6.
Charles Stein (1840-1899), collectionneur
d’art médiéval et de la Renaissance, sa vente
Paris, 10 mai 1886, no. 124. Voir
Bulletin de la
librairie Damascène Morgand
, 1883-1886,
t. III, no 11462.
7.
Comte Albert Jacobé de Naurois (1833-
1904), bibliophile, sa vignette ex-libris contre-
collée sur le contreplat supérieur. De Naurois
a rassemblé une collection de manuscrits
enluminés et historiques dont certain furent
donnés à la BnF (Philippe de Commines,
Mémoires
, Paris, BnF, naf. 20960).
8.
Martin Breslauer,
Catalogue 109, Publi-
shed on the Occasion of the Ninetieth Anni-
versary of the Firm of Martin Breslauer
, New
York, 1988, no 9.
9. Collection Arcana. Vente Londres, Chris-
tie’s, 7 juillet 2010, lot 42.
Les
Héroïdes (Epistulae heroidum
) sont un
recueil latin de lettres fictives composées
par Ovide. Ce sont des lettres d’amour
fictives qui reprennent des éléments
mythiques, écrites, pour la plupart, par
des héroïnes mythologiques ou quasi-
légendaires, se plaignant de l’absence ou
de l’indifférence de l’être aimé.
La transmission française des
Héroïdes
s’est
effectuée à la fin du XV
e
siècle grâce à la
traduction d’Octovien de Saint-Gelais en
1497. Trois ans après sa présentation des
XXI Epistres d’Ovide
au roi Charles VIII sous
forme manuscrite, est sortie des presses de
Michel Le Noir la première édition connue de
l’œuvre (le 29 octobre 1500). Comme cette
période se caractérise par la coexistence
du manuscrit et de l’imprimé, il n’est pas
étonnant que
les XXI Epistres d’Ovide
aient
connu un succès considérable sous ces deux
formats, un succès qui peut être mesuré
au travers des quinze manuscrits et de la
quinzaine d’éditions de l’œuvre datant d’entre
1497 et 1530 qui nous sont parvenus.
Les
XXI Epistres d’Ovide
comprennent des
missives en vers écrites à la première per-
sonne par dix-huit femmes et trois hommes
mythologiques. Les femmes délaissées ou
veuves se lamentent de leur séparation des
hommes qu’elles aiment et leur adressent
des épîtres poignantes.
Parallèlement (ou antérieurement ?) il
s’est constitué, sous forme manuscrite et
imprimée (Paris, Trepperel-Le Noir, avant
1500), une version abrégée des
Héroïdes
,
avec seulement 5 épitres retenues. Les
femmes écrivant leurs épitres sont des
épouses ou des amantes délaissées, souvent
éplorées. Au sujet de ce manuscrit, Cynthia
Brown évoque : «
[…] an extraordinary book
about a series of unique women » (Brown,
2010, p. 564).
texte
f. 1, Page de titre (rajoutée), « Epistres d’Ovide
translatées en françois fesant mention des
cinq loyales amoureuses qui fesoient com-
plaintes et lamentations avec l’epitaffe de ma
dame de Balzac, l’arrest pour la dame sans
sy et l’appel des trois dames contre icelle
le tout en rimes »;
ff. 2-12, Héroïde no. 5, Lettre d’Œnone à
Pâris ;
Œnone
est la première femme de Pâris, à
qui elle prédit qu’il serait blessé au combat et
qu’elle seule pourrait le soigner. Pâris l’aban-
donne cependant pour épouser Hélène. Plus
tard, lorsqu’il est blessé pendant la guerre de
Troie, il lui demande de l’aider, mais Œnone
refuse (ou bien arrive trop tard pour le soi-
gner selon les versions). Prise de remords,
elle se suicide en se poignardant.
ff.13-20v, Héroïde no 10, Lettre d’Ariane à
Thésée;
Ariane
est la fille du roi de Crète Minos (fils
de Zeus et d’Europe) et de Pasiphaé (fille
d’Hélios, dieu du soleil). Séduite par Thésée,
elle aide celui-ci à s’échapper du Labyrinthe.
