(ff. 59-62 manuscrits, ed. Olivier de la Marche,
Le chevalier délibéré
)
et une impression (
Recueil des épistres d’Ovide
…, Paris, Trepperel-Le
Noir, s.d. [avant 1500] [Paris, BnF, Res. P. Yc. 1567]). Cette impression
contient un prologue, absent du manuscrit. C. Brown considère que
l’auteur des trois pièces est sans doute Octavien de Saint-Gelais :
« With Saint-Gelais’ authorship of the anthology prologue, found
only in a printed edition of the collection, and the five
heroides
all
but confirmed, it appears increasingly likely that he also authored the
three French verse narratives… » (Brown, 2010, p. 563).
A l’origine de la première pièce, il y a Marie de Montberon, inten-
dante de la reine. Elle avait épousé Geoffroi de Balsac, seigneur
de Montmorillon en 1492 et mourut peu après : c’est sa mort qui
est pleurée dans le premier poème (
Epytaffe de feue ma dame de
Balsac).
La seconde pièce (
Arrest
) voit le triomphe de la « Dame sans
sy » déclarée femme belle sans égale par un jury d’hommes. La troi-
sième pièce (
Appel
) concerne trois suivantes d’Anne de Bretagne et
leur remise en question du jugement de l’
Arrest
. La première dame,
« Montsoreau », est Jeanne Chabot, dame de Montsoreau. Née avant
1429, elle avait servi la reine de Louis IX et en 1492 était l’une des
doyennes des dames d’honneur de la reine. En 1498, elle fut rejointe
par sa fille Jeanne de Chambes-Montsoreau, dame de Beaumont.
La seconde, « Mombron », est Blanche de Montberon. La troisième
dame d’honneur, « Tallaru », est Françoise de Talaru, demoiselle
d’honneur de la reine en 1492, qui épousa Hugues de Montbardon,
seigneur de Villeneuve (cf. Le Roux de Lincy,
Vie de la reine Anne
de Bretagne,
1860-1861. C. Brown (2010), p. 547). Les trois femmes
contestent l’Arrest rendu par les dieux (« sentence trop criminelle »)
perçu comme un affront à toutes les autres femmes, faisant de la
« Dame sans sy » une femme dont la beauté est inégalée. C. Brown
(2010) replace ces deux poèmes dans le contexte des débats (hou-
leux ?) sur les vertus féminines tenus à la Cour d’Anne de Bretagne
qui opposaient hommes et femmes. C. Brown : “The three French
poems, the
Epitaphe, Arret
and
Appel,
confer a distinct and unique
character on Ovid’s five
Heroides
by associating them with the eulogy
to the deceased Madame de Balsac, a male judgment glorifying the
Dame sans sy,
and a legal challenge of this decision on the part of
three court ladies” (Brown, 2010, p. 560).
ff. 58v-59, feuillets blancs de parchemin réglés.
illustration
Ce manuscrit contient huit grandes compositions enluminées, intro-
duisant les cinq traductions des
Héroïdes
d’Ovide et les trois poèmes
rajoutés en fin de volume. Les huit miniatures de ce manuscrit –
imposantes et enlevées – sont attribuables au Maître de la Chronique
scandaleuse : « C’est sans doute pour la reine qu’il [le Maître de
la Chronique scandaleuse] peint vers 1493 un étrange et luxueux
manuscrit des premières Héroïdes d’Ovide, suivies de trois ballades
sur le trépas de la « Dame sans sy » - Marie de Montberon, femme
de Geoffroy de Balsac, la plus belle dame de la cour, porte en 1492
– illustrées de portraits de la dame, du roi et de la reine… » (Avril et
Reynouard, 276). Plus récemment Caroline Zöhl propose de voir la
main de l’atelier de Jean Pichore dans certaines scènes secondaires
peintes en marge des grandes miniatures (Zöhl, 2004).
Actif à Paris vers le début de la décennie 1490 et 1510
, le Maître de
la Chronique scandaleuse propose
une palette vive et utilise l’or
avec prodigalité pour souligner le volume des étoffes ; il peint des
visages dont les pommettes sont fortement rehaussés de rouge. Le
Maître de la Chronique scandaleuse
tient son nom de son travail
pour le manuscrit de Jean de Roye, une chronique parisienne du
temps de Louis XI, dont la copie fut achevée en 1502 pour le comte
de Dammartin. Il travailla aussi pour le cardinal Georges d’Amboise,
pour Marguerite d’Autriche, pour la duchesse de Lorraine Philippe
de Gueldres et, enfin, pour le libraire parisien Antoine Vérard, pour
lequel il a peint de nombreux incunables destinés au roi Charles VIII.
On lui doit encore l’illustration du célèbre manuscrit d’André de
La Vigne,
Le Couronnement d’Anne de Bretagne
, destiné au roi et à
son épouse et conservé à Waddesdon Manor (MS 22). Sur
le Maître
de la Chronique scandaleuse, voir Avril et Reynaud, 1993, pp. 274-277 ;
Exposition
France 1500
, no. 105).
miniatures
f. 2, Œnone abandonnée par Pâris, rédige son épître, au loin la nef
emportant Pâris; dans l’encadrement, des scènes de l’enfance de
Pâris et de la vie commune d’Œnone et Pâris.
f. 13, Ariane sur l’île de Naxos, abandonnée par Thésée au loin dans
sa nef ; la scène dans le bandeau inférieur figure Thésée avec son
épée dégainée devant le labyrinthe circulaire, une représentation du
minotaure, Ariane remettant un écheveau de fil.
f. 21, Didon pleure le départ d’Enée, dont le portrait est suspendu au
mur ; au loin la nef s’éloigne de Carthage ; dans le bandeau inférieur,
Didon se donne la mort par l’épée laissée par Enée.
f. 32, Phyllis écrit son épître à Démophon, sa nef au loin. Deux sui-
vantes sont placées derrière elle ; dans le bandeau inférieur, Phyllis
se donne la mort par pendaison.
f. 40, Adieux de Jason à Hypsipyle, sa nef préparée pour son départ :
Jason place sa main sur le ventre d’Hypsipyle, enceinte ; dans le
bandeau inférieur, plusieurs scènes liées à Jason (on figure la toison
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