proviennent d’un manuscrit inséré dans un
exemplaire de Virgile ayant appartenu au
poète. Enfin, le manuscrit comprend la
Vie
de Pétrarque
par Leonardo Bruni (1370-1444),
ouvrage qui contribua à propager la gloire
du poète.
illustration
f. 9, Laure couronne Pétrarque (Avignon en
arrière-plan?); au bas du Feuillet frontispiece,
un médaillon avec Apollon et Daphné;
f. 150v, Le Triomphe de l’Amour;
f.167, Le Triomphe de la Mort ;
f. 184v, Le Triomphe du Temps (de la Renomée);
f.187v, Le Triomphe de l’Eternité.
Les enluminures de ce manuscrit sont
l’œuvre de Giovanni Pietro Birago, appelé
aussi le « Maître des Heures Birago » d’après
le livre d’Heures qu’il réalisa pour un membre
de la famille Birago de Milan (vers 1470,
aujourd’hui dans la collection du Comites
Latentes (Genève) : voir J.J.G. Alexander
et A. de la Mare,
The Italian Manuscripts
in the Library of Major J.R. Abbey
, 1969,
pp.147-150) mais aussi « Maître des Heures
de Bonne de Savoie » d’après les célèbres
Heures Sforza (Londres, BL, Add.34294).
Birago naquit probablement à Milan vers 1450
et mourut vers 1513. Il fut actif à Brescia, Pavie
et Milan, où ses principales commandes
furent destinées aux cours princières. Parmi
celles-ci, on connaît un exemplaire de pré-
sent pour le duc Galeazzo Maria Sforza du
Opusculum de impedimentis matrimonii
de Girolamo Mangiarias de 1466 (Paris,
BnF, Ms. lat. 4586) et les Heures de Cecilia
Gonzaga (Morgan Library, Ms M.454) vers
1470. Il est surtout connu pour être l’auteur
des miniatures du livre d’Heures de Bona
Sforza (complété par le Hollandais Gerard
Horenbout), épouse du duc de Milan. Ce
chef-d’œuvre de la Renaissance, après avoir
connu une histoire mouvementée (une partie
du manuscrit fut volée à Birago), a appartenu
à Marguerite d’Autriche, tante de l’empereur
Charles Quint et se trouve aujourd’hui au
British Library. Dans une lettre de l’époque,
Birago estime sa valeur à 500 ducats, c’est-
à-dire environ cinq fois la valeur de la
Vierge
aux rochers
de Léonard de Vinci. En 2004,
une des pages enluminées par Birago fut
retrouvée et acquise par la British Library
pour 345 000 dollars.
La décoration du présent manuscrit de
Pétrarque est exécutée avec une grande
finesse et somptuosité. Birago y aborde les
grands thèmes classiques, en les rafraîchis-
sant et les renouvelant par son invention.
L’attention méticuleuse apportée aux illus-
trations du texte de Pétrarque va au-delà de
la parfaite maîtrise technique. A l’époque de
ce manuscrit, un cycle d’illustrations des
Triomphes
s’était développé, dont la diffusion
était bien plus grande que celle du texte
lui-même : les
Triomphes
étaient repré-
sentés sous forme de gravures, tapisseries,
statuettes, vitraux, peintures et ferronnerie.
L’iconographie de ces scènes, qui toutes
montraient une procession triomphale,
était relativement indépendante du texte de
Pétrarque. Tout en suivant ce schéma dans
les grandes lignes, les miniatures du présent
manuscrit ne peuvent être directement ratta-
chées à une série connue : elles témoignent
d’une grande originalité dans l’organisation
et le choix des éléments. Ainsi, parmi les
personnages qui escortent l’Amour figure
un Hercule nu, tandis que Samson et Dalila
voisinent avec Aristote et Phyllis comme
exemples de figures illustres vaincues par
l’amour. L’illustration de la page d’ouver-
ture témoigne d’une compréhension fine de
l’œuvre. On y voit Laure couronner le poète
de lauriers, l’arbre mythologique, ce qui
renvoie à son nom (la scène est évoquée au
sonnet 119), thème repris dans le médaillon
qui représente Daphné se métamorpho-
sant en laurier pour échapper à Apollon
(Pétrarque ayant identifié son amour et la
perte de l’objet aimé aux malheurs d’Apollon).
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53
origine(s)