C’est en effet le secours qu’elle apporte à
Thésée qui permet à ce dernier d’obtenir la
victoire sur le Minotaure : contre la promesse
de l’épouser, elle lui fournit un fil qu’il dévide
derrière lui afin de retrouver son chemin.
Mais, après avoir tué le Minotaure, le héros
l’abandonne sur l’île de Naxos.
ff. 21-31v, Héroïde no 7, Lettre de Didon à
Enée;
Didon
est une princesse phénicienne, fon-
datrice légendaire et première reine de Car-
thage. Enée fait escale sur une côte d’Afrique,
dans la région de l’actuelle Tunis, où il est
accueilli par la reine de Carthage, Didon.
Une grande passion naît alors entre eux
mais elle est interrompue par les dieux de
l’Olympe qui rappellent au héros troyen sa
destinée. Lorsqu’Énée quitte Carthage, Didon,
incapable de supporter cet abandon, préfère
se donner la mort avec une épée qu’Énée
lui avait laissée.
ff. 32-39, Héroïde no 2, Lettre de Phyllis à
Démophon ;
Phyllis
est l’héroïne d’une histoire d’amour,
dont le héros est tantôt Acamas, tantôt son
frère Démophon, tous deux fils de Thésée.
Phyllis donna à son amant une cassette :
l’amant ne revint jamais et pour s’en assurer,
elle descendit neuf fois au port, lieu nommé
«Les Neuf Routes». Elle se pendit de chagrin.
L’amant, marié, ouvrit ce jour-là la cassette
d’où sortit un spectre qui effraya son cheval,
le désarçonnant, et il se tua, transpercé par
son épée.
ff. 40-49, Héroïde no 6, Lettre de Hypsipyle
à Jason ;
Hypsipyle
est la reine de l’île de Lemnos.
Les femmes de Lemnos s’unissent aux Argo-
nautes, et Hypsipyle s’unit à leur chef, Jason.
Quelque temps après, Jason et les Argo-
nautes repartent pour poursuivre leur voyage.
ff. 49v-52v, Anonyme [Octavien de Saint-Ge-
lais (?)], rubrique,
Sensuit l’epytaffe de feue
ma dame de Balsac
; incipit, « Apres minuyt
a l’eure que tout homme / Prent volentiers
son naturel repos (…) » ;
ff. 52v-54, Anonyme, rubrique,
L’arrest de la
louenge de la dame sans sy
; incipit, « Puis
que les dieux par leur co[n]se[n]tem[en]t / On
tint conseil d’ung commun sentement (…) » ;
ff. 54v-58, Anonyme, rubrique,
L’appel int[er]
iecté par telles nommés dedans. Contre
la dame sans sy ;
incipit, « Apres l’arrest
et sentence donnée / Au seul prouffit de la
dame sans sy (…) » ; dernière rubrique,
Cy
finist l’appel des troys dames contre la belle
dame sans sy.
Les trois poèmes qui terminent le recueil
ont certainement pour origine la cour royale
d’Anne de Bretagne sans que le manuscrit
ait été nécessairement réalisé pour la reine :
dans l’
Appel
, le poète rend visite à la reine,
comme on le voit au f. 55, quand trois de ses
dames d’honneur font « appel » du « décret »
contenu dans l’
Arrest
d’une femme idéalisée
à laquelle le poète donne le nom de « Dame
sans Sy », c’est-à-dire « sans égale ». Ces
trois poèmes – anonymes pour l’heure – ont
été édités par C. Brown (2010, Appendix
I, pp. 565 et sqq.). L’association des cinq
épitres ovidiennes traduites par Octavien de
Saint-Gelais et ces trois poèmes se retrouve
dans deux manuscrits (le présent manuscrit
(ex-Breslauer/Arcana) et dans BnF, Vélins 2231
les collections aristophil
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