * 23 mai, avec 300

F. «Je viens de voir Mr HAVILAND qui est

bien désireux d’avoir son tableau. Plusieurs

autres personnes désirent aussi voir vos der-

nières oeuvres. Êtes-vous un peu remonté?

Il faut avoir plus de force de caractère pour

supporter les ennuis. Vous savez bien que

vous vous en tirerez toujours». Il va s’arranger

avec le créancier de la rue Cretet... * 31 mai,

avec 200 F, «le fond de la caisse. [...] Les

tableaux sont très beaux. Tâchez de me ter-

miner les autres le plus tôt possible et de vous

mettre également en quête de nouvelles re-

cherches. [...] Les affaires sont détestables

partout»... 20 juin, avec 200 F. Il revient de

Hollande. Il sait que Monet a vu Georges

PETIT: «Je le crois dans une situation épou-

vantable et bien plus dangereuse que la

mienne. Je lui ai vendu 4 de vos nouveaux

tableaux à peu près au prix coutant, toujours

pour tâcher de l’entraîner, mais il n’ose pas

afficher ses convictions à cause de sa situa-

tion. Il est obligé de suivre ceux qui lui

viennent en aide actuellement et qui sont

précisément nos ennemis les plus acharnés.

Je poursuis tou- jours mon idée de société

artistique»... * 26 juin, avec 100 F: «Vous

n’avez pas idée des efforts que je fais de tous

côtés pour sortir de cette situation et arriver

à vous aider tous d’une façon utile. [...] Hier

j’ai fait la conquête d’un nouvel amateur fort

riche qui s’est épris de vos tableaux. Il m’en

achètera mais je ne peux pas lui laisser voir

trop de gêne. Cela le refroidirait»... * 27 juin,

avec 100 F: «Tout le monde est atteint par la

crise»... * 28 juin, avec 100 F: «C’est lundi la

fin du mois et je ne sais encore à quel saint

me vouer pour la passer»... 1er juillet, longue

lettre pour rassurer Monet: «Je n’ai pas à vous

dire tout ce que j’ai enduré de tracas et de

pertes pour vous avoir défendu depuis bien

des années. [...] vous n’avez pas d’ami plus

dévoué et plus désintéressé. [...] tous les

efforts que je fais chaque jour profitent énor-

mément à votre réputation et assurent le suc-

cès». Il recommande à Monet de ne parler

de rien et de se méfier, notamment d’HAYEM

et de CLAPISSON qui «voudraient vous voir

dans la misère pour avoir tout pour rien. [...]

Surtout ne donnez pas un tableau à personne

et croyez que nul ne vous paierait ce que je

vous paie, sauf une fois par hasard pour me

contrecarrer»... * 3 juillet, avec 300 F: «Petit

à petit nous viendrons à bout de tout, mais

tenons nous bien et ne faites savoir à personne

nos ennuis. On les connaît déjà bien assez

[...] Je suis plus sûr que jamais du succès,

malgré les crises, malgré les déboires, malgré

les jaloux et les ennemis de toute sorte»... *

12 juillet, avec 100 F: «Je partage avec vous

ce qui me reste jusqu’à mardi. [...] l’essentiel

est de ne pas mourir de faim». * 16 juillet:

«vous ne pouvez vous figurer l’acharnement

que l’on met contre moi parce que je vous

défends vous et vos amis. C’est une résolution

bien arrêtée de nous tuer, mais il faut espérer

que tous ces brigands seront morts avant

nous. PETIT est un des plus canailles. Il me

fait une guerre de sauvage. Ce n’est du reste

qu’un imbécille et un vaniteux». Il va voir un

amateur «que je convertis et dont j’espère

beaucoup. Vous voyez que je lutte toujours»...

* 18 juillet: «Je suis éreinté par les soucis et

les préoccupations mais courage et nous

viendrons à bout de nos persécutions»... * 30

juillet, avec 300 F: «j’ai passé 3 heures avec

des capitalistes que je cherche à convaincre

et à entraîner. Je les mène rue de Rome et là

ils se repaissent de peinture. C’est là que je

peux obtenir le plus de résultat et je crois qu’il

y a un progrès marqué. [...] Travaillez et faites

de bons tableaux. Nous les vendrons et nous

aurons raison de nos ennemis»... 19 août: «je

suis absolument sans argent. Il me reste 2 fr.

ce soir»... * 28août: «Petit se conduit très mal

et me poursuit à outrance. [...] Je vous enver-

rai demain un peu d’argent à Étretat [...] Avez-

vous travaillé aux Petites Dalles et à Étretat?

Êtes-vous content de ce que vous y avez fait?

Je croyais que vous alliez rester plus long-

temps au bord de la mer»... * 29 août, avec

300 F: «C’est un vilain moment à passer»... 8

septembre, avec 300 F: «tâchez de faire de

bons tableaux et le moment du succès finira

par venir pour vous et pour moi»... * 25 sep-

tembre, avec 200 F, en espérant que la fin

des vacances marquera la fin du «marasme

inouï des affaires»... 3 octobre, avec 500 F:

«Je n’ai jamais proposé de tableaux de vous

à vil prix et je ne crois pas qu’il y en ait à

vendre nulle part. C’est donc un mensonge.

C’est un système de dénigrer tout pour tout

tuer et pour tout avoir ensuite pour rien. Quant

à PETIT, il garde ses tableaux, ne les montre

même pas, ce qui est fâcheux, mais ne les

offre pas du tout à vil prix. [...] Je suis en

pourparlers pour réorganiser mes galeries

de la rue Laffitte et remonter une affaire assez

importante. [...] Ne vous démontez pas. Tra-

vaillez avec calme, tâchez de faire des ta-

bleaux très soignés et très faits que nous

puissions faire voir comme preuve que vous

ne vous contentez pas d’esquisses, car c’est

toujours le reproche qui m’est adressé et c’est

ce qui empêche le mouvement en votre faveur

de se propager»... * 17 octobre, avec 300 F:

«Bon courage. Continuez à bien faire vos

études»... * 22 octobre, avec 300 F: «j’ai su

par HOSCHEDÉ que vous avez fait de très

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